Dans cet article, je compte faire le tour de sujets abordés par le PROS dans son livre Solutions, et qui concernent les femmes. Je ferai alors une analyse des solutions que propose Ousmane Sonko pour un Sénégal plus égalitaire.
Les femmes constituent la couche la plus vulnérable des sociétés humaines. Le 5 mars 2023, à l’ouverture des deux semaines de débats de la Commission de la condition de la femme à New York, Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations unies déclarait qu’il faudrait encore plus de trois siècles pour éradiquer les inégalités de genres dans le monde. Force est de constater que les inégalités hommes-femmes se creusent davantage à l’échelle planétaire, lorsque survient une catastrophe humaine (guerres, conflits armés) ou encore naturelle (séisme, pandémie).
Quand vient le temps d’élire un nouveau président de la République au Sénégal, le pays tout entier se prononce sur les choses qui ne vont pas bien. On trouve, entre autres, des plaintes sur l’économie, le chômage des jeunes, les problèmes dans les hôpitaux, les migrations clandestines, etc. Mais très peu de personnes s’intéressent aux droits des femmes, et à leur évolution. D’ailleurs, il suffit de jeter un coup d’œil à la photo du Conseil des ministres de l’actuel gouvernement du Sénégal pour se rendre compte que les femmes sont sous-représentées (seulement 25%), contre 49% (19 femmes ministres sur 39) au Canada. Mais la réalité est bien pire en ce qui a trait aux réalités socioculturelles et intrafamiliales. Les violences faites aux femmes et aux filles sont une réalité bien perverse au Sénégal. On la retrouve dans toutes les sphères de la vie quotidienne des femmes. Elles sont d’ordre physique, mais aussi économique et psychique.
Depuis la petite enfance, les filles sont privées d’école pour aider à la maison. Si elles sont scolarisées, elles sont plus à risque d’abandonner à cause d’un mariage précoce ou d’une grossesse. Les filles au village sont les plus vulnérables sur ce plan. La pauvreté des parents les pousse à abandonner l’école avant leur seizième année. Selon le rapport de l’Unicef de 2016, près de 14 % des filles âgées de moins de quinze ans subissent encore l’excision et 31,5 % des femmes ont été mariées avant leur dix-huitième anniversaire.
Quand elles réussissent à poursuivre leurs études jusqu’à l’université, elles ont quand même moins de chance sur le marché du travail. Elles se butent au sexisme et au patriarcat endémique de la société sénégalaise. Leurs compétences ne sont guère mieux ciblées que leurs charmes pour l’octroi d’un emploi. Elles doivent se soumettre au diktat des hommes qui occupent les fonctions les plus honorables dans la quasi-totalité des entreprises dans lesquelles elles convoitent un poste. Et c’est en ce moment-là que l’écart se creuse davantage entre leurs possibilités d’autonomie et celles de leurs concitoyens masculins. Mais pas seulement. Dans le ménage, l’autorité du mari et de la belle-famille, les responsabilités familiales très genrées au Sénégal pèsent lourdement sur leur carrière.
Sur la sphère politique, on peut également noter les disparités qui existent entre les hommes sénégalais et les femmes sénégalaises, notamment une certaine invisibilité de celles-ci. Il suffit de voir les invités des plateaux télé les vendredis soir pour s’en apercevoir. La plupart du temps , elles ne figurent sur aucun débat télévisé. Et pourtant, dans l’ombre des partis politiques sénégalais, il y a des femmes. Elles sont certes sous représentées – à cause entre autres du poids des responsabilités familiales et de l’autorité maritale citées plus haut – mais il y en a des brillantes. Des femmes engagées qui s’affairent lorsque vient le temps de collecter des signatures pour les parrainages, ou encore d’accompagner les élus de leurs partis. La Loi Wade N°2010-11 sur la parité n’a pas bien résolu les problèmes des inégalités en politique. Les femmes les mieux instruites et compétentes ne sont pas toujours celles qui figurent sur les listes électorales. Elles cèdent souvent la parole aux plus loquaces à l’hémicycle de la Place Soweto. Elles y sont aussi utilisées pour de petites guéguerres politiciennes, à l’occasion, ou n’y sont que parce qu’elles font un mauvais buzz sur les réseaux sociaux. L’on se souvient facilement de la guerre des chaises et des coups de poing entre élus, tout récemment.
Sur le plan religieux, les femmes doivent se contenter de jouir de droits primaires datant du 7e siècle, surtout en ce qui a trait à l’héritage. Sans aucune étude coranique sérieuse, certains se prévalent de droits islamiques dont ils ne connaissent même pas les fondements.
Que propose le Président Ousmane Sonko pour les femmes et leurs droits dans Solutions (2018)
Au chapitre X qui s’intitule « Protéger les Sénégalais et réduire les inégalités », le PROS souligne l’urgence d’agir pour contrer la pauvreté des femmes sénégalaises, qui sont deux fois plus touchées par le chômage (40% contre 18% chez les hommes) « du fait des inégalités de chance ». Il propose des mesures inclusives visant notamment à maintenir les filles à l’école, principalement dans les zones rurales, ainsi que le droit d’accès des femmes à la propriété foncière. Sonko, O, (2018) Solutions, p.180. Le PROS tient bien au maintien des enfants à l’école, avec sa proposition « de légiférer pour la scolarisation intégrale et la définition d’un seuil minimal » de fréquentation scolaire obligatoire. Par ce même biais, il compte réduire le décrochage scolaire des filles. Sonko, O, (2018) Solutions, chap. Égaliser les chances par l’éducation. p.168.
Le PROS exprime sa sensibilité quant aux précarités financière et sociale que vivent les travailleurs et travailleuses domestiques. Ce secteur qui comprend le ménage, la garde d’enfant, le linge, etc. emploie pour la plupart des femmes. Il compte remédier à ces précarités en améliorant leur rémunération et par l’encadrement de leurs conditions de travail journalier, pour leur garantir une meilleure protection sociale. Sonko, O, (2018) Solutions, Solidarité et protection sociale, p.176.
Le Pr Ousmane Sonko a démontré par moult occasions sa volonté d’aider les femmes sénégalaises à atteindre l’autonomie financière. L’on se souviendra de l’aide qu’il octroyait aux femmes transformatrices de la Casamance, quand il était député. En parcourant le livre Solutions, j’ai pu constater son désir d’aider à atteindre le pouvoir d’agir qui leur fait défaut, depuis 1960. Elles sont certes actives économiquement, mais le manque d’éducation ou encore l’absence d’autonomie effective les freinent dans l’exploitation de leur plein potentiel économique. Et c’est dans les paramètres socioculturels et politiques qu’il faudra corriger le tir pour leur permettre un devenir meilleur, dans le Sénégal nouveau dont toutes et tous rêvent.
Il y a encore tout à faire pour réduire les inégalités hommes-femmes au Sénégal. La liste des problématiques entourant les femmes est longue. Rien que la révision du Code de la famille, pourrait et devrait faire l’objet de débats à l’Assemblée nationale. Les questions sur l’encadrement de la polygamie – car oui, cette pratique est bel et bien balisée par le texte coranique- , l’abandon du domicile familial par le mari, ou encore l’avortement médicalisé en cas de viol ou d’inceste, devraient y être abordées, et sujettes à des projets de loi infaillibles.
Il est alors temps pour les Sénégalaises de questionner les futurs dirigeants sur les programmes les concernant, et sur les avancées en droits qu’elles ambitionnent dans le nouveau Sénégal en téléchargement.
Alors, ma chère petite sœur, arrête donc de me souhaiter bonne fête les 8 mars de chaque année, parce que la femme sénégalaise n’a encore rien à fêter !