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Les MystÈres D’un ProcÈs En Fast Track

Ceux qui doutaient encore de la nature réelle du procès en diffamation intenté par le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang à l’opposant Ousmane Sonko, président du parti Pastef-Les patriotes, ont eu la réponse de la part de quelqu’un dont ils n’attendaient absolument rien en principe, Me Pierre-Olivier Sur, du barreau de Paris, dont la constitution a été faite de façon discrète, lui l’ancien avocat de Karim Wade lors de la « traque des biens mal acquis. »

 

Sa volonté express de délivrer très vite un message après le verdict du tribunal – 2 mois avec sursis et 200 millions de francs CFA de dommages et intérêts contre Ousmane Sonko – étonne. Elle semblait relever d’un désir de « conditionner » l’opinion publique en vantant la portée stratégique de la décision du tribunal pour le Sénégal. L’avocat français de Mame Mbaye Niang voulait-il neutraliser au plus vite le potentiel de violence qui dormait à peine dans la ville et qui n’attendait peut-être qu’un signal de la salle d’audience pour exploser ? Parlait-il pour le compte d’un pouvoir auquel le rapport de force politique n’est plus forcément favorable non seulement au regard des derniers résultats électoraux et de la capacité de nuisance des militants de l’opposition face aux forces de défense et de sécurité ? 

 

« Le juge a été mesuré à tel point qu’il ne le (Ousmane Sonko, ndlr) prive pas de ses droits civiques, politiques et de rester dans le débat politique. C’est-à-dire que les juges n’ont pas rendu une décision politique. Ils ont rendu une décision judiciaire. »

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Depuis plusieurs semaines, les militants et responsables du parti Pastef-Les patriotes et de la coalition Yewwi askan wi (Yaw) étaient inquiets d’une condamnation qui aurait privé leur chef d’une participation à la présidentielle du 25 février 2024. L’inquiétude régnait aussi chez des organisations de la société civile sénégalaise et étrangère peu désireuses de voir la politique se transformer en sélectionneur de candidats à cette élection majeure pour le Sénégal. La crainte était que l’élimination de Sonko fasse le lit d’un nouveau désordre sanglant entre militants et forces de défense de sécurité, étant donné qu’il serait eu probable que Pastef et Yaw ne réagissent pas à ce scénario catastrophe qui semble pour le moment écarté.

 

« Quel est le rôle du juge? C’est d’apaiser les choses…Et si la décision avait été trop lourde, eh bien c’était la ville qui s’enflammait et le pays peut-être aussi. Et le débat politique qui risquait de prendre un virage nouveau », assure Me Pierre Olivier Sur au micro de plusieurs journalistes aux abords du tribunal.

 

Les autorités sénégalaises ont-elles subi des pressions locales (marabouts, entreprises, etc.) et extérieures (France, Etats-Unis, organisations internationales) pour que ce procès ne consacre pas in fine l’exclusion d’Ousmane Sonko de la présidentielle de l’année prochaine ? Les organisations de la société civile

 

Aux yeux des partenaires économiques et financiers du Sénégal, à dix mois de cette échéance électorale, le risque serait d’installer le pays dans un cycle d’instabilités chroniques et dangereuses dont l’issue ne serait pas forcément maîtrisable. La journée morte d’aujourd’hui, celles du 16 mars dernier, de juin 2022 et de mars 2021 ont démontré le poids nuisant des manifestations politiques (trop souvent interdites) sur le tissu économique local et leur impact sur l’image du pays dans le monde. Le pouvoir sénégalais aurait-il prêté une oreille attentive à toutes ces inquiétudes ?

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« Aujourd’hui, les juges ont respecté la continuité et la liberté du droit de chacun de s’exprimer mais ils ont mis les limites de l’outrage, de la diffamation, les limites seraient une autre fois l’injure. Les limites ont été posées », constate l’avocat français.

 

Pour ceux qui ont suivi le déroulement des joutes – même de loin – il semblait peser sur le juge Yakham Keïta l’impératif de boucler l’affaire coûte que coûte, quitte à bafouer de manière si « grotesque et cavalière » les « droits élémentaires de la défense ». La politique serait-elle passée par là ? Selon des confidences de proches de la mouvance présidentielle, le président Macky Sall aurait fait part de sa volonté de voir tourner la page de ce dossier qui empoisonne l’espace politique et le champ social depuis le mois de janvier dernier. Avec la « manifestation pacifique » annoncée par Yewwi Askan Wi le 3 avril sur l’étendue du territoire national et le défilé du lendemain 4 avril, jour de célébration de l’indépendance, le chemin le plus court pour sortir du face à face mortel entre les deux camps antagonistes était-il dans ce verdict dit d’apaisement ?

 

En sus, on peut également s’interroger sur l’écart important entre la peine requise par le parquet (2 ans dont 1 ferme) et la note finale du juge (2 mois avec sursis et 200 millions FCFA de dommages et intérêts). S‘agissait-il pour le tribunal de contredire le parquet pour montrer à l’opinion que l’instrumentalisation alléguée de la magistrature par le pouvoir exécutif ne serait qu’une vue de l’esprit ? Le juge et ses assesseurs ont-ils sincèrement désavoué le procureur ?

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Si le parquet ne fait pas appel, son silence serait interprété comme une volonté de l’Exécutif de favoriser un retour au calme dans l’espace politique. Mais rien ne semble définitivement acquis pour Ousmane Sonko, d’autant plus que Mame Mbaye Niang et ses avocats animent ce vendredi une conférence de presse… Y a-t-il eu un jeu de rôles le 30 mars 2023 entre le parquet, la partie civile et le juge ?

 

Optimiste, Me Pierre-Olivier Sur dit « bravo à la justice, bravo à la démocratie et bravo au débat politique de pouvoir continuer avec des limites grâce à la justice. »

 

Les Sénégalais attendent de voir de visu la suite et la fin qui seront données à ce dossier.







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