Le Sénégal à l’épreuve de la loi des rendements humanitaires décroissants ou quand le droit marche sur la tête.
Sa vocation pionnière dans le domaine des droits de l’homme, des libertés publiques et des droits fondamentaux a collé à notre Sénégal l’image d’un pays au passé respectable et respecté.
Hélas, ce pays n’a pas tardé, chemin faisant, à se transformer à pas de velours, sans crier gare, insidieusement, en pays du passif dans ces domaines dans lesquels nul, en Afrique et dans le tiers-monde, n’imaginait lui discuter peu ou prou un début de leadership.
Ce passif humanitaire renvoie paradoxalement à l’inventeur de la loi des rendements décroissants, le brillant économiste britannique David Ricardo, dont le postulat de base, fort simple, partait de la nécessité, lorsque la population augmente, de mettre en culture de nouvelles terres pour la nourrir.
La loi des rendements décroissants est une théorie économique qui démontre que l’augmentation de l’utilisation d’un facteur de production n’entraîne pas toujours une hausse de la productivité si les autres facteurs de production ne sont pas à leur tour améliorés. En un mot, pour prendre un exemple de chez nous, plus on utilise une parcelle de terrain pour semer du mil, moins celle-ci est fertile et donc productive. Les rendements de la terre finissent par être décroissants. Il est donc nécessaire d’acheter d’autres terres pour augmenter la productivité.
Rien n’interdit de prendre le risque fou d’adapter cette loi économique au domaine du droit et des libertés dans notre pays, le Sénégal, qui recèle toutes les potentialités pour dépasser en termes de richesse les pays les plus nantis de la planète.
Ce sera pour tenter d’expliquer que si, dans un pays donné, l’on observe une réduction tendancielle des acquis humains, elle est corrélée mathématiquement avec une hausse vertigineuse des violations du droit, et ce pays, tiraillé par deux mouvements antagoniques, évolue vers zéro, puisque la démotivation et la déresponsabilisation des citoyens se tassent au fond alors que les nuages de la colère s’entassent pour converger vers le haut avec le risque certain de faire sauter le bouchon.
J’essaye de le démontrer sur un repère orthonormé OIJ, avec une diagonale formée par les points de jonction des deux mouvements. En partant du postulat, simple hypothèse de travail, que c’est dans leur aptitude à se rapprocher du sommet de cette diagonale que l’on distingue les nations aux pratiques les plus irrespectueuses du droit, je donne en illustration le cas du Sénégal nôtre.
Inutile de faire un dessin de l’état de ce Sénégal devenu méconnaissable. On connaît très bien la masse critique des outrages, défis et offenses à la loi et aux droits et libertés fondamentaux perpétrés de sang-froid par une nouvelle race de fonctionnaires, d’opérateurs de l’ombre sans un seul zeste d’humanité, de tortionnaires et d’agents de la Terreur dont on se demande à bon droit d’où ils viennent et par quel chemin ils sont passés pour décider en toute impunité, et pour un oui pour un non, de la vie et de la liberté de leurs compatriotes et concitoyens …
Passons si vous le voulez bien à notre Loi
Au Sénégal donc, sans surprise, la vitesse de progression des violations des droits fondamentaux de la personne humaine inscrits dans la Constitution va devenir fulgurante : lancée sur une courbe exponentielle, cette progression est entrée dans le virage de ladite courbe, quittant son côtoiement de l’axe horizontal des abscisses (axe du temps) pour, une fois le virage franchi, côtoyer l’axe vertical des ordonnées (axe des actes liberticides) et s’en rapprocher de plus en plus. C’est-à-dire que, au fil du temps, un même accroissement de cette progression de la violation des droits fondamentaux s’obtiendra durant des périodes de temps de plus en plus brèves.
Passant à la réalité, cela donne : dans les 12 dernières années dites de l’alternance et les 11 années postérieures dites de la deuxième alternance, soit 23 ans, nous avons connu plus d’actes liberticides au détriment de nos acquis humanitaires que durant toutes les années de notre histoire en tant que jeune nation indépendante qui ont précédé ces 23 dernières années.
Et le virage de la courbe exponentielle du taux de progression des violations des droits fondamentaux du citoyen sénégalais inscrits dans la Constitution vient juste d’être amorcé, cela grâce ou à cause du culot, de l’audace, de la capacité de nuisance grandissants des concepteurs des actes attentatoires à la liberté et à la dignité des citoyens éructant à longueur de journée leurs ordres illégaux à des exécutants zélés aux méthodes infra-belluaires (en dessous de la bête).
Sur cette lancée, dans les trois à six mois à venir, nous allons enregistrer plus de violations que l’ensemble de celles déjà connues durant les 23 dernières années, ajoutées à celles des années, des décennies, du siècle et du millénaire passés (1960 à 2023).
Continuant à grimper de plus en plus près de l’axe vertical de cette fameuse courbe exponentielle, la progression des crimes contre la Constitution pourra encore diviser par deux le temps nécessaire au doublement de ses progrès : cette fois en trois mois, plus de violations de la Constitution que dans le temps qui a précédé ces trois mois seront enregistrées, puis ce sera en un mois, plus tard en une semaine, une journée, une heure, puis il arrivera que cela soit en un seul instant, le temps d’y penser !
Le plafond a été crevé avec ce processing hallucinant, surréaliste, nauséeux et absolument révoltant imaginé et mis en oeuvre dans les laboratoires du vice politique pour éliminer à tout prix un homme politique en marchant sans vergogne sur son droit élémentaire à un procès équitable dans le cadre d’une procédure criminelle sans queue ni tête qui lui est intentée.
Le plan est aussi visible qu’un gros cafard errant sur un carrelage blanc. L’expertise de ces génies qui n’ont rien appris et rien oublié séduit évidemment leurs suiveurs à l’encéphale de poisson mus par la seule satisfaction de leurs besoins, peu importe si le pays doit brûler vif après. Ces larbins sont doublement contents : l’ennemi juré est disqualifié pour de bon grâce à leur géniale opération je m’en foutiste baptisée DEMONTADA, et en prime ils s’offrent une REMONTADA historique qui réinstalle leur champion dans les starting-blocks d’une course dont il était éliminé a priori.
L’intérêt de toute cette mise en scène ubuesque aux allures de forcing du siècle éligible au Guinness est que désormais la corporation des urgentistes, les grands malades, les accidentés, les victimes d’attaques de toutes sortes peuvent se frotter les mains en sachant pouvoir compter sur une expertise locale d’une telle qualité.
L’autre enseignement majeur réside dans la fantastique aptitude démontrée dans le franchissement sans effort du fossé technologique. On a sauté aisément, sans crier gare, de l’ère de l’analogique à celle du numérique. Oublié le temps du seul salon dans toute la rue où tout le voisinage venait répondre au téléphone. Oublié l’âge farouche des télécentres …De nos jours, avec une rapidité stupéfiante, tout le monde, de la boniche exploitée au retraité du 3ème âge, du chômeur structurel à la mendiante de profession ayant droit de cité au carrefour, tous, jusqu’au bout du bi du ban des «damnés de la terre», sont devenus à ce point accro du smart phone que cet accessoire a fini d’imposer son diktat dans la vie actuelle.
Une bonne compréhension de cette démonstration devrait inciter à plus de retenue. Du fait de ces provocations à répétition un pays béni est arrivé au point d’inflexion. Ce Sénégal, potentiel dragon africain, est promis à un avenir radieux sur le plan économique. Mais il court le risque d’être un cimetière à ciel ouvert des droits et libertés de ses enfants.
Si les dirigeants responsables de cette descente aux enfers ne veulent pas ou ne peuvent pas décrypter les frémissements de la rue, ce sera pour nous tous un gigantesquissime séisme d’amplitude 8 degrés sur l’échelle de l’horreur qui en compte neuf ! La rue pleure et vocifère, les cachots sont pleins, les procès battent tous les records de déloyauté, ils rigolent et s’en félicitent mutuellement. Arrêtez de rire, vous allez rire jaune à ce rythme…
Une telle parodie de justice! Au Sénégal ! En 2023 ! ??? Qui l’eût cru ?