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Droit À La DÉsobÉÏssance Civile Et À La RÉsistance Non Violente

L’histoire retiendra que le procès pour viol intenté contre Ousmane Sonko a été un procès politique perpétré par l’État du Sénégal contre un adversaire politique. Démonstration a en été clairement faite au cours de l’audience spéciale devant la Chambre criminelle de Dakar ce 23 mai 2023.

Il est apparu clairement que la Justice a été instrumentalisée pour « liquider » le président de Pastef, à tout le moins à l’empêcher d’être candidat à la présidentielle de 2024.

C’est pourquoi on a fait de cette audience spéciale un déballage pornographique : l’objectif étant non pas de faire jaillir la vérité mais de porter atteinte à l’honorabilité d’Ousmane Sonko, de le salir aux yeux des Sénégalais !

Voici un procès au cours duquel aucune preuve matérielle attestant du viol n’a été versée au dossier, les vidéos et audios annoncés depuis longtemps par l’accusatrice n’ayant jamais été produits. Tous les témoins appelés à la barre, à une seule exception près, ont déchargé Ousmane Sonko.

Voici un procès dont le ministère public même, face à l’absence de preuves matérielles a dû exprimer son « doute ». Et d’escamoter subrepticement l’accusation de « viol » pour lui substituer celui de « corruption de la jeunesse », notion vague et inique comme on le sait depuis au moins Socrate.

« M. le président, si toutefois vous ne pouvez pas qualifier des faits de viol, je vous prie de bien vouloir qualifier des faits de corruption de la jeunesse (détournement de la victime âgée de 19 ans au moment des faits par l’accusé) ». Et le Procureur de requérir dix ans de réclusion pour « viols » et cinq ans pour corruption de la jeunesse !

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Le tour serait ainsi joué : Sonko out, la voie dégagée, « l’opposition réduite à sa plus simple expression », la victoire de monsieur Macky Sall pour un troisième mandat serait assurée. Le président grand seigneur, pourrait même se payer le luxe de se désister finalement, la pérennité du « système » étant assurée pour longtemps encore.

Le Sénégal face à son destin

En préparation du jugement attendu ce 1er juin, Ousmane Sonko exerçant son droit à la désobéissance civile et à la résistance non violente, veut en appeler au peuple sénégalais : c’est tout le sens de la Caravane de la liberté qu’il a lancé depuis deux jours à partir de Ziguinchor pour rallier Dakar par la route.

Or voici qu’à l’étape de Kolda déjà, les « forces de défense et de sécurité » se mettent en travers de sa route, jetant de grenades et tirant sur la foule, faisant encore un mort.

Il s’agit pour le camp du président Macky Sall de perturber et d’arrêter par tous les moyens cette Caravane. Il s’agit aussi d’intimider les Sénégalais. Les ministres Me Sidiki Kaba et Abdou Karim Fofana ont justifié d’avance ce dessein lors de leur conférence de presse de ce jeudi, en invoquant des cocktails molotov imaginaires et en assimilant gratuitement la Caravane de la liberté à …des « troubles à l’ordre public ».

Pourtant une telle marche pacifique, de désobéissance civile, de mobilisation du peuple contre l’injustice et pour le respect des droits humains n’est pas inédite. Elle a été initiée par les apôtres de la lutte pour les droits de l’homme et pour les droits civiques par la non-violence que sont le Mahatma Gandhi et le Révérend Martin Luther King.

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On pense ici à la Marche du Sel que le Mahatma Gandhi entama le 12 mars 1930 pour dénoncer le monopole que le colonisateur britannique exerçait sur le sel et protester ainsi contre l’occupation de son pays. Gandhi sera arrêté au bout de 300 kilomètres et emprisonné. Mais le processus qui conduira à l’indépendance de l’Inde en 1947 était dès lors lancé.

On pense aussi aux marches pour les droits civiques des Noris américains initiées par le Révérend Martin Luther King, notamment à celle sur Washington le 28 août 1963 et celle de Montgomery à Selma de février 1965.

C’est l’inspiration de ces marches qui anime encore la lutte contre le racisme systémique des Africains Américains, notamment le mouvement du Black Lives Mater.

Et maintenant ?

Le Sénégal est à la croisée des chemins.

Comme en 1963, quand Mamadou Dia a été finalement liquidé par Senghor et le Sénégal maintenu dans son ancrage de néocolonie française.

À travers Ousmane Sonko, c’est la trajectoire historique que le Sénégal prendra pour les prochaines décennies qui se détermine.

Il s’agit pour nous, faut-il le répéter, d’instaurer une démocratie réelle en lieu et place de cette démocratie illibérale et corrompue, de fonder une République véritablement indépendante et souveraine basée sur la séparation effective des pouvoirs et garantissant le respect des droits et libertés des individus.

Il s’agit de créer un État capable d’amorcer un véritable développement économique, social et culturel et d’améliorer enfin la vie des Sénégalais.

Il s’agit aussi de fonder un État capable de contribuer à un véritable rassemblement africain au niveau de tout le continent et de sa diaspora.

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Les jeux sont faits.

Personne ne pourra dire qu’il ne savait pas ou qu’il n’avait pas compris ce qui se jouait. À chacun d’entre nous de se déterminer.

PS : J’entends bien les états d’âme de mes amis « droits de l’hommistes », démocrates et féministes sincères sur les propos injurieux d’Ousmane Sonko à l’endroit de son accusatrice. Mais comme le dit un autre de mes amis « comment reprocher à un homme qui a la tête sur le billot de hurler ? »

J’ajouterai qu’il ne s’agit pas pour nous d’élire à la tête du Sénégal un Saint homme, quelqu’un « Bou Sell » comme certains zélotes parmi nous le revendiquent, il est vrai.

Il s’agit seulement d’élire un homme capable de mettre en œuvre pendant son mandat le programme de révolution démocratique, souverainiste et panafricaniste que nous voulons.

Comme on le sait, le président Donald Trump a fait face pendant toute sa campagne électorale à des accusations d’infidélités conjugales, de viols et autres délits sexuels. L’État américain ne s’est pas saisi de ses accusations pour empêcher sa candidature.

Les Américains ont par la suite estimé dans leur majorité que M. Trump était digne d’être président des États-Unis. Et il me semble qu’il a exercé sa fonction à la satisfaction des Américains qui l’ont élu.

Les exemples sont nombreux à travers le monde, d’hommes politiques, de John Fitzgerald Kennedy et Bill Clinton aux États-Unis à Anwar Ibrahim en Malaisie, à François Mitterrand en France, accusés de délits sexuels, qui ont été par la suite élus démocratiquement et qui ont rempli honorablement leurs fonctions.







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