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Aux Origines Des Casses Et Des Incendies

Tout d’abord, il convient pour nous de nous incliner devant tous ces morts annoncés depuis le début de ces évènements tristes et dramatiques et de compatir à la douleur de leurs familles respectives. Nous présentons aussi nos sincères condoléances à toute la nation sénégalaise qui a perdu une vingtaine de ses fils en seulement trois jours. Nous sommes convaincus que ces derniers n’ont commis qu’un seul tort : combattre l’injustice au prix de leur vie. Que leur combat ne soit pas vain !

Certes, le combat contre l’injustice est un devoir pour tout citoyen libre d’esprit mais il ne doit pas être un prétexte pour mettre à genoux un symbole comme l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar pour parler comme le ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. Ce qui s’est passé jeudi dernier à l’ucad est innommable et insupportable pour tout pensionnaire de ce temple du savoir. Au campus social, des véhicules de particuliers et des bus pour le personnel ont été tous incendiés. Les bureaux du Coud et les restaurants n’ont pas été épargnés. Ils ont tous été saccagés puis brûlés. Le campus, jadis si bon à vivre et si beau à voir, est devenu depuis ce jeudi-là invivable et triste à voir. Et c’est aussi pareil pour le campus pédagogique où des bureaux, des amphithéâtres et des véhicules ont été saccagés et incendiés. La faculté de Droit a vu son chapiteau de 1500 places réduit en cendres. Quelle triste image ! Ce qui est sûr, c’est que l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, récemment classée première en Afrique francophone, ne s’en remettra pas vite.

Et cela, tout le monde le sait tout comme on sait aussi qui est aux origines de ces casses et de ces incendies. Nous sommes nombreux à accuser à tort les étudiants membres du Parti Pastef-Les Patriotes mais nous pouvons vous dire avec certitude que ces gens-là peuvent être parmi les casseurs et les saccageurs mais ils sont loin d’être ceux qui ont commencé cette

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série de casses et d’incendies. Si vraiment les autorités universitaires cherchent à savoir qui sont les premiers, ils n’ont qu’à mener des enquêtes au sein du MEER National. Tous les

étudiants qui étaient dans le campus social ce jour-là ont vu, dès l’annonce du verdict, des hommes armés de coupe-coupes, de haches, de couteaux et d’autres objets blessants, se balader dans le campus. Et ce, sous le regard et le silence des agents de sécurité du Coud. Pourquoi ces derniers n’ont pas réagi comme ils l’auraient fait avec les étudiants “légitimes” ?

Eh oui, “légitimes” parce qu’au moins, ils se sont régulièrement inscrits dans une faculté, suivent leurs cours au quotidien et dorment même au campus toutes les nuits. Contrairement aux membres du MEER National dont la plupart d’entre eux ont cartouché de l’université mais y mènent toujours des activités illégales troublant ainsi la paix et la tranquillité qui doivent

régner dans cet espace-là. Ce groupuscule d’hommes, soutenu par de hautes autorités de la république, est à l’origine de toutes les violences constatées à l’université ces derniers mois. Ce sont des gens qui n’ont point la carrure d’étudiant. Ce sont les boucliers de ces autorités que nous venons de citer. Et cela leur confère le droit d’accéder librement au campus, d’y loger et d’y mener des activités malgré qu’ils ont perdu leur statut d’étudiant.

Il y a de cela quelques mois les services de sécurité du Coud avaient procédé à une fouille générale des pavillons et les sénégalais étaient très étonnés du nombre de machettes qui a été retrouvé dans les chambres des étudiants dont la plupart sont du MEER National. Pourtant, le port d’armes est formellement interdit au sein du campus social de l’université. Pourquoi alors n’y a-t-il pas de poursuites judiciaires contre ces gens-là dont des armes blanches ont été retrouvées dans leurs chambres ? Ah, nous oublions même que nous sommes au Sénégal où la loi est faite pour ceux qui la respectent et non pour ceux qui la violent. Hélas ! Que chacun pense ce qu’il veut mais les récents évènements nous permettent d’avoir une idée des origines des violences au sein de l’espace universitaire.

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Pour ces évènements-là, les membres du MEER National étaient les premiers à sortir avec des machettes. Ils étaient là, devant le pavillon B, en train de se préparer depuis presque toute la matinée. Et dès l’annonce du verdict condamnant le président Ousmane Sonko, un groupe d’étudiants a voulu rejoindre la grande porte pour manifester son désaccord, comme cela se fait à chaque fois qu’il y a des manifestations. Mais ils ont été contraints de sortir par des hommes armés du MEER national qui menaçaient de tuer tout étudiant qui tenterait de hausser le ton. Et c’est là qu’ont commencé les arontements violents jusqu’à ce que les membres du MEER national, dominés, aient pris la fuite et les autres ont pris d’assaut la salle télé. Qui sont-ils pour menacer des gens qui ne voulaient que manifester pacifiquement contre la condamnation de leur leader ?

Ce qui est sûr, c’est que si ces gens-là n’avaient pas empêché aux étudiants de rejoindre la grande porte, il n’y aurait pas tous ces dégâts à l’université. Les manifestants allaient tout simplement sortir du campus social et bloquer la circulation ou rejoindre le domicile de leur leader, à Cité Keur Gorgui. Dommage qu’à cause d’un groupe d’individus dont la seule légitimité est d‘être des faiseurs de sales boulots de quelques autorités de la république, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, l’une des plus vieilles universités d’Afrique et les plus performants pour avoir formé au moins quatre chefs d’Etats, a été vandalisée et mise au chaos par des non étudiants. Nous insistons là-dessus : ceux qui ont saccagé l’université ne sont pas des étudiants. Combien de fois, les étudiants ont manifesté leur colère sans jamais saccager de bureaux ni brûler d’amphithéâtres ou de voitures de qui que ce soit ? Combien de fois les étudiants ont manifesté sans que les cours ne soient suspendus ? Combien de fois les étudiants ont manifesté sans causer autant de dégâts matériels ? On peut tout dire aux étudiants de l’Ucad mais ils ne sont pas inconscients à ce point.

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Nous invitons donc le ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation et les autorités universitaires, notamment le recteur, les doyens de facultés et le directeur du

Coud à d’abord dissoudre le MEER national, principale menace de la paix et la tranquillité des étudiants et toutes les autres entités politiques présentes à l’université, ensuite interdire toute activité de nature politique dans tout l’espace universitaire et enfin identifier et prendre des mesures coercitives à l’encontre des casseurs et des saccageurs pour protéger notre université. Car elle est notre patrimoine, nous petits-fils de Cheikh Anta Diop.

Seydoux Diouf est étudiant en Science Politique à l’UCAD

Tony Diatta est étudiant en Droit à l’UCAD

 







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