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Un Baril De Poudre Sous Macky Sall ?

Le Sénégal est-il prêt à exploser sur un baril de poudre politique ? Avec cent mille barils de pétrole en jeu chaque jour, c’est la question qui fait plus de bruit. 

Avant de tenter de répondre à cette question, il convient de noter que la mesure de l’instabilité politique à travers le prisme des émeutes et des manifestations peut présenter certaines limites. 

Les émeutes et les manifestations ne sont que deux manifestations (sic!) parmi d’autres de l’instabilité politique.  En outre, leur fréquence et leur intensité peuvent varier considérablement en fonction du contexte socio-politique spécifique. 

Il est donc essentiel de considérer ces informations dans le cadre plus large de la dynamique politique du Sénégal et de la sous-région africaine.

Examinons quelques données de l’ACLED et de la Banque mondiale visualisées par José Luengo Cabrera pour les besoins de cet article.

2010 – 2021: Une relative stabilité dans un contexte régional tumultueux 

Au cours de cette période, le Sénégal a montré une relative stabilité malgré la présence de quelques pics d’instabilité, à l’instar des émeutes de juin 2011 et février 2012 contre la proposition d’un troisième mandat pour le président Wade. 

Ces événements, bien que significatifs, n’ont pas perturbé la tendance générale de stabilité du pays contrastant avec l’évolution générale du continent africain.

En effet, sur la même période, l’Afrique a connu une tendance à la hausse des émeutes, culminant avec le mouvement EndSARS au Nigeria en 2020. 

Ce mouvement de protestation massive contre la violence policière a marqué un pic dans la fréquence des émeutes sur le continent.

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2021 à aujourd’hui : Une tendance stable en Afrique, des pics inquiétants au Sénégal

Depuis 2021, la fréquence des émeutes en Afrique est restée stable, avec une légère tendance à la baisse. 

Cette évolution suggère que le mouvement EndSARS pourrait avoir marqué un point de rupture dans la tendance générale du continent, bien que de nombreux défis politiques et sociaux restent à résoudre.

Au Sénégal, la situation est différente. Il n’y a pas de tendance fondamentale à la hausse, mais des pics préoccupants lors de certains événements ont suscité l’inquiétude.

Les manifestations liées au procès de l’opposant Ousmane Sonko, accusé de viols, ont provoqué des vagues de troubles sans précédent dans le pays. 

Les tensions autour de ce procès et son dénouement ont révélé des fractures profondes dans la société sénégalaise, alimentant les craintes d’une instabilité politique croissante.

Vers un Sénégal plus instable ?

Les signaux d’alarme sont là. Si le Sénégal a longtemps été considéré comme un havre de stabilité en Afrique de l’Ouest, les récents événements ont révélé une instabilité potentielle qui pourrait menacer cette réputation.

Le procès de Sonko n’est que la partie émergée de l’iceberg, révélant une frustration croissante face à la perception de la corruption, des inégalités croissantes  et de la malgouvernance.

Dans un contexte mondial tumultueux, le Sénégal est également touché par l’inflation omniprésente, exacerbée par des tensions géopolitiques telles que le conflit entre la Russie et l’Ukraine. 

Le taux de chômage, même en se concentrant uniquement sur le marché du travail formel au Sénégal, est en hausse. L’impact de ces forces mondiales ne doit pas être sous-estimé, mais il ne saurait à lui seul expliquer la situation complexe à laquelle le Sénégal est confronté.

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Un État de droit qui suit les vagues des cycles politiques

Par ailleurs, l’État de droit au Sénégal semble dépendre fortement des cycles politiques du pays. Cette dépendance est un signe d’instabilité et témoigne d’une certaine immaturité de son pouvoir judiciaire.

En effet, l’État de droit a atteint son niveau le plus bas à la fin du mandat d’Abdoulaye Wade, s’est amélioré au début du premier mandat de Macky Sall, et semble maintenant être de retour à un niveau similaire à celui de la fin du régime de Wade.

La comparaison de l’État de droit au Sénégal avec d’autres pays tels que le Ghana, qui est un modèle de stabilité, et des pays voisins ayant connu des difficultés politiques comme la Côte d’Ivoire et la Guinée, est révélatrice. 

Au début des années 2000, le Sénégal se trouvait au même niveau d’État de droit que le Ghana, mais semble depuis lors suivre une tendance à la baisse vers des niveaux similaires à ceux de la Côte d’Ivoire.

Ainsi, le Sénégal a longtemps été un bastion de stabilité relative dans un contexte Africain tumultueux. Cependant, des événements récents, en particulier les troubles entourant le procès de l’opposant Ousmane Sonko, ont révélé des fractures profondes dans la société sénégalaise.

 Les causes de la fracture du Sénégal sont aussi variées que les vagues qui battent ses côtes. Des facteurs mondiaux comme l’inflation et le chômage, aux cycles politiques internes et à la dégradation de l’État de droit, tous contribuent à une situation complexe et en constante évolution.

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Le Sénégal est à un carrefour crucial de son histoire. Cependant, les institutions du pays n’étant pas suffisamment fortes, le futur du pays semble reposer sur les épaules de deux hommes. Le moment est venu de naviguer avec prudence et discernement dans ces eaux agitées. Le sort du Sénégal et de son peuple en dépend.







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