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La Critique De La Description Pure

Il y a quelques années, les professeurs Souleymane B. Diagne et Boubacar B. Diop ont régalé les passionnés du choc des idées, dans un échange mémorable. Tout ou presque y était concernant la posture d’un intellectuel : l’équilibre, la nuance, l’observance axiologique…

Boris nous est revenu avec Felwine et Mbougar, cette fois-ci pour une description pure et simple d’un tableau. Un tableau social. C’est alors qu’une meute en colère, sans visière intellectuelle, s’empare des bonshommes, à défaut de leur mettre la muselière, veulent les passer sous la serpillière. Une démarche intellectuelle inusitée. En art, la critique porte sur l’œuvre non sur l’auteur. Voici le tableau et les artifices des prompteurs.

1. Nos trois auteurs nous ont habitué à des nectars cachetés. Le plus jeune fait partie des derniers Goncourt. Qui peut le plus, peut le moins. Ils auraient pu nous présenter un chef-d’oeuvre littéraire social. Mais ils ont préféré s’en limiter aux faits sociaux graves aussi bruts soient-ils. La démarche est juste et équitable. Évidemment, elle est partisane parce que penchant pour la sacralité des faits, de leur justesse pour dire leur caractère abrupt. L’émotion et l’appartenance n’ont pas leur place dans l’évocation, la narration de faits sociaux graves devant susciter des réactions appropriées,salvatrices, puisées dans l’équilibre et la mesure lucide. Ils sont adeptes d’une partisanerie de justice en alertant sur des dérives pouvant être sources de perturbations généralisées. On sait toujours le début mais l’ampleur s’engouffre dans l’inconnu. Les responsabilités renvoient à des lunettes. Ce qui paraît subjectif ; mais une sculpture de feu Ousmane Sow restera toujours de marbre ou de pierre, en dépit des interprétations. Donc, convenons-en, nos mousquetaires de la plume ont tronqué l’encre de l’art pour l’art de la narration sans une virgule de plus ou de moins.

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2. « Les problèmes politiques sont les problèmes de tout le monde. Les problèmes de tout le monde sont les problèmes politiques « . L’emblème de cette célèbre maison d’édition nous  sert de tremplin vers les répliques visant nos orfèvres des mots. Cependant, nous ne retiendrons que celles qui ont une once de lueur. Les participants au concert du bruit de complaisance n’ont pas d’espace ici malheureusement. 

C’est un mauvais procès que de convoquer des attributs de la pensée discursive dans un tableau qui se veut sans fard ni dard. La sacralité des faits en aurait pris un sacré coup. Nul doute que nos artistes sont capables de nous présenter les meilleurs tableaux teintés d’artifices les plus exquis. Il faudrait, par ailleurs, chercher le manque d’humilité et la prétention à s’exhiber dans d’autres terrains qui ne sont pas les leurs. L’étoile n’a point besoin de publicité. De partout, un coup d’oeil vers le haut suffit. 

Certains n’ont pas hésité à faire un amalgame fumeux, de bonne foi certes, mais téléguidé par une impéritie du silence. Mission oblige. 

Disons le tout haut: le saccage de l’université, des biens publics et privés, comme conséquence malheureuse des faits, est à dénoncer énergiquement. Aucune justification n’est admissible. Mais dans le même temps, aucune corrélation analogique avec les profondeurs d’hier et l’Allemagne d’avant, ne saurait légitimement prospérer pour un esprit honnête. Bagdad est devenu, après le passage des Mongols, le centre de rayonnement du monde islamique. Plusieurs célèbres compagnons du prophète (saw) dont son petit-fils (imam Hussein) y reposent. Quant aux Landes de Goethe, elle est la locomotive de l’UE. Les perspectives ne sont pas lugubres M. le conseiller spécial. Dénoncer ces actes de vandalisme car n’augurant pas les effluves d’une société émergente encore moins la coloration d’un corps social sain et civilisé aux raffinements pointus, disais-je donc, équivaudrait également à dénoncer les raisons, faits et actes qui ont été à l’aube de ces fâcheux événements. Les causes dont on ne veut pas entendre parler, sont pires que les conséquences, que les réactions sur lesquelles on s’attarde dans le rétroviseur de la vengeance et des règlements de compte. Les mêmes causes produisent les mêmes effets, disent les physiciens. Quand des jeunes s’attaquent à leur lieu d’épanouissement, quand des personnes n’ont pas honte de s’approprier le bien d’autrui, quand les voies du suicide dans le désert et en mer enchantent plus les jeunes qu’un projet d’insertion locale, alors de toute urgence une piqûre sociale doit être administrée. On ne peut pas se contenter d’opérations de relation publique. Les armes chimiques de Sadam Hussein sont toujours invisibles après une méga communication. Le dictateur fût déchu. Les vainqueurs furent emportés aussi. 

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Pour, à la fin, avancer un truisme. La superstructure doit précéder l’infrastructure. Les populations bénéficiaires, dans les sociétés émergentes, sont psychologiquement  préparées pour gérer les infrastructures. Et, seule, la loi est capable de réussir cette merveille. Elle survole la République, comme l’aigle, prêt à briser les ailes de tout récalcitrant,fut-il le premier d’entre-eux. Elle fortifie les institutions, dégarni les détenteurs de puissance absolue. Elle est en porte-à-faux avec Nietzsche et son surhomme. Sévère, dictatoriale mais juste et équitable. Sarkozy et Trump en ont déjà fait l’expérience. Boris Johnson est dans les starting blocks.

Sheikh Ndiaye est Maîtrise en développement international et mondialisation & philosophie, Canada.







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