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Macky Sall Pourra Jongler A Peulgha

Les images sont restées gravées dans ma tête. L’ancien président de la 1ère puissance africaine, le Nigéria, Muhammadu Buhari qui quelques jours après avoir remis le pouvoir démocratiquement à son successeur Tinubu le 29 mai 202, s’est retiré dans son village natal de Daura dans les confins Nord dans l’Etat de Katsina, jonglant un ballon de foot lors d’un événement sportif de sa contrée. Redevenant simple citoyen nigérian après avoir épuisé son deuxième mandat, soit huit ans au pouvoir, Muhammadu Buhari a démontré qu’il est possible d’avoir une nouvelle belle vie après le pouvoir. Mais ce qui nous semble intéressant, c’est de voir ce grand pays sorti de la longue traversée des coups d’Etat militaire s’offrir une telle perspective démocratique sans aucune effusion de sang, d’empoignades, de jérémiades transformatrices d’un pays en deux parties, d’un même peuple qui se voue aux gémonies. On ne pense pas que le Nigéria puisse être une locomotive de leçon démocratique pour le Sénégal. Cependant, il m’est arrivé dans mon for intérieur d’envier un Nigéria de Buhari jonglant tranquillement un ballon de foot en se demandant est-ce qu’il était possible de rêver voire de contempler un Macky Sall quittant librement et démocratiquement le pouvoir en train de jongler un ballon sur un terrain de son célèbre quartier de Fatick, Peulgha. Assurément sur ce registre, le Sénégal a depuis longtemps écrit ses lettres de noblesse saluées à travers le monde comme une vitrine rare d’une démocratie qui était une denrée rare en Afrique.

Mais il semble que depuis quelques temps, la trajectoire démocratique de notre pays a connu un affaissement dans son processus de modernisation. La faute à une classe politique dans sa globalité qui s’est orientée vers une surenchère électorale ne permettant pas à pouvoir mettre en branle, ce qui est essentiel pour la respiration démocratique, un dialogue national inclusif. Le pire a été vécu récemment lorsqu’au moment où Maky Sall lançait son dialogue, le F24 qui regroupait d’autres forces de l’opposition, dont le principal opposant Ousmane Sonko si l’on fait référence à son score de 2019 environ 15% dialoguait ailleurs. La classe politique atomise ainsi le peuple pour discuter des préoccupations politiques qui devraient pourtant être validées par le peuple. Seulement il faut avouer dans l’affaissement de notre démocratie, autant l’opposition a une grande part de responsabilité, mais le principal fautif de cet affaissement reste le président Macky Sall qui n’a pas su négocier avec tact toute la provocation reçue de l’opposition radicale. A sa décharge, il faut le reconnaitre que celle-ci n’a pas été souvent dans une approche réfléchie de gains politiques à prendre sur l’autre camp. Le peuple paiera un lourd préjudice mortel à cette surenchère politique. Mais c’est surtout le fait que le pays s’est finalement basculé dans une sorte de terreur permanente. Pour un rien, le pays explose dans une violence inouïe qui avait fini de banaliser la mort. Le Sénégal s’installait ainsi petit à petit sur les travers désastreux connus par des pays africains qui n’ont jamais réussi à s’extirper d’un chaos généralisé. Le seul exemple rwandais n’est pas l’arbre qui cache la forêt. La plupart des pays africains qui ont sombré dans le chaos n’en sont jamais sortis puisque les accords de paix mis en place ne durent que le temps d’une rose.

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On s’arcboutait sur une once d’espoirs d’une sortie de crise cristallisée uniquement par la présidentielle de 2024. Surtout sur le fait que le président sortant devait y prendre part ou pas. De même que sur la question de l’avenir politique du leader de l’opposition Ousmane Sonko qui n’est pas encore sorti de ses démêlées juridiques. Donc vous conviendriez avec moi que le président Macky Sall demeurait la seule personne qui détient la clé de la sortie de crise et surtout la restauration de la paix dans notre pays.

Un 03 juillet historique !

Heureusement que ce lundi 03 juillet, Macky Sall me permet de croire qu’il va pouvoir jongler un ballon dans son quartier de Peulgha en toute tranquillité. Ce, après avoir géré ce pays pendant 12 ans. Macky Sall ne pouvait pas faire moins que ses prédécesseurs, Senghor, Diouf, et Wade. Mais il est en passe de faire plus qu’eux parce qu’autant pour Senghor, Diouf, et Wade, chacun a quitté le pouvoir d’une manière qui n’est pas celle de Macky Sall. C’est la première fois dans notre histoire politique qu’un chef d’Etat en exercice ne va pas se représenter et surtout va organiser l’élection de son prédécesseur. Cet historique lundi 03, Macky Sall a eu la hauteur et la grandeur de s’éloigner des faucons de son camp qui n’ont cessé de le bousculer pour franchir le rubicond et se représenter pour un second quinquennat. Macky Sall a refusé de commettre un acte suicidaire. Il le doit non pas à la pression de l’opposition et de la rue, ni des partenaires internationaux, mais surtout à son propre sens de l’honneur, de la dignité et du respect de la parole donnée. Macky Sall pourrait au soir du 02 avril 2024 prendre le chemin de Mermoz, mais aussi du Sine à travers son Peulgha pour aller jongler ou se promener tranquillement dans la verdure de son royaume d’enfance. Cependant, il lui reste son dernier geste, celui de pouvoir organiser des élections fiables, transparentes et surtout inclusives. Un autre test grandeur nature. En attendant, il ne faut pas faire la fine bouche. Le brouhaha et les applaudissements qui ont accompagné la déclaration du président renvoient à la jouissance populaire des moments de victoire de nos équipes nationales de football. Cette jouissance populaire va au-delà de l’acte posé par Macky Sall. C’est celle d’un peuple qui ne voulait plus revivre les souvenirs des violentes manifestions de juin 2023. C’est en cela qu’il faut se féliciter de l’acte réfléchi du chef de l’Etat. Macky Sall est rentré dans l’histoire du pays en mars 2012.

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Cependant, le chemin est encore long pour que le Sénégal se hisse au niveau des démocraties majeures. Le point d’acquis reste que la décision de Macky Sall de respecter la Constitution que nul ne peut pas faire deux mandats successifs est désormais une jurisprudence doctrinale qui va s’imposer à tous les autres chefs d’Etat à venir. Mais il faut que nos hommes politiques et nos intellectuels qui ont laissé le champ politique sous la seule responsabilité des hommes politiques puissent comprendre que la trajectoire d’un Etat est trop sérieuse pour être laissée aux seuls politiques. Dans les démocraties majeures, la dévolution du pouvoir est stricte et bien calée dans l’agenda politique. Aux Etats-Unis, en France, nos pays de référence, les mandats sont stricts et bien réglés par leur constitution respective. Ils ne font jamais l’objet d’une volonté de tripatouillage comme cela existe en Afrique permettant à des chefs d’Etat de se donner le droit à un troisième mandat. La modernité de notre système politique ne saurait se régler seulement par le dialogue politique. Elle doit être prise en charge par la société sénégalaise dans sa globalité. Un vaste chantier qui va commencer par la capacité du président Macky Sall à assurer à notre pays une présidentielle inclusive, transparente et démocratique.

En attendant. Nous ne boudons pas notre plaisir de savourer pleinement l’acte du 03 juillet qui redonne des espoirs de croire à notre génie politique. Macky Sall est désormais dans la légende vivante de notre histoire politique depuis ce lundi 03 juillet. Merci à vous, Monsieur le Président !

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