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Quand Les Morts DÉrangent Les Vivants

A quelques mois du 80ème anniversaire du massacre prémédité de Thiaroye au Sénégal, le ministère des armées annonce enfin que la mention « Mort pour la France » va être octroyée aux victimes, tous anciens prisonniers de guerre originaires d’Afrique noire. Mais rien n’a été officialisé. Serait-ce une énième reculade ? Que valent la vie, la mort et l’honneur d’un soldat africain ?

A la demande du directeur de Cabinet de l’Elysée, j’ai été reçue le 18 avril 2023 par deux conseillers de la Secrétaire d’Etat, Patricia Mirallès, qui ont refusé la présence de notre avocat. A l’issue de cet entretien, j’ai pu annoncer à Biram Senghor que son père, M’Bap Senghor, allait enfin être reconnu « Mort pour la France », mention qu’il réclame depuis plus d’un demi-siècle.

J’ai également appris que je pourrais me rendre au service historique de la Défense (SHD) avec le laboratoire spécialisé que j’avais contacté, afin de procéder à la lecture du motif, caviardé à tort, de la sanction infligée à un officier particulièrement compromis. Peut-être que ce motif ne révèlera aucune information importante, mais il y a lieu de penser que cet officier a outrepassé les ordres donnés en faisant venir des automitrailleuses commandées par un lieutenant de vaisseau considéré comme habile aux tirs, en ordonnant de tuer les hommes rassemblés sur l’esplanade du camp de Thiaroye et dans les baraques et d’achever les blessés à l’hôpital. Le rapporteur public du Conseil d’Etat, Alexandre Lallet, avait mentionné, dans ses conclusions du 16 septembre 2019 : « Par conséquent, la description des faits reprochés au lieutenant-colonel A, si elle n’avait pas été occultée, aurait été à notre avis communicable et l’administration pourrait accepter que soit déployé un dispositif technique de révélation des mentions originales, sans qu’on puisse l’y contraindre juridiquement ». N’est-il pas important et indispensable que les descendants sachent pourquoi cet officier a été sanctionné?

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Ce 18 avril, j’ai su également que le gouvernement réfléchissait à un procédé de réparation pour les descendants alors que le Conseil d’Etat avait rejeté, le 5 avril 2023, le pourvoi de Biram Senghor concernant le remboursement des sommes spoliées au prétexte qu’il fallait appliquer la loi de 1831 sur la déchéance des créances. Biram Senghor aurait dû faire la demande avant 1949 sauf que la famille a su officiellement le décès en 1953. Un recours devant la CEDH est inévitable.

Des paroles et après…

C’est le 21 juin que je devais me rendre au SHD pour tenter de lire sous le caviardage avec le laboratoire visité préalablement par des membres du ministère des armées. Mais cette opération a été reportée, le ministère arguant procéder à une instruction complémentaire. Si je ne dois voir que le motif, ce n’est pas compliqué de mettre un cache sur la nature de la punition.

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