L’avènement de l’ex-Pastef dans le paysage politique de notre pays, a entraîné des bouleversements qui ont fini par provoquer un véritable séisme politique et social. Ousmane Sonko, malgré son projet politique diabolique, a quand même réussi à révéler tout ce qu’il y avait de hideux dans ce pays et surtout en certains de ses citoyens. La fragilité de certaines institutions, la difficulté de la police et de la gendarmerie à contenir et à se dresser contre la furie des jeunes, la médiocrité de certains intellectuels, la faillite de l’école sénégalaise, une certaine jeunesse qui devient de plus en plus dangereuse, l’état de décomposition avancé de notre société, bref, c’est un diagnostic sans complaisance que Sonko, son parti et ses militants nous ont permis de faire. Ces trois dernières années, qui marquent l’apogée de l’ex-Pastef, la haine et la violence ont atteint leur degré suprême, en manifestant tout le mal qui minait notre pays. Ce qui est absurde et effroyable avec ce parti, est que sa puissance et celle de son leader se renforçaient au fur et à mesure que la haine et la violence s’intensifiaient à travers le pays. La minorité encore réfléchie, témoin ou ayant connaissance de l’histoire politique de notre pays de Senghor à Wade, doit être en proie aux plus vives inquiétudes en raison de la facilité avec laquelle Ousmane Sonko, surgi de nulle part, a réussi à balafrer nos institutions, ébranler les fondements de notre Etat (qui est quand même resté fort) et fissurer notre Nation. L’apparition de certaines petites maladies ou anomalies peut parfois être salutaire pour un patient, car des examens médicaux approfondis, nécessaires pour leur traitement, pourraient révéler les symptômes d’une maladie plus grave, qui peut rapidement être traitée et vaincue parce que détectée à temps. Le branle-bas que Sonko a provoqué dans notre pays, et qui a failli déboucher sur un chaos, est l’expression d’un cancer social, politique et institutionnel qui mine depuis longtemps le Sénégal.
Des évènements de mars 2021 à ceux récents des mois de mai et juin, la police et la gendarmerie continuent d’éprouver des difficultés à garantir l’ordre et à assurer la sécurité des biens, lors de manifestations. Ainsi, augmenter l’effectif des Fds et les doter de matériels de maintien de l’ordre adaptés est un impératif, car elles font face désormais à une nouvelle jeunesse de plus en plus désœuvrée, et qui exprime parfois son mal-être par la violence et le banditisme. Policiers et gendarmes ne doivent pas limiter leur travail aux contrôles routiers. Etre présent dans les grands axes de la capitale, et dès l’aube (Et allez savoir pourquoi tant d’enthousiasme dans le contrôle routier !), ne doit pas être la principale activité de nos Forces de l’ordre, mais plutôt organiser des patrouilles, de jour comme de nuit, parce que les impératifs de sécurité intérieure commandent cette posture de leur part.
L’école sénégalaise tend à devenir une garderie de grands enfants, parce que sa vocation originelle d’inculquer du civisme à la jeunesse et d’éclore son sentiment patriotique, a été dévoyée. Il y a deux ans, on a vu dans des vidéos, devenues virales, des élèves de quelques collèges de Dakar exprimer leur joie d’aller en vacances en déchirant leur tenue scolaire et leurs cahiers. Cette image sidérante est révélatrice de la nécessité de réformer l’école sénégalaise et ses enseignements-apprentissages qui doivent désormais tenir compte de l’évolution du monde et de la psychologie de cette nouvelle jeunesse. Les scènes de violences qui se sont produites à l’Ucad avec l’incendie de la Bibliothèque universitaire, de la Faculté de droit et du Cesti, ont démontré l’affaissement de cette institution dans les bas-fonds de la médiocrité. J’ai désespéré de ses étudiants depuis 2020, lorsque la fermeture des écoles et des universités a été ordonnée par les autorités en raison de la crise sanitaire, et que j’ai vu des vidéos montrant des étudiants, joyeux, chantant et dansant pour exprimer leur joie d’aller en vacances, comme des écoliers à qui on annonce des vacances anticipées. Ce fut abject et lâche, ce fut l’expression de la désertion de l’esprit de ce temple, et de la faillite irréversible du savoir. L’espace universitaire doit être un lieu de bouillonnement intellectuel, un atelier où se forme et se façonne l’élite qui doit demain, perpétuer la grande et exaltante œuvre de construction de notre pays.
L’ex-Pastef a contribué à la désagrégation de notre société, en mettant en péril l’unité nationale que de grands hommes ont bâtie au prix de mille sacrifices. Des amitiés ont été défaites, des couples brisés, des familles désunies par Sonko et son «Projet» funeste. «Soutoureu» (la discrétion), «Tieur» (respect dû à l’autre), «Teranga » (l’hospitalité) et j’en passe, qui sont des valeurs ayant toujours fondé l’identité de l’homo senegalensis, se sont noyées dans l’insolence du «Gatsa Gatsa», la devise suicidaire de Sonko.
Mais ce qui doit rassurer tous ceux qui sont attachés aux valeurs de la République, et donc partisans de l’Etat de Droit, c’est la promesse ferme, lors de sa dernière adresse à la Nation, que le Président Sall nous a faite en ces termes : «Je ne transigerai pas avec les fossoyeurs de la République.» Et il n’a pas fallu plus d’un mois pour que le gourou soit expédié à Sébikotane et sa secte dissoute. Le «Thioki fin» version Macky est ainsi mis en branle, comme pour dire que personne ne doit défier l’Etat.
Ibrahima SOW, professeur de philosophie au lycée de Tivaouane Peulh
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