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Qui Fera Elire Le Prochain President Du Senegal ?

L’histoire nous donne la réponse !

A la vérité, en ce moment de l’histoire, on peut croire qu’il faut être un fou à lier pour vouloir être président de la République du Sénégal ! Et pourtant ils sont légion pour aller au front ! C’est la démocratie en pagne longue ! Et pourtant, par ailleurs, ce pays fait peur : si vous dites aimer Macky Sall, vous êtes fusillé par l’autre camp. Si vous dites aimer le courage suicidaire de Ousmane Sonko, vous êtes pendu par les partisans de l’autre camp. Si vous chantez la hardiesse de l’opposition, vous êtes guillotiné par l’autre camp. Si vous dites que vous aimez votre pays, des partisans baveux vous demandent « qu’avez-vous fait pour lui » ? Si vous dites que vous aimez votre maman, on vous répond « foutaise ! Ma mère a abandonné mon père ! » Si vous louez la piété de votre marabout, on vous répond que vous êtes aveugle et naïf, car ce n’est point son seul chapelet qui peut prouver l’énormité de son patrimoine visible ou caché ! Si vous proclamez votre foi en Dieu, on vous demande de quel Dieu vous parlez et qu’a-t-IL fait pour nous ? Alors, que dire, que faire, ou aller, à qui parler ? Nous taire ? Non, surtout pas ! Défense de se taire ! Partout la haine aveugle, l’ignorance dicte sa loi et ses ténèbres. La démesure, la vanité, la pauvreté, la frustration, l’insolence, cherchent à vaincre un si beau pays que l’esprit seul sauvera ! Qui pensait que «plus la démocratie augmente, plus notre poids citoyen diminue ?»

Ndour Ndama, un ami charretier plein de bon sens paysan, m’a fait rire en me confiant ceci : «Mais Ousmane n’a pas mesuré les dangers qu’il court s’il était élu Président ! Quand on voit ses millions de jeunes qui le portent, il devrait renoncer au pouvoir ! Cela fait peur et cela ne sent pas bon ! En effet, ce sont ces jeunes qui croient tous qu’il va, en une semaine, enfin leur trouver emploi, prospérité, femme et maison, qui iront le chercher au Palais pour le ramener avec le moindre mal chez lui à la «cité Keur Gorgui», à défaut de le pendre à midi sur la place de l’Indépendance ! Son courage est à la mesure du danger qu’il affronte ! Pour quiconque, résoudre en moins d’un mandat la hâte, les besoins et l’espérance de cette jeunesse en marmite bouillante, relève d’un charlatanisme démesuré et d’une magie indienne introuvable ! Même Allah ne s’y risquerait pas ! Idem pour tous les autres qui se risqueraient à faire des promesses impossibles à tenir face à une jeunesse dont les jambes enflent dans les Starting-blocks, faute d’un coup de sifflet improbable !»

Mais venons-en à notre vrai sujet ! Qui donc des événements survenus et en cours au Sénégal, ou du peuple lui-même, nous élira notre prochain Président ? L’influence des premiers n’est pas de la même ampleur, du même étrange impact, de la même décisive force que le second ! Les événements et l’histoire qu’ils portent et engendrent, sont producteurs de plus-values qui favorisent toujours tel ou tel candidat. Mais rien n’est joué quand on devine de part et d’autre, l’acide détermination, le poids des ruses, des stratégies, des combines, des complots, des plans secrets, des apports mystiques. L’histoire électorale du Sénégal nous l’a assez démontré ! Oui, de nouveau dire que les événements ont toujours leur favori et dictent leur bulletin au peuple, mais que rien n’est jamais gagné d’avance et que tout, tout, reste indécis et fragile comme un verre de porcelaine !

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C’est comme si le Sénégal était entré en guerre : voilà ce qu’il nous a semblé désormais vivre et subir ! Trop de morts ! Trop de terreurs ! Trop de haines ! Trop d’enragés de part et d’autre ! «Il n’a jamais fait aussi froid» dans ce pays chéri ! Mais l’ordre et la raison semblent avoir pris le dessus à une pierre du ravin ! C’est l’accalmie et tant mieux ! Maintenant il faut se parler, taire les orgueils et les vanités, ranger les vengeances, ensemble apaiser et protéger le pays, protéger les libertés, nourrir la jeunesse en faisant d’elle des pêcheurs et non des mouettes !

L’incertitude est le moteur de l’histoire et toute révolution exige des sacrifices ! Il faut les assumer ! Accepter que la vraie liberté, c’est se donner soimême des frontières. Que l’on peut mourir à St-Hélène sans être Napoléon ! Savoir que les bêtes qui portent des griffes ne sont pas toutes des fauves ! Mais, qu’également, savoir que « le confort endort », sauf quand il n’est que d’un bord et que les rues sont pleines de complaintes, de déshérités, de mendiants. Les poches ne sont pas vides. C’est qu’il n’y a même plus de poche ! Il n’y a que la dignité qui masque la misère du plus grand nombre ! Il faut vite rétablir la coupure de courant et partout chez les peuples, par le monde, au-delà du Sénégal

«Les hommes naissent libres et égaux en droit. Après chacun se débrouille !» En politique, ils ne naissent pas égaux, puisque ceux venus avant et qui se sont installés avant, ne quittent ni les honneurs, ni les caisses noires, ni les ruses pour, tant qu’on peut, crever au pouvoir même à près de 90 ans ! La politique, par le monde, est devenue un redoutable et meurtrier instrument de pouvoir et de prédation ! Le seul qui dure autant qu’il dure et qui cherche toujours à survivre ! Les hommes politiques sont désormais sur la liste des espèces menacées dont on souhaite vite et ardemment l’extinction !

A quand les peuples se gouverneront-ils eux-mêmes, pour eux-mêmes, par un nouveau et révolutionnaire système sans nul ADN politique et politicienne ? Même Allah ne le sait pas, et ce n’est pas demain que ce miracle et cette fiction seront une réalité ! Peut-être que même Dieu ne sera plus là ! LUI aussi doit être si fatigué des politiques et de leurs combines jamais inassouvies ! Alors, souffrons et continuons de souffrir, jusqu’à ce que, comme palliatifs, des institutions invinciblement démocratiques avec des contre-pouvoirs forts et durables, changent enfin, tant soit peu, la donne, à défaut de remplacer radicalement ce que l’on nomme mystérieusement «le système» par autre chose dont personne n’a, pour le moment, ni le visage ni le nom ! Mais le système n’est pas seulement l’œuvre des politiques, c’est aussi chacun de nous et le peuple qui l’agréait, le perpétue, en votant pour des élus qui se servent avant de servir. Comment comprendre, me confie un vieux cordonnier, que «les pauvres ne puissent pas manger à leur faim et que leurs représentants élus mangent bien, font la sieste et sont bien payés»

Oui, ce sont souvent des évènements qui élisent un président de la République et non le peuple laissé à lui, tout seul. Si on suit le fil d’Ariane depuis Senghor à nos jours, on découvre ce qui fait d’un candidat un favori parmi d’autres. Senghor qui, a un moment crucial de notre histoire, se trouvant à l’endroit et au moment qu’il faut, dans les années 50-60, accède au pouvoir comme 1er Président du Sénégal indépendant. Il dit vouloir très tôt quitter le pouvoir. Arriva le coup d’État de Mamadou Dia -que d’aucuns ne considèrent pas comme tel-. Senghor dit ceci : «J’ai alors compris qu’il fallait rester pour prendre le temps de consolider les piliers d’un État fort et d’une République stable et durable. Je veux une nation soudée.» Beaucoup plus tard, il nomma un Premier ministre : Abdou Diouf. Il dit de lui, ceci : «J’ai beaucoup réfléchi et pris le temps de le choisir. Je réfléchirais encore et prendrais encore le temps de le former mais surtout de l’éprouver.» Abdou Diouf deviendra le second Président du Sénégal après dix années de primature. Les institutions sénégalaises aménagées sous le desiderata du prince, avaient permis à Senghor de lui céder le pouvoir en démissionnant volontairement de ses fonctions de Chef d’État. On le lui reprochera !

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Abdou Diouf eut un opposant de taille à qui Senghor avait permis d’exister sans exister : Maître Abdoulaye Wade! Le nouveau Président tenta de le contenir avec souvent des réussites, avec souvent des échecs. Wade ne lâcha jamais, une seule minute, sa pression, même quand il faisait de l’entrisme dans le gouvernement du Président Diouf. Son fameux et légendaire slogan SOPI, fut ravageur ! Le peuple sénégalais l’avait d’avance choisi sur tout autre candidat pour remplacer Abdou Diouf. Ce qui devait arriver, arriva. Abdoulaye WADE devint le 3ème Président du Sénégal. Il dira ceci de célèbre : « Les Sénégalais sont fous de moi ! » On comprit plus tard que les Sénégalais étaient simplement fous et que Wade n’avait rien à y voir !

Le régime du vieux baroudeur, attachant, chahuteur, redoutable intellectuel, combattant intrépide et increvable, si rusé qu’il fut mangé par ses ruses, mena une révolution où le Sénégal perdit son haleine ! Il s’en donna à cœur joie. Il créa et favorisa une nouvelle bourgeoisie à coup de milliards ! Il ouvrit les portes sacrées de l’État à tous les péchés ! Le dernier Mohican qu’il était réalisa ses fantasmes les plus incongrus mais laissa dans l’histoire le souvenir d’un homme au cœur vaste comme une cathédrale ! Il portait allégrement une étrange, confuse et double personnalité. Sa franchise, son charisme, étaient tranchants qui s’accommodaient peu de diplomatie. La France en fera les frais, le FMI et la Banque mondiale avec ! Il fit hélas de son fils la terre, le ciel, le soleil et la lune. Cela laisse encore des souvenirs amers et des traces difficiles à effacer. Ce choix paternel émouvant et tragique allait changer la donne ! Un homme se trouva soudain au milieu de la mêlée, là où il ne fallait pas : Macky Sall, alors Président de l’Assemblée nationale du Sénégal après avoir occupé le strapontin de Premier Ministre. Le Président Wade avait fait de lui son chouchou et lui avait fait un ascenseur moelleux à lui seul et à une vitesse telle, qu’il gravit tous les échelons en TGV, dans le vertige et le confort !

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Cet homme discret, ferme et fermé, peu bavard mais si affectueux et si contagieux quand il chahute, se réveilla un jour et apparut comme l’ennemi numéro 1 de son généreux et puissant bienfaiteur. Le Président Wade l’accusait d’enlever l’escalier sous les pieds de son fils Karim Wade qu’il souhaitait voir le remplacer à la tête de l’État du Sénégal. La sanction arriva sans tarder. Elle fit scandale aux yeux du peuple sénégalais ! Macky Sall venait de s’inscrire dans un face à face politique et tragique avec son maître ! Il remportera les élections présidentielles face à Abdoulaye Wade alors que l’on attendait Moustapha Niasse. Là encore, les événements avaient joué et décidé pour l’enfant prodigue de Fatick !

Qui remplacera Macky Sall en 2024 ? Des événements sont-ils arrivés pour favoriser un candidat sur tous les autres, avant même que les Sénégalais ne votent ? Sans peur, quitte à être fusillé ou pendu, la réponse de Ndour Ndama mon ami charretier est tout de suite : oui ! L’histoire va-t-elle se répéter encore et encore ? Il répond : «Non, si Ousmane n’est pas éligible ! Oui, s’il l’est et pour les mêmes raisons qui ont prévalu par le passé et qui ont favorisé le choix des électeurs pour tel candidat pris en sympathie, à tort ou à raison, et dont le combat a ému les Sénégalais !» Ainsi donc, les événements votent et sont plus décisifs souvent que le peuple Sénégalais qu’ils entrainent avec eux ! Au fond des urnes, ils nous donnent notre Président !

Mon ami charretier, au bon sens si savoureux, loin des amphithéâtres, des robes et toges, des encyclopédies, des dogmes et enfermements idéologiques, de l’étroitesse des partis politiques, conclut, à mon grand étonnement, avec un ton doctoral : «Attachez un fou, ce n’est pas le torturer, ce n’est pas ne pas l’aimer, mais le protéger contre soi et contre lui-même ! Ce pays doit être protégé contre tout ce qui le menace et l’explose ! Des hyènes féroces y sont entrées habillées en peau de gazelle ! Ce pays doit être épié ou il sombrera sous les coups des hommes politiques ivres de pouvoir ou déjà rassasiés mais toujours affamés. Ainsi donc, en comploteurs et complotistes, on s’amuse en petits et grands marquis avec chacun ses laquais, à proposer le paradis au peuple, à s’accuser et à jouer au plus patriote, loup contre loup ! Et le peuple en pâtit, mon cheval vanné et ma charrette gagne-pain et gagne-dignité en lambeaux, avec !»

Pauvre de nous qui décidons du trône et qui laissons le trône décider à sa guise de notre triste sort ! Et si nous tentions de changer d’abord l’homme sénégalais ? Nous nous occuperons de la démocratie, plus tard ! Inspiré, mon ami Ndour Ndama tapotant son cheval crevé, me confie : «Amadou, tu ne crois pas qu’il est temps de remplacer les hommes par les femmes pour guérir le Sénégal ? Elles sont plus reposées, plus reposantes, plus justes, plus travailleuses, plus responsables, plus conquérantes et désormais plus instruites. Elles ont un esprit plus aiguisé que les forts en gueule. Loup contre loup, ne construit pas un pays ! Les brebis n’y auront jamais leur place ! Il faut décongeler les cœurs !» Sacré ami charretier ! Je répondis : «Oui, un peuple est plus beau quand il est amoureux !»







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