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RÊver Du Possible C’est Le Coeur De La Politique

« Etre roi est idiot. ce qui compte, c’est de faire un royaume ». André Malraux

En politique, le devoir de faire l’emporte sur le pouvoir de dire. Il n’empêche que la politique demeure pourtant une affaire de politesse, et de perspicacité dans la stratégie.

Thomas Sankara auquel pourtant Ousmane Sonko voue une quasi idolâtrie, au point de faire ses interviews à côté de son bien visible portrait, aimait dire qu’en politique, comme en pharmacie, il fallait toujours agiter la solution avant de s’en servir, autrement dit, en éprouver les impacts, avant qu’elle ne devienne, « buvable et digeste ».

C’est presque une opportunité, certes aux accents funestes, qui s’offre aux Patriotes, d’être dans une situation de devoir comme on dit « passer leur tour », au grand dam des militants qui avaient au vu de sa fulgurante percée, imaginé que « Le Grand Soir était arrivé », et qu’il suffisait de diffuser des slogans vindicatifs, parfois aux confins d’un ressentiment teinté d’une haine sans objet clairement défini, pour capitaliser et entrevoir l’aboutissement inéluctable d’un projet politique, qu’aucun leader de Pastef n’aura cru bon d’en dessiner les contours et d’en pointer avec leurs militants, devenus des quasi-talibés, les obstacles dressés sur le chemin pourtant nécessaire à prendre vers une nouvelle République.

Cette adhésion d’une jeunesse transie « d’espoirs désespérés » aux discours martiaux d’Ousmane Sonko, qui avait une solution pour tout, sans exiger des populations qui buvaient ses paroles comme d’Evangile, de s’accomoder à la nécessité d’efforts de réflexion, de compréhension et de transformation du « mindset » sénégalais, et les préparer à la dure réalité que pour changer le Sénégal, il convenait avant tout de changer le Sénégalais.

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L’erreur du leader de Pastef fut peut-être, porté par cette vague populaire, d’oublier que la politique, ça ne consiste pas à suivre le courant, mais à indiquer le cap, et que la valeur d’un Général, réside dans sa stratégie et non dans son courage. Passant sans s’en rendre compte du populaire au populisme, les cadres des Patriotes se mirent à parler aux instincts, parfois bas, et plus du tout aux neurones, déposant leurs ubris dans d’insoutenables raccourcis. La « Sonkodépendance »?

Le « So ko lalé » chanté en quasi état de ferveur religieuse et d’adoration par des milliers de jeunes partout où il allait, finirent de faire oublier à Ousmane Sonko, que face à un État, quel qu’il soit, il convient, comme dans la vie d’user de souplesse et d’ouverture pour s’adapter à la stratégie de son adversaire, sachant qu’on n’obtient rien en fonçant tête baissée dans le mur. Sonko lui-même s’est conduit comme un kamikaze ou du moins comme un martyr islamiste palestinien, qui se serait mis une ceinture d’explosifs et qui aurait confié le détonateur aux Israéliens.

Aujourd’hui, la faiblesse de Pastef demeure dans le fait que plus les espaces de débat éclairé et faits de propositions seront ouverts, moins il y aura des dérives graves de la part des acteurs partisans. Le fait de parler à partir d’un groupe partisan homogène, c’est comme agir en foule, on perd le sens de la mesure ! D’ailleurs les jeunesses de Pastef sont omnibulées par l’importance qu’elles accordent au nombre de vues sur YouTube, espace d’échanges et d’entre-soi, qui de fait favorise les fake-news, les approximations et aussi les punchline vides de sens, accentuant gravement leurs faiblesses doctrinales. Sans oublier les carences en responsabilité politique de certains de des cadres et compagnons d’Ousmane Sonko, qui auront pu en toute désinvolture traiter Macky Sall d’empoisonneur et Alassane Ouattara d’assassin en une seule et même phrase, démontrant négativement au peuple sénégalais, que des personnages aussi légers auraient pu se trouver en position d’être Premier ministre d’un pays gouverné par ce qu’ils avaient coutume d’appeler PROS. Alors, ivres de rue publique, certains pensent que pour prouver leur courage, il faut être péremptoire et oser des énormités, dévoilant souvent ce caractère lâche de ceux qui insultent leurs adversaires planqués derrière l’écran de leurs ordinateurs. La haine de l’adversaire comme programme de gouvernement, c’est vraiment court, elle assombrit l’esprit et fait obstacle à la stratégie. Cependant, il convient ici d’avoir l’honnêteté de dire que le combat de Pastef, hormis ses dérives flagrantes, s’est basé sur un constat de prédation quasi criminelle d’un pouvoir sans réaction judiciaire à ce sujet. Leur combat était juste. Leur méthode reste inadaptée.

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Quelle que soit la lettre qu’on lui adjoint, A, B, ou C, un autre plan est nécessaire.

Les Patriotes sont à ce point restés focalisés sur l’homme providentiel, seul détenteur de la vérité et des clés de l’inéluctable victoire, que la probable absence d’Ousmane Sonko de la prochaine présidentielle, ne leur ouvre comme seule perspective héroïque, que d’en empêcher la tenue, adossés à un suicidaire jusqu’au-boutisme, qui justifie de tout cramer, au lieu de dérouler, même absent, ses idées, sa vision, et de l’installer durablement dans les esprits de ceux qui avaient su faire coincider leurs rêves et leurs espoirs, avec ce que cet homme proposait du plus profond de sa probité, de son patriotisme et de sa détermination, à faire exister un projet qui avait enthousiasmé les Sénégalais, notamment la jeunesse, prête à tous les sacrifices pour le réaliser.

La rue n’est pas et n’a jamais été une réponse à un pouvoir même dictatorial, et la seule voie d’accès au pouvoir est celle qui passe par les urnes, remplies par ceux auxquels il a été demandé de dépasser les réactions émotionnelles, et de faire du combat politique, une réflexion stratégique, portée par des hommes et des femmes, qui auront été formés à en diffuser les préceptes et à dérouler des compétences et des aptitudes propres à poser les cadres et les moyens d’atteindre les objectifs définis par leur vision. L’espoir n’est pas une stratégie, la chance n’est pas un paramètre, la peur n’est pas une option. Le changement ne peut être que démocratique. La bataille, c’est les urnes ! Pour changer, faut les remplir…

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