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Le Senegal Dont Ils Nous Font Rever

Après le 2 avril, nous aurons enfin le Sénégal dont tous les Sénégalais rêvent. C’est du moins ce dont on peut se convaincre à lire les programmes des différents candidats à la présidentielle. Une lecture revigorante, qui permet de se convaincre, si besoin en était, que le Sénégal est un pays aussi riche en ressources humaines que naturelles. Tous les candidats nous promettent un développement endogène, autocentré, mais ouvert sur les pays africains. Certains de ces programmes ne sont pas très détaillés, et on ne sait pas s’il s’agit juste d’ébauches ou si les concepteurs se sont retrouvés subitement à court d’idées et ne pouvaient produire plus.

Je n’ai pas non plus lu tous les programmes de tous les 19 candidats, je dois l’avouer. Ainsi, celui de Amadou Ba, le candidat officiel de la Coalition Benno, m’a semblé tellement tiré du Plan Sénégal émergent dont le candidat a d’ailleurs été le principal maître d’œuvre et défenseur, qu’il ne m’a pas semblé nécessaire de tout parcourir. D’autant plus que ce fameux Pse a été la cible des attaques dans certains autres de ces programmes rivaux. Normal aussi, si l’on se dit que chacun des candidats se positionne par rapport à l’existant. Et sur ce point, il y aurait beaucoup à dire.

Entre le candidat qui nous promet dans les deux années de son accession à la magistrature suprême, un accès quasi généralisé à l’eau potable, à l’électricité, à l’éducation et à la santé, ou l’autre qui nous assure une baisse de plus de la moitié des prix des denrées de première nécessité, sans oublier l’autre qui veut garantir aux paysans un prix plancher de commercialisation de l’arachide à 500 francs le kilo, il y a de quoi avoir l’embarras du choix.

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Quand on ose se poser la question de savoir où le pays va trouver les moyens de mettre tout cela en musique, certains nous promettent à terme, notre propre monnaie, avec notre banque centrale nationale.

Il ne faut pas non plus oublier l’apport attendu des recettes tirées de l’exploitation des hydrocarbures. L’intérêt de ces programmes, c’est de montrer que l’on a jusqu’ici eu à la tête du pays, des personnes soit incapables, soit vraiment pas intéressées par les intérêts du pays. Ainsi, quand ce candidat dit par exemple : «nous développerons nos capacités de production et nos produits locaux pour mieux répondre à la demande intérieure en tenant compte des exigences liées à la protection de l’environnement. Nous développerons, professionnaliserons et moderniserons le commerce de proximité. Nous développerons les infrastructures routières, ferroviaires et maritimes pour faciliter le transport des matières premières et des produits agricoles, et l’accès aux zones agricoles. Nous renforcerons la promotion de la consommation locale et des produits de nos terroirs par : – La valorisation de notre identité culinaire en revisitant les recettes sénégalaises et en innovant ou réinventant nos plats locaux ou africains ; – La labellisation et la production de nos produits locaux et leur protection (ex. Aoc).

Nous mettrons en place une politique de priorité nationale réservant à nos entrepreneurs et producteurs locaux une proportion des marchés de la commande publique», on doit pouvoir se dire que si les politiques mises en œuvre à ce jour, qui étaient tout à fait similaires, n’ont pas produit les résultats escomptés, c’est que les personnes chargées de leur mise en œuvre n’ont pas fait montre de bonne volonté.

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D’ailleurs, la preuve est que même la seule véritable agence des statistiques de ce pays n’est pas vraiment fiable. C’est pourquoi, dit ce candidat : «Nous doterons l’Ansd de moyens financiers et humains suffisants, pour lui permettre de fournir des données statistiques fiables.» Là, il n’a pas tort, quand on se dit qu’une bonne partie du budget de l’Ansd provient des ressources des bailleurs étrangers, qui lui imposent des règles strictes de fiabilité pour pouvoir continuer à en bénéficier. Ce qui fait qu’il est difficile pour le gouvernement de contrôler les données publiées par cet organisme.

Il y a aussi la volonté de développement du secteur privé. Ce candidat veut : «Formaliser la participation du privé national par le système d’actionnariat dans les sociétés de droit sénégalais ; mettre en place un titre foncier agro-industriel et responsabiliser le privé national dans la création de l’emploi ; institutionnaliser la préférence nationale permettant de disposer de points de bonification pour accéder à la commande publique et à l’investissement industriel (discrimination positive).» Macky Sall et, avant lui, Abdoulaye Wade et Abdou Diouf ont buté sur la participation du privé dans les politiques économiques pensées et imaginées par l’Etat. Souhaitons aux nouveaux venus d’avoir de meilleurs résultats. On imagine que s’ils réussissent, c’est le pays et le Peuple sénégalais qui en bénéficieront. A condition que certains d’entre eux reconnaissent qu’ils ne partent pas sur un terrain vierge. A moins qu’ils ne veuillent que ces jeunes qu’ils entraînent derrière leurs cortèges leur posent la question : «Avons-nous une place dans ce monde futur ?»

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