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Les ÉvÉnements Au Soudan Sont Une Cicatrice Pour L’humanitÉ

À entendre les récits d’horreur provenant du Soudan, des réfugiés qui ont réussi à s’échapper ou des millions de personnes qui ont été déplacées de force à l’intérieur du pays, on ne peut que conclure que l’humanité est une fois de plus mise à l’épreuve. Nous manquons spectaculairement à nos devoirs envers le peuple soudanais, mais aussi envers ceux qui travaillent au service de la paix. Ce qui se passe actuellement au Soudan montre clairement que l’humanité n’a rien appris du Rwanda, du Kosovo et d’ailleurs.

Le déclenchement du conflit, le 15 avril, ne s’est pas produit dans le vide. Les signes étaient là ; il s’agissait simplement de savoir quand, et non pas si. Alors que le renversement en 2019 du dictateur de longue date, Omar al-Bashir, après des mois de manifestations populaires, avait apporté un répit à la population et un espoir pour l’avenir, les événements qui ont suivi la révolution ont laissé entrevoir un pays divisé.

Les élites n’étaient pas disposées à renoncer à leur position privilégiée au sommet. Elles étaient réfractaires à toute idée de responsabilité pour les crimes passés et sapaient la participation des civils à la détermination de l’avenir du pays.

Avec de tels signes, il était donc optimiste de penser que quelque chose de positif aurait pu sortir de ces individus qui avaient mis le Soudan à genoux et l’y avaient maintenu, tout en infligeant des souffrances et des humiliations au peuple soudanais. Il est tragique que le conflit se soit étendu de la capitale, Khartoum, aux régions rétives du pays, notamment au Darfour, qui a connu sa part de souffrance. Ce qui se passe au Soudan devrait être une source de honte, une cicatrice sur notre humanité collective

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Après la Seconde Guerre mondiale, l’humanité s’est réunie pour établir la charte des Nations unies, s’engageant à respecter les valeurs communes d’égalité et de dignité de l’humanité. La création de la charte était fondée sur la nécessité de « préserver les générations futures du fléau de la guerre ». Le Conseil de sécurité des Nations unies devrait et doit assumer cette responsabilité historique au Soudan.

Si la charte confère au Conseil la responsabilité de maintenir la paix et la sécurité internationales, elle l’invite également à agir conformément à l’objet et aux principes des Nations unies, qui incluent le respect des principes de justice et du droit international, la promotion et l’encouragement du respect des droits de l’homme et la coopération de bonne foi pour résoudre les problèmes internationaux de caractère humanitaire. Le Conseil de sécurité doit intervenir et engager le Soudan à mettre fin à ce conflit et à permettre un accès sans entrave à la région afin que la population puisse recevoir une aide humanitaire essentielle, notamment des médicaments et de la nourriture.

Le Conseil de sécurité doit réaffirmer sans équivoque aux belligérants soudanais que les responsables de violations des droits de l’homme et du droit humanitaire international devront rendre des comptes. Ceux qui entravent délibérément l’accès à l’aide humanitaire vitale ou qui emploient des tactiques interdites pour atteindre des objectifs militaires devront rendre des comptes au peuple soudanais ou à la communauté internationale. Le Conseil devrait être un pare-feu fiable contre l’injustice.

Lorsque le général Abdel Fattah al-Burhan, chef de l’armée soudanaise et dirigeant de facto du pays (Al-Burhan a mené un coup d’État qui a évincé les dirigeants civils en 2021), s’adressera à l’Assemblée générale des Nations unies vendredi, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, devrait saisir l’occasion pour le presser de placer les intérêts du peuple soudanais au-dessus de tout.

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Il est également urgent de rappeler aux dirigeants africains que l’Union africaine, en vertu de son acte constitutif, dispose de l’un des mécanismes d’alerte précoce les plus développés pour prévenir les conflits, avec un cadre juridique qui permet aux États d’intervenir s’ils craignent la possibilité d’un génocide ou de crimes de guerre. Il est temps que ce mécanisme soit activé dans l’intérêt du peuple africain.

Des personnes sont assises sur un sol taché de sang, un homme est sous perfusion. Au premier plan, une femme portant une burqa

Les civils sont pris pour cible dans la ville de Khartoum déchirée par la guerre, alors que les pauvres et les personnes âgées restent pris au piège.

Ce conflit déchirant remet en question la crédibilité de l’UA. Elle doit faire plus et de toute urgence pour refléter et réaliser les visions de ses fondateurs, mais aussi les attentes des Africains, qui la considèrent de plus en plus comme le garant de la paix sur le continent.

Le monde a déjà connu le pire et je crois que nous avons appris quelque chose des tragédies passées pour nous aider à prendre les meilleures décisions dans l’intérêt de notre humanité collective. Le Conseil de sécurité des Nations unies doit faire preuve, en actes et en paroles, d’un engagement sans équivoque à soutenir le peuple soudanais dans la reconstruction de son pays, sur la base de la paix, de la justice et de l’égalité des citoyens pour tous.

Ce qui se passe au Soudan devrait être une source de honte, une cicatrice sur notre humanité collective. J’implore la communauté internationale de faire davantage pour résoudre ce conflit tragique, qui a condamné des millions de personnes à la misère et au désespoir.

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Adama Dieng est un expert sénégalais des droits de l’homme, conseiller spécial à la Cour pénale internationale, ancien Secrétaire général adjoint des Nations unies et conseiller spécial pour la prévention du génocide.







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