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Enneagramme : Choc De PersonnalitÉs

Derrière le conflit opposant Macky Sall et Ousmane Sonko se cache un choc de types de personnalité. Parler de personnalité revient à accorder à la dimension psychologique une importance non négligeable. L’outil de typologie de personnalité que j’utilise dans cet article est l’ennéagramme. D’après cet outil, tous les types se valent. Lorsque nous gagnons en maturité, le niveau de développement du type s’élève, entraînant ainsi une bonne intégration de la personnalité.

On identifie un type essentiellement par des traits de caractère et une motivation inconsciente. Un trait peut être actualisé (manifeste) ou potentialisé (implicite). N’ayant pas échangé de façon approfondie avec les deux protagonistes, j’avoue d’emblée que l’exercice de détermination de leur type de personnalité que j’ai entrepris peut-être entaché d’erreurs. Je reste dans les généralités et j’invite ceux qui connaissent bien ces protagonistes à jeter un regard critique qui peut m’aider à confirmer, infirmer ou compléter l’identification de leur type.

Par leurs comportements, actions et réactions, je crois que Macky Sall et Ousmane Sonko sont respectivement un type 6 contre-phobique et un type 1. Je dois dire que j’ai raisonné en termes de probabilités. Pour obtenir plus d’information sur la description des types, voir les articles : « ennéagramme : généralités partie 1-3 », « ennéagramme : les centres d’intelligence partie 2-3 ». Dans la partie glossaire, vous retrouverez des liens vidéo présentant ces deux types.

Que peut-on apprendre du type 6 contre-phobique et du type 1 ? J’explorerai, pour chacun, les éléments suivants : la vision du monde, la qualité première, les autres caractéristiques de la personnalité, les limites observées lorsque la personnalité se désintègre, la passion (ou motivation inconsciente), le centre d’intelligence préféré (entre l’instinctif, le mental et l’émotionnel), le centre dominant et le centre réprimé, le problème de base du centre et la stratégie pour régler ce problème, le mécanisme de défense, les points aveugles et comment aider le type à évoluer vers l’intégration de la personnalité.

Vision du monde

Type 6

Le monde est conflictuel, dangereux, peu fiable. Je dois être vigilant pour trouver ma place.

Sa devise est : Je trouve une sécurité, j’existe.

Type 1

Le monde est sérieux et exigeant. Il faut être exemplaire et irréprochable.

Sa devise est : Je suis parfait, j’existe.

Qualité première

Type 6

Vigilance

Sens des responsabilités. Engagement. Fiabilité. Bonne capacité de discernement (en général).

Type 1

Sens de la perfection

Vertu (bonne conduite avec un accent sur l’intégrité). Qualité. Conformité.

Autres caractéristiques

Type 6

Chaleureux, attachant, avenant, fiable, engagé, sens des responsabilités, pragmatique, sur ses gardes pour ne pas subir, assimile vite les schémas efficaces et les déploie dans le sens qui lui accorde le maximum de sécurité.

Type 1

Clair, cohérent, attaché aux principes, intègre, constant, sens de l’auto-contrôle, niveau de qualité très élevé, adepte de la conformité et de l’amélioration continue, assimile les règles et normes et s’efforce de les respecter.

Limites quand la personnalité se désintègre

Ces limites peuvent être transcendées (potentialisées) selon le cursus ou l’expérience de la personne. Le doute et la rigidité caractérisent respectivement le type 6 et le type 1 lorsque ceux-ci se trouvent à un niveau de développement bas ou modéré. Mais avec un travail de dépassement ou d’évolution, on peut les surmonter, à l’image de Jiddu Krishnamurti, type 6, ou de Richard Rohr, type 1.

Type 6

Potentiellement, les qualités évoquées plus haut peuvent entraîner : du doute et de la suspicion avec un mental qui est toujours en train de « scanner » les menaces et les mauvais scénarii (base de l’anxiété), de la crainte et de l’inquiétude pouvant saper l’estime de soi et la confiance en soi ; de la perte de confiance en ses propres pensées ; de l’ambivalence (chaleureux/opiniâtre, dépendant/indépendant, confiant/méfiant, soumis/rebelle, etc. ; « on dit du type 6 qu’il est facile à aimer et difficile à cerner »), un besoin de « prothèse » du moi (famille, idéologie, etc.) appelé également « cadre », du cynisme (le monde est en général constitué de personnes malveillantes ; si tu es avec moi je te gère, si tu es contre moi, je te combats), une méfiance (difficulté à faire confiance aux autres) couplée à de la sur-confiance (à l’endroit des intimes), de la projection (attribuer aux autres des intentions, des pensées, des motifs, des paroles, des actes qu’on a du mal à accepter chez soi), entraînant une tendance à accuser.

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Type 1

Potentiellement, les qualités évoquées plus haut peuvent entraîner : de la rigidité, du dogmatisme, de l’inflexibilité, de l’intolérance, de la vision en noir et blanc (pas de place pour les nuances : bon vs mauvais, juste vs injuste, vrai vs faux), peu de sens des subtilités, un raisonnement linéaire avec des certitudes très fortes, très exigeant, très critique envers soi-même d’abord et vis-à-vis des autres aussi, de l’esprit de jugement (« pourquoi les autres ne font pas autant d’efforts que moi ? ; la perfection, la conformité et l’intégrité sont surtout le résultat de l’effort individuel »), de la communication injonctive (il faut, on doit, etc.), de la difficulté à déléguer, du surcontrôle de soi (vis-à-vis des émotions et des pulsions) ; très attaché à sa vérité qu’il confond avec La vérité et peu en contact avec ses émotions (qu’il réprime).

Passion

La passion est définie comme l’état émotionnel quand la personnalité est dans son ego (caractérisé par le niveau de développement bas ou moyen).

Type 6

Anxiété : quand on voit vite et loin avec un mental suractif, on perçoit facilement des menaces qui sont source d’anxiété (peur mentalisée). On est alors sujet au doute et cela entraîne un manque de tranquillité d’esprit (ou de paix intérieure). Toute prothèse (guidance extérieure) capable de calmer cette suractivité de l’esprit devient une partie intégrante du moi (partie nécessaire à l’équilibre du moi).

Type 1

Ressentiment : quand on est doté d’une énergie vitale assez importante où se mêlent pulsions, désirs intenses, besoins, qui peuvent être source de chaos, le type 1 choisit de la réprimer. Il fait alors de gros efforts pour se conformer aux standards ou normes. Malheureusement, les autres ne faisant pas autant d’efforts, cela suscite de la colère et surtout du ressentiment.

Centre préféré, centre dominant et centre réprimé.

Type 6 contre-phobique

Centre préféré : le centre mental.

Centres réprimés : le centre émotionnel et le centre mental (puisqu’il n’assure pas la paix de l’esprit). En co-réprimant le centre mental, on perd une de ses qualités : la retenue. La répression du centre émotionnel entraîne la perte de la capacité d’ouvrir son cœur (peu d’empathie, peu de compassion). Silencieusement, de façon inconsciente, le centre mental (avec l’anxiété qui en est le noyau) pilote le centre instinctif.

Centre dominant : le centre instinctif. La personne fait l’objet d’une colère anxieuse.

Le problème de base du centre : obtenir la sécurité face à un monde dangereux.

Stratégie du type 6 contre-phobique : elle s’appuie sur la vigilance.

Les schémas de comportement tournent essentiellement autour de : la vigilance, la projection et la réaction face à la peur (combat ou surréaction vs fuite ou sidération). Dit autrement, cela consiste à :

– essayer de trouver un sentiment de contrôle et de sécurité dans ce monde dangereux en doutant et en testant.

– projeter la peur sur les autres.

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– agir sur la peur au lieu de la posséder (par surréaction ou fight). Le 6 contrephobique affronte la vie par le combat, la pugnacité, l’intrépidité, l’intimidation, avec toutes les ruses que cela requiert (recul pour mieux sauter, un pas en arrière, deux pas en avant, etc.) ; l’anxiété, logée dans son inconscient pilote une bonne partie de ses comportements, mais elle ne remonte pas au niveau de sa conscience ; c’est pourquoi le 6 contre-phobique dit qu’il n’a peur de rien ; Il est capable de relever de très gros défis ; l’énergie vitale (surréaction, attitude combative démesurée) est utilisée pour calmer le mental suractif ; son crédo est : « La meilleure manière de se défendre, c’est d’attaquer ».

Type 1

Centre préféré : le centre instinctif.

Centre réprimé : le centre mental (pour certains types 1). En réprimant ce centre, on perd une de ses qualités : la retenue.

Centre dominant : le centre instinctif. La colère du type 1 est dirigée essentiellement contre lui-même. La personne fait l’objet d’une colère contenue (colère gardée à l’intérieur de soi avec du ressentiment).

Le problème de base du centre : obtenir le maximum d’autonomie face à un monde exigeant et sérieux.

Stratégie du type 1 : elle s’appuie sur la qualité et la vertu.

Ses schémas de comportement tournent essentiellement autour de : la norme, la conformité et l’hyper-contrôle. Dit autrement, cela consiste à :

– mesurer les choses par rapport à une norme idéale et rechercher la perfection chez soi et chez les autres.

– respecter scrupuleusement les normes ou règles et éviter les erreurs ; endurance, persévérance, intrépidité, détermination et engagement sont mis à contribution.

– réprimer ses sentiments, besoins ou pulsions (le devoir avant le plaisir).

Mécanismes de défense

Nous utilisons très souvent la plupart des mécanismes de défense pour satisfaire notre compulsion (évitement compulsif) et assurer notre intégrité psychologique. Les types 6 et les types 1 utilisent plusieurs mécanismes de défense, mais en particulier, le type 6 fait appel à la projection (pour éviter la déviance), le type 1 a surtout recours à la formation réactionnelle (pour éviter la colère).

Type 6

Projection : on place à l’extérieur de soi, ce qui est de l’ordre de notre expérience intérieure (intentions, pensées, motifs, paroles, actes) qu’on a du mal à accepter chez soi. Ce qui nous dérange chez les autres, c’est seulement une projection de ce que nous n’avons pas résolu en nous-même. On peut l’illustrer par la parabole de la paille dans l’œil du voisin et de la poutre dans son propre œil.  Culpabiliser les autres est en effet la meilleure façon de se déculpabiliser soi-même.

Type 1

Formation réactionnelle : penser, sentir et dire le contraire de ce que l’on est plus enclin à faire. La tendance est de substituer un comportement acceptable à des pulsions inacceptables en s’opposant à un désir refoulé. Exemple : une fille qui se démène pour prendre soin de sa mère alors qu’elle ressent de temps à autre une haine pour celle-ci. Cette pulsion de haine étant ressentie comme mauvaise, elle fait exactement le contraire de cette pulsion et la réprime dans son inconscient.

Points aveugles

Ces éléments sont complètement rejetés au niveau de l’inconscient. Mais dépendamment des expériences et du cursus, le type peut parfaitement les remonter au niveau de la conscience. Cela va beaucoup l’aider dans son travail d’évolution.

Type 6

Projection, incertitude et ambivalence, données positives, vulnérabilité (pour le type 6 contre-phobique)

Type 1

Colère ou ressentiment, critiques, répression des émotions et des pulsions, ses qualités (toujours plus)

Comment les aider à évoluer vers l’intégration de la personnalité ?

Type 6

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– cultiver la quiétude de l’esprit et recadrer la perception et le modèle de pensée (ceux issus de l’anxiété et des projections très souvent confondus avec l’intuition) ;

– développer la confiance aux autres ; bien noter comment la boucle de méfiance fait voir ce que l’on cherche ;

– accepter que l’incertitude fasse partie de la vie ;

– apprendre à être plus vulnérable (bien noter l’anxiété qui se cache derrière l’agressivité et le besoin d’intimidation) ;

– accepter courageusement la peur (le courage n’est ni la fuite, ni la sidération, ni la surréaction) ;

– prendre en compte le coût émotionnel dans les interactions et développer de l’empathie et de la compassion pour tous (ces sentiments sont généralement présents pour les intimes) ;

– apprendre à interagir avec des gens meilleurs que soi sans chercher à intimider ;

– se connecter à ses émotions

Type 1

– cultiver la quiétude de l’esprit, faire le deuil de l’idéal de perfection et accepter le traitement des sentiments de frustration et les ressentiments ;

– développer le lâcher-prise ;

– relaxer le critique intérieur ;

– être plus flexible et tolérant (accepter que l’imperfection soit dans la perfection ; parler de ses tares au lieu d’évoquer celles des autres) ;

– accepter la diversité et la présence de plusieurs vérités ;

– sortir du jugement ;

– entrer en contact avec ses émotions ;

– éviter les raisonnements simplifiés linéaires et développer l’approche systémique ;

– apprendre à nuancer et à développer le sens des subtilités ;

– développer l’empathie et la compassion ;

– acquérir la bonne écoute et accepter les feedbacks négatifs.

Peut-on reprocher à un individu d’avoir un mental suractif ? Non. Peut-on reprocher à un individu d’avoir un surcroît d’énergie vitale ? Non. Peut-on reprocher à un individu d’être trop sensible ? Non. Pourtant, la plupart de nos dérives proviennent essentiellement des stratégies que nous déployons pour faire face à ces situations. Celles-ci étaient efficaces lorsque nous étions enfants ; maintenant elles sont devenues caduques et inefficientes pour la collectivité. Pour dépasser ces stratégies, il faut d’abord les connaître. Loin de nous l’idée de dire que toutes les limites exposées plus haut sont manifestes chez nos deux protagonistes (Macky Sall et Ousmane Sonko). Ils n’ont certainement pas besoin de toutes ces recommandations, mais il est possible que quelques-unes se révèlent très utiles dans leur effort pour une meilleure intégration de leur personnalité.

Liens de vidéos présentant les types 6 et 1 

Pour le type 6 :

https://www.youtube.com/watch?v=MW5GZTxIzuI

https://www.youtube.com/watch?v=WJbR4uMLjWw&t=162s

https://www.youtube.com/watch?v=tZeaeMsylQk ,

Pour le type 1 

https://www.youtube.com/watch?v=99E2c7bEnrw

https://www.youtube.com/watch?v=2SObEp6AWqI&t=11s

https://www.youtube.com/watch?v=wZ7LCfZ1I4o.

Glossaire :

Phobique : relatif à la peur.

Contre-phobique : relatif à l’attitude qui consiste à affronter directement l’objet de sa phobie.

Cynisme : dans l’acception courante, c’est une bravade contre les convenances, les valeurs, les principes et les normes de la société. L’acception ici est surtout une absence de foi en l’humanité (les gens sont dans la malveillance en général ; il n’y a que du jeu dans les relations humaines ; je joue le rôle qui me procure le maximum d’intérêt).

Lâcher-prise : accepter les choses, arrêter de défendre ou de s’accrocher à des idées.

Critique intérieur : le juge intérieur est la petite voix qui souhaite que l’on se conforme à sa référence « jugée » comme la bonne. Ce juge engendre des dialogues intérieurs désagréables du type : « Tu n’aurais pas dû dire ça/faire ça ! » ; « Tu n’es pas assez compétent/assez expérimenté ! » ; « Ça ne se dit pas/fait pas ! ».

Compulsion (ou évitement compulsif) : la partie de la réalité que l’ego ne peut pas gérer et évite de façon inconsciente.

ENNÉAGRAMME : GÉNÉRALITÉS

ENNEAGRAMME : LES CENTRES D’INTELLIGENCE







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