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Jakarta Express Régional

S’il y a un secteur émergent au Sénégal, ce sont bien les vélos-taxis qui marchent cinq sur cinq. Les emplois-Jakarta font fureur. Il n’y a pas meilleur baromètre pour mesurer le cuisant échec qu’aucun saupoudrage ne peut cacher. C’est le résultat de politiques publiques calamiteuses des gouvernements successifs. En n’offrant que cette misérable perspective à la jeunesse, on ne fait rien d’autre que la trahir. C’est de la non-assistance à personnes en danger que cette activité de jakartamen, symptôme d’une méga-crise économique et sociale interne. Aussi léger que l’aile de moustique, cet engin horriblement laid n’est adapté ni à la sécurité routière ni au transport de personnes. Il n’y a que ces pays dépourvus d’amour propre pour l’adopter. On dirait des feuilles mortes roulantes et parfois volantes déversées sans retenue sur le macadam et positionnées maintenant à tous les carrefours et croisements. Ceux qui se posent des bonnes questions se demandent d’abord qui les importe aussi massivement au Sénégal ? Et comment se fait-il qu’un État responsable accepte toute cette pacotille et toute cette poubelle sur le territoire national ? Si c’est pour enrayer le chômage endémique, c’est absolument nul. Ça voudrait dire qu’on est à court d’idées et sans aucune vision.

Génération sacrifiée

Échappant à tout contrôle, sans aucune maîtrise de son parc, cette fausse bonne solution est tout simplement une catastrophe. Outre l’insécurité et la sinistralité qu’elle génère, on sacrifie toute une génération qui n’a plus que le choix d’un métier sans avenir, sans queue ni tête. L’explosion des vélos-taxis se fait sur l’autel des vrais corps de métiers. Maçon, menuisier-ébéniste, plombier, électricien, spécialiste de l’automobile, peintre, soudeur métallique, etc., souffrent déjà de pénurie de main-d’œuvre. Avec ce phénomène qui a tout l’air d’une invasion de sauterelles, les jeunes qui s’y engouffrent, sans autre qualification ou savoir-faire, ont les mains ligotées sur le guidon. L’échec est là. Terrible et global. Chacun a sa part de responsabilité dans ce délabrement sans précédent. Nos cœurs secs ont fini par ne creuser que tunnel, gouffre, vide et rien de bon sur le chemin sinueux de nos jeunes frères abandonnés à eux-mêmes. Génération sacrifiée et même estropiée des membres et du cortex. Ni ingénieurs, ni médecins, ni professeurs, ni écrivains dans le cortège. Pour beaucoup d’entre eux, c’est déjà la retraite avant même d’avoir commencé. Qui pourra un jour évaluer le préjudice ? Avec l’émigration clandestine et ses dégâts, c’est un continuum. Le même péril. Sans formation ni éducation pour la plupart, inutile donc de leur parler de soif de connaissances. Ce serait du charabia. Le goût des livres et de la lecture, connais pas. Ils en sont privés pour de bon. Quel scandale et quelle misère que cette politique qui prive des hordes de jeunes de tout ce qui fait sens. Il faut manger comme il faut boire et gagner sa vie coûte que coûte. Mais c’est essentiel de se cultiver. Ça nous différencie des autres vivants.

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Dans un contexte de séisme démographique, l’émerveillement doit façonner le capital humain. Il apporte paix et sérénité intérieures qui tuent dans l’œuf les mauvaises insurrections et mauvais comportements. Sans code de conduite, la prévention routière n’est que canular. Faire une chose et son contraire s’apparente à de la schizophrénie. Seulement, quand on est dans l’impasse et au pied du mur, il ne faut pas s’émouvoir des attitudes de survie. Elles vont se décupler partout dans l’espace public. Dans pareils cas, les gouvernements ressemblent de plus en plus à des ornements totalement dépassés par les événements.







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