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Les Dechets Plastiques De L’afrique De L’ouest Pourraient Alimenter L’economie Au Lieu De Polluer Les Oceans

La pollution plastique est un problème environnemental urgent à l’échelle mondiale. Chaque année, environ huit millions de tonnes de plastique finissent dans les océans.

La plupart des 17 pays d’Afrique de l’Ouest ont des problèmes de gestion des déchets plastiques. Huit d’entre eux figurent parmi les 20 pays dont les pratiques de gestion des déchets plastiques sont les moins efficaces – contre cinq en 2015. Cette situation a aggravé la pollution marine et a eu des répercussions négatives sur les activités de la région.

Les provinces côtières représentent environ 56 % du PIB de l’Afrique de l’Ouest et un tiers de la population y vit. En 2018, les pays d’Afrique de l’Ouest ont lancé le Programme de gestion des zones côtières d’Afrique de l’Ouest pour protéger et restaurer les ressources écologiques, sociaux et économiques des zones côtières. Il est censé y parvenir en s’attaquant à l’érosion côtière, aux inondations et à la pollution. L’année dernière, il a reçu un financement supplémentaire de 246 millions de dollars de la part de la Banque mondiale. Cela porte le financement total du projet par la Banque mondiale à 492 millions de dollars. Pendant de nombreuses années, nous avons fait des recherches sur l’économie du développement, en particulier sur l’interface entre l’utilisation des ressources naturelles et le développement des pays. Nous avons également participé à des recherches sur la pollution plastique dans le cadre de l’initiative interdisciplinaire “Revolution Plastics” du Centre for Blue Governance de l’université de Portsmouth. Nos conclusions sur la pollution plastique pourraient aider les pays d’Afrique de l’Ouest à dépenser efficacement les fonds de la Banque mondiale. Nous recommandons que les pays commencent par quantifier le volume, le type et l’origine des plastiques rejetés dans les zones côtières. Ils doivent ensuite se concentrer sur la réduction des plastiques à la source, ainsi que sur la promotion de la réutilisation et du recyclage. Ils peuvent s’inspirer d’études de cas réussies au niveau mondial, qui peuvent être adaptées aux contextes locaux.

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DES OCEANS SAINS ET UNE ECONOMIE CIRCULAIRE

Le Programme de gestion des zones côtières de l’Afrique de l’Ouest a lancé des études pour évaluer l’impact environnemental et économique de la pollution plastique dans la région. Ces études visent également à explorer les avantages du passage à une économie circulaire : un système économique qui réutilise ou régénère des matériaux ou des produits de manière durable. Le programme prévoit qu’une économie circulaire créera de nouvelles opportunités économiques grâce aux marchés de réutilisation des produits et des matériaux. Au lieu de jeter les produits, ils peuvent être réintégrés dans l’économie. Cela peut créer une demande de services et de technologies liés à la collecte et au traitement de ces produits. Le programme peut bénéficier de la recherche sur la gestion durable des plastiques dans d’autres régions pour atteindre ses objectifs.

PARTENARIAT DE RECHERCHE

 Le Centre for Blue Governance dispose d’une expertise en matière d’économie bleue, de gestion des écosystèmes marins, de changement climatique et d’économie circulaire. Il a mené des recherches approfondies sur la pollution plastique à Portsmouth, une ville portuaire du Royaume-Uni, et au-delà. Nous avons constaté que la gestion durable des plastiques peut être réalisée de différentes manières. Ces stratégies pourraient être pertinentes pour des initiatives en Afrique de l’Ouest. Elles comprennent: • des partenariats inclusifs : en collaborant avec des entreprises, des militants et des citoyens dans le cadre de l’initiative Revolution Plastics, nous appliquons la recherche au développement de tissus écologiques et à la lutte contre la pollution microplastique. • des campagnes de sensibilisation par l’art : il est nécessaire de sensibiliser la communauté aux effets néfastes de la pollution plastique. Dans le cadre du projet Masibambisane en Afrique du Sud, nous avons exploré l’art de la rue, le théâtre et la chanson pour sensibiliser à la pollution plastique. Le projet a obtenu des résultats significatifs à KwaMhlanga, dans la province sudafricaine de Mpumalanga. Il a démontré que la sensibilisation par l’art pouvait inciter les gens à modifier leur comportement. Ces communautés comprennent désormais mieux l’urgence d’agir contre la pollution plastique.

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En outre, la mise en place d’installations de tri à proximité des habitations a permis d’augmenter les taux de recyclage et d’encourager des habitudes durables. Le programme d’Afrique de l’Ouest peut intégrer ces leçons dans le livre qu’il est en train de rédiger. Il s’agit d’un moyen de partager des informations sur les meilleures pratiques et d’encourager l’action au sein des communautés. • des projets de réutilisation et de recyclage : grâce à nos projets inDIGO-EU et Microseap, nous avons réduit les déchets plastiques en encourageant le recyclage et la réutilisation. Par exemple, le projet INdIGO a permis de mettre au point des engins de pêche biodégradables qui réduisent l’impact environnemental de la pêche en mer au Royaume-Uni et en France. Sur la base de ce projet, le programme de gestion des zones côtières d’Afrique de l’Ouest peut développer une alternative durable aux engins utilisés pour la pêche à petite échelle dans la région.

DU DIAGNOSTIC A L’ACTION

Les résultats de notre recherche suggèrent que pour une utilisation optimale du fonds de la Banque mondiale, le Programme de gestion de la zone côtière de l’Afrique de l’Ouest pourrait envisager les plans d’action suivants : • Collecter des données sur la pollution plastique : commencer par une étude régionale pour quantifier le volume, la typologie et l’origine des plastiques rejetés dans les zones côtières. Cela pourrait impliquer l’utilisation de technologies telles que les drones, les capteurs et la télédétection pour cartographier les foyers de pollution. Des enquêtes de perception pourraient également aider à comprendre les comportements et les attitudes liés à la pollution plastique. L’objectif est d’établir des indicateurs précis et des modèles prédictifs permettant de mesurer l’efficacité des interventions futures.

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• Planifier le passage à une économie circulaire : le plan devrait se concentrer sur la réduction à la source, la réutilisation, le recyclage et la récupération des matériaux. Un comité composé d’acteurs gouvernementaux, d’entreprises privées et de communautés locales pourrait superviser la mise en œuvre.

• Concevoir des programmes de sensibilisation et d’éducation de la communauté : ces campagnes devraient inculquer un sentiment de responsabilité environnementale et donner aux gens les moyens de participer activement à la réduction de la pollution plastique. L’implication des leaders d’opinion pourrait renforcer leur impact.

• Développer des moyens d’utiliser les déchets plastiques : les chaînes de valeur pour le tri, le recyclage et la valorisation nécessitent des infrastructures, comme des centres de tri modernes. Des technologies de recyclage avancées et des mécanismes de marché pour les matériaux recyclés sont également nécessaires. Des partenariats pourraient être établis avec des entreprises locales pour créer des produits à partir de plastiques recyclés, tels que des matériaux de construction ou des textiles. En investissant dans ces domaines ciblés, il est possible de créer un système durable qui offre des opportunités économiques et sociales aux communautés locales.

Elhadj Bara Dème

Research Associate, University of Portsmouth Pierre Failler

Professor in Economics and Director of the Centre for Blue Governance, UNESCO

Chair in Ocean Governance, University of Portsmouth

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