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Se Donner Une Date De Sortie Des Pma

Le Sénégal se targue de très bons résultats sur son Indice de développement humain, et le gouvernement se gargarise des progrès dans la réalisation des infrastructures, dans l’accès à la santé et à la scolarité, entre autres. Résultats indéniables, comme ne sont pas non plus contestables les progrès fait dans le domaine économique. Il n’empêche que le pays patauge toujours dans la mare des Pays les moins avancés (Pma). Ce n’est pas une prouesse dont se vantent les membres de ce cénacle, ce qui explique le silence gardé par les autorités sur le sujet.

Ce qui fait que la sortie du ministre de l’Economie, du plan et de la coopération, Doudou Ka, qui a établi dans le dernier Jeune Afrique, les indicateurs qui permettraient au pays de «marque(r) une progression vers un développement hors de la catégorie des Pays les moins avancés». Une forte déclaration qui a l’avantage de poser de manière claire le problème que l’on se propose à résoudre

Il n’est pas compréhensible qu’avec tous les progrès qu’il est censé avoir accompli, que le Sénégal soit encore classé, par toutes les instances multilatérales et bilatérales, comme un Pma. Alors qu’il se présente comme l’un des poids lourds économiques de la Cedeao, le pays ne peut que constater qu’il est bien seul dans une catégorie dans laquelle on ne retrouve ni la Côte d’Ivoire, ni le Ghana, ni non plus… les Iles du Cap-Vert ! C’est dire que notre pétrole et notre gaz bientôt exploités, feront bon ménage avec la bauxite de Guinée, l’or du Mali, le diamant de Sierra-Leone, ou l’hévéa du Libéria. Une façon de rappeler qu’une exploitation des ressources naturelles ne garantit pas nécessairement le développement.

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Souvenons-nous que les Pma, appelés ainsi par le Comité des politiques de développement (Cpd) du Conseil économique et social des Nations unies, sont désignés à la suite de critères bien précis. Il s’agit d’abord, du niveau du Revenu national brut (Rnb) par habitant du pays. Ce critère a été fixé en 2021, à moins de 1222 dollars américains. Le second critère concerne l’indice du capital humain. Divisé en deux sous-indices, à savoir ceux de la santé et de l’éducation, il a des indicateurs comportant le taux de mortalité infantile, le taux de mortalité maternelle, la prévalence du retard de croissance dû à la malnutrition, ainsi que le taux brut de scolarisation dans le secondaire, le taux d’alphabétisation des adultes et l’indice de parité entre les sexes pour la scolarisation dans le secondaire.

Le dernier critère porte sur l’indice de vulnérabilité économique et environnementale. Les critères portent notamment sur «la part de l’agriculture, de la chasse, de la sylviculture et de la pêche dans le Pib ; (ii) l’éloignement et l’enclavement ; (iii) la concentration des exportations de marchandises et (iv) l’instabilité des exportations de biens et services. Le sous-indice de vulnérabilité environnementale comporte quatre indicateurs : (i) la part de la population vivant dans des zones côtières de faible élévation ; (ii) la part de la population vivant dans des zones arides ; (iii) l’instabilité de la production agricole ; et (iv) les victimes de catastrophes». Cela a été tiré d’un document de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced).

Pour sortir de la catégorie des Pma, un pays doit atteindre les seuils de sortie établis pour au moins deux des 3 catégories. Le Cpd revoit la liste des Pma tous les trois ans selon les critères cités ci haut. Il faut que pour chaque critère, les pays aient dépassé les seuils de sortie durant au moins 3 années d’affilée, pour garantir qu’ils ne retomberont pas en dessous.

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Le Sénégal a déjà dépassé le critère du Rnb, en ayant dépassé 1370 dollars américains depuis 2021. Le pays peine cependant à maintenir son indice de capital humain à un niveau acceptable pendant longtemps. L’Indice de capital humain se révèle être le tendon d’Achille du pays. Cette faiblesse a d’ailleurs été relevée par le Millenium challenge corporation (Mcc) américain lors de sa revue pour l’éligibilité du pays à un nouveau compact (voir Le Quotidien no6247 du vendredi 22 décembre 2023).

Sans doute qu’il y a des avantages à rester dans la catégorie des Pma. On emprunte à des taux concessionnels. On bénéficie de certaines facilités en termes d’exportations de ses produits vers les pays plus développés. En contrepartie, si l’on peut dire, on ne peut pas avoir une économie compétitive, si l’on doit toujours exporter ses matières premières sans les transformer sur place, accentuant ainsi le niveau de chômage de sa jeunesse. Par ailleurs, on se retrouvera avec une économie totalement extravertie, qui devra compter sur les échanges extérieurs pour nourrir sa population.

Depuis 2001, le Sénégal a goûté à la sauce des Pma. Il est plus que temps d’être plus ambitieux et de changer de changer de plat. Le gouvernement devrait en faire la priorité pour les cinq prochaines années.







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