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De La DÉmocratie À La DÉroute

Le Sénégal est devenu une nation soumise à la volonté d’un tyran qui n’aspire ni à gouverner par voies et moyens légaux ni à être gouverné par ces derniers. Cette gabegie institutionnelle instaurée au plus haut sommet de l’État pour des intérêts crypto-personnels et politiques sonne le glas de l’agonie d’une démocratie mal en point depuis quelques années.

L’abrogation du Décret n°2023-2283 portant convocation du collège électoral pour l’élection présidentielle du 25 février 2024 est un outrage envers le peuple sénégalais. Dans une société qui aspire à une prétendue démocratie, à une harmonie collective et à la paix sociale, y respecter le calendrier électoral est un principe sacro-saint pour garantir son idéal social.

Comment peut-on concevoir dans une société régie par des lois et règlements définis dans une charte fondamentale qui fixe l’organisation et le fonctionnement du pays qu’un président sortant dépourvu de toute légitimité sociale et politique puisse confisquer la volonté du peuple de choisir son successeur ? Une première pour le Sénégal dixit l’historien Mbaye Thiam. Depuis 1960, aucun président n’a repoussé une élection présidentielle nous révèle le professeur. Cet acte indigne d’un digne souverain marque une régression lamentable du Sénégal dans la quête de son idéal social.

L’absence de progrès moral dans la sphère politique sénégalaise entrave tout progrès de justice et de paix dans une société en pleine dégénérescence. Le nombrilisme des hommes politiques sénégalais est un cancer qui corrode le corps et l’esprit de cette nation jadis vitrine d’un modèle politique et social dans la sous-région. On ne saurait comprendre comment un imbroglio de binationalité et un supposé corruption de magistrats peuvent entraver tout un processus électoral jusqu’à imposer un règne non défini ?

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Un chaos faussement instauré pour refuser de faire face à ses opposants sur le terrain politique et qui permet au Président sortant de se maintenir illégalement au pouvoir. La volonté du président sortant de continuer à gouverner un peuple qui ne l’a pas choisi par voie de suffrage est une spoliation du droit le plus élémentaire des citoyens. Gouverner par la force sans le mérite et la légitimité d’être choisi ne rend pas plus puissant un Président de République mais vil à l’égard du peuple souverain.

Chaque action entreprise par ce régime dans sa posture totalitaire montre cette flétrissure que ses partisans essayent de dissimiler sous l’arrogance et la condescende. Montesquieu affirmait dans : De l’esprit des lois : « il vaut mieux dire que le gouvernement le plus conforme à la nature est celui dont la disposition particulière se rapporte mieux à la disposition du peuple pour lequel il est établi », Ce qui traduit que le peuple sénégalais vous a choisi pour deux mandats pas plus, il n’a encore souhaité ni vous réélire ni prolonger votre mandat donc ayez la grandeur de lui rendre son dû. Tripatouiller la loi électorale pour des intérêts éphémères n’est pas digne d’un souverain.

Le mépris que le gouvernement et ses partisans ont à l’égard du peuple sénégalais montre juste leur échec envers une nation qui s’est battue farouchement en 2011 pour leur donner aisance et opulence. Mais, de par l’ingratitude, ils oublient le devoir de mémoire, l’amnésie est le pire ennemi du mnémo. Depuis son instauration, ce régime n’a excellé que dans une chose : la rétrogression des acquis démocratiques. Son irrévérence envers la justice et les justiciers rend impossible la séparation des pouvoirs, indicateur fondamental de la démocratie.

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Depuis son vœu d’instaurer l’oppression comme système de gouvernance, l’État est devenu un monstre aliéné dont l’incrédulité se projette dans toutes ses actions et réactions. Sous ce régime, la politique est devenue une arène stratégique où les acteurs les plus rusés et les moins scrupuleux réussissent le mieux.

L’État à travers le président de la République a failli à ses responsabilités car il n’y a d’échec plus abominable pour un souverain que celui qui consiste à se faire avilir par son peuple. Vous avez fait du Sénégal un cimetière où reposent tous les espoirs. « Le Sénégal est plus grand que ma personne », disiez-vous, une expression dont le sens vous fait défaut.

D’ailleurs, une emphase sarcastique qui montre votre écart à adjoindre l’acte à la parole. Cette forfaiture ne manifeste qu’une chose : le peuple sénégalais fait face à un gouvernement qui joue avec la vie de ses citoyens, un conglomérat de suprémacistes qui n’ont cure de l’avenir du pays. Monsieur « le président de la République », renoncer à cette forfaiture avant qu’il ne soit trop tard. Penser aux conséquences de vos actions avant qu’elles soient irréversibles. Référez-vous à l’ouvrage du professeur Boubacar Ly, La morale de l’honneur dans les sociétés Wolof et Halpulaar traditionnelles où il affirme que : « L’homme d’honneur a beaucoup de respect pour lui-même. Le sentiment qu’il a de sa dignité personnelle est puissant. Il craint par-dessus tout, la honte ».

Ne pas craindre la honte pour un souverain conduit au dénouement de Charles VI.

Alioune Dione est socio-anthropologue, auteur : Afrique et Contemporanéité.

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