L’histoire bégaie. Depuis sa formation en 1974 et durant la vingtaine d’années d’opposition au pouvoir socialiste, le modus operandi du PDS a toujours été d’instaurer un rapport de force pour espérer contraindre le pouvoir en place à négocier. Pour le PDS, les rapports de force ont toujours opposé un État à la rue. Démis en 2012 par la volonté populaire et par la même jeunesse qu’il a longtemps instrumentalisée contre le pouvoir socialiste, le PDS entend poursuivre sa stratégie du désordre en menaçant la viabilité de nos institutions.
Le PDS n’a jamais connu et accepté qu’une logique binaire : gagner ou plonger le pays dans le chaos. Sans aucune autre considération pour l’intérêt des Sénégalais.
C’était déjà le cas au Congrès extraordinaire du PDS en janvier 1988 avec le fameux appel à brûler les cartes (« Réunissez vos cartes et celles de vos parents et brûlez-les ! Je ne souhaite voir aucune carte. Ce sont des cartes de la fraude… »). C’était encore le même message en 1993 à l’élection présidentielle du 21 février qui a vu réélire Abdou Diouf.
Vint le temps du pouvoir et celui de la destruction. Le 23 juin 2011, au lieu de quitter le pouvoir dans la dignité des grands leaders, les libéraux ont encore tenté de s’accrocher en tripatouillant la Constitution pour organiser la dévolution monarchique du pouvoir à Karim Wade. Pour rappel, la réforme visait à abaisser de 25% le seuil minimum des voix nécessaire au premier tour pour élire un « ticket présidentiel » comprenant un président et un vice-président. Face à la colère de la rue et d’une jeunesse déterminée à préserver la démocratie de notre pays, Abdoulaye Wade avait été contraint de renoncer à la réforme.
La liste des méfaits pour détricoter, avec un vice coupable, notre nation et notre culture démocratique bâties tant bien que mal à la faveur de combats, n’est pas exhaustive. C’est à cette même école que sont allés Macky Sall et tous les députés actuels ou affiliés au PDS. Ce 5 février 2023, ce sont ces mêmes ennemis des Sénégalais, avec la complicité de la grande famille libérale, qui reviennent avec une proposition de loi constitutionnelle portant dérogation à l’article 31 de la Constitution, avec pour but unique de proroger la durée de mandat du président Macky Sall dont l’échéance constitutionnelle est fixée au 2 avril 2024. Ceci à peine à quelques heures du lancement de la campagne électorale officielle.
Après douze années de gouvernance faite de prévarication, de corruptions, d’enrichissement indécent sur le dos des Sénégalais, et ne disposant plus ni de la légitimité ni de la capacité de mobiliser les Sénégalais dans les rues pour imposer un rapport de force que d’antan, le PDS a choisi la méthode de la diversion et du chaos au sein des institutions, aidé en cela par Benno Bokk Yakkar et la famille libérale. Le plan est tout tracé. Pour les premiers imposer un candidat dont le Conseil constitutionnel, après examen, a choisi d’écarter la candidature en vertu de la loi fondamentale de la République. Pour les seconds, d’une part, transformer une crise interne à leur coalition en crise nationale, et, d’autre part, changer en pleine course un cheval, Amadou Ba, trop boiteux, visiblement bien trop peu prometteur pour une mise à si grand enjeu.
Cette machination qui veut confisquer la voix des Sénégalais et nous plonger dans l’obscurantisme des Républiques de la Conspiration semble omettre un fait vraiment tout simple : la démocratie se forge par l’expérience et les Sénégalais de tous âges sont désormais rompus à prendre de force ce qui leur revient de droit.
Ndèye Aram Dimé est Conseillère en affaires publiques et politiques.