Monsieur le président, permettez-moi, tout d’abord et très respectueusement, par-devant l’opinion nationale et internationale, de vous rapporter les faits, rien que les faits, afin d’attirer votre très haute attention : la fièvre monte de partout, et aucun segment du tissu social et économique n’est épargné à ce jour par l’élévation de la température.
Monsieur le président, permettez-moi, ainsi, de vous révéler que les germes d’une situation conflictogène sont désormais bien visibles à l’œil nu.
Monsieur le président, permettez-moi, enfin, de signifier que les Sénégalais, de tout bord, attachés à l’Etat de Droit, se sont déjà mobilisés pour vous réserver un «Ticket d’or» en vue d’un départ mémorable et admirable, le 2 avril 2024. Sous ce rapport, que rien ni personne ne vous fasse rater votre train. C’est le train de l’histoire, il est unique et n’arrive qu’une fois dans la vie des hommes. En outre, l’objectivité commande d’avertir que le couvercle pourrait sauter à tout moment tant la crise, qui ne fut qu’une vision de l’esprit, est désormais une réalité manifeste, voire palpable. Monsieur le président de la République, écoutez votre Peuple, écoutez l’Afrique, écoutez le monde, mais surtout entendez les dits et non-dits. Le report de la Présidentielle ne semble pas dégager des senteurs attrayantes. De ce fait, sur l’ordonnance à prescrire pour embaumer le pays, le légiste conseillerait :
Respect du calendrier électoral
Si dans notre mémento collectif, nul ne peut oblitérer les hauts faits qui ont garni le Sénégal de béatitude et de jubilation, il n’en demeure pas moins que depuis votre adresse, exceptionnelle à plus d’un titre, le 3 février 2024, nous, femmes, hommes, jeunes et vieux, ne cessons de frémir. Monsieur le président de la République, le battement de nos cœurs n’est plus normal.
Il peut être prématuré de déclarer que nous sommes guettés par la tachycardie, certes, mais il ne peut être tôt de constater que le cœur de chacune et de chacun de vos compatriotes, du Sénégal comme de la diaspora, bat à un rythme accéléré du fait de la fièvre du report de l’élection présidentielle, initialement fixée au 25 février 2024.
Le temps n’est pas au jugement. Loin s’en faut. Il ne nous appartient pas non plus de porter la toge du préteur de la Rome antique. Nous n’en avons pas la prétention et notre «Cursus honorum» ne nous le permet pas. Juste que, très humblement et en tant que citoyens, nous pensons ipso facto avoir droit au chapitre, d’autant plus que notre place dans l’agora ne fait pas l’objet d’un doute. Avouons-le, tout de go, si rien n’est fait hic et nunc, les signes avant-coureurs de l’imbroglio politico-judiciaire pourraient s’agréger et se transformer en soubresauts regrettables. En effet, tout porte à croire que ce quiproquo va inexorablement sonner le glas de la cohésion sociale et de l’unité nationale et, à terme, il est à craindre que le pays sombre dans une fosse visiblement très béante. Nous ne le souhaitons pas, mais la conjonction des événements risque fort d’engloutir et de consumer à jamais la quintessence des acquis démocratiques qui ornent avec fierté notre si cher pays. Si l’on n’y prend garde, notre joyau, hélas, nous échappera indubitablement pour s’engouffrer dans un trou d’une profondeur inimaginable et pour une durée indéterminable. Grosso modo, notre «Res publica», à savoir notre bien commun, n’offre plus le visage et l’image d’une chose publique. C’est comme si tout est en train de péricliter et de s’étioler.
Tenir l’élection présidentielle à date échue et jouir d’une sortie honorable et vénérable, le 2 avril 2024, reste la conclusion d’un diagnostic national et international.
Y prêter une attention sera une valeur ajoutée à l’intérêt général. En clair, il est à noter qu’en choisissant de participer au débat public, nous ne faisons qu’accomplir un devoir, celui d’un Républicain.
Dans la vie d’une Nation, il est des moments où aucun citoyen ne saurait rester sourd à l’appel de la République. A ce titre, nous tenons juste à joindre notre modeste voix à celle de nos concitoyens pour partager les différents sanglots, amplifier les sons de l’inquiétude et diffuser les échos de la peur de lendemains incertains pour le Sénégal. Nous ne le soutenons pas ex nihilo. En effet, les dizaines années d’expériences capitalisées dans l’exercice de nos différentes fonctions constituent le socle de nos invocations quotidiennes. Donc, il ne s’agit ni plus ni moins que de préserver la splendeur de notre histoire et de nos traditions politiques, de maintenir la qualité légendaire de notre commun vouloir de vie commune, d’améliorer la joliesse de nos valeurs de paix, la somptuosité de nos ressources humaines et surtout d’ancrer dans les consciences la magnificence tant chantée de notre culture du dépassement. Qu’Allah (Swt) facilite tout et veille sur le Sénégal