Abdou Diouf et Wade viennent de nous rappeler à eux et pas de belle manière. Ces deux anciens présidents, qui comme leur prédécesseur Senghor préfèrent passer leur retraite chez l’ancien colonisateur, étant les seuls à le faire en Afrique.
Voilà qu’ils viennent approuver le coup d’Etat constitutionnel de Macky Sall en acceptant de prolonger son mandat jusqu’en 2025. Ils le font en bons connaisseurs car ils ont été tous deux des forcenés du pouvoir.
Ils donnent l’occasion de procéder à une brève revisite de l’histoire politique récente du Sénégal.
Abdou Diouf a exercé le pouvoir durant 17 années dans l’illégalité. Le ‘’ très démocrate’’ Senghor lui cède le pouvoir sans consultation populaire. Après avoir terminé le mandat de Senghor en cours, il est ‘’élu’’ en 1983, ‘’réélu’’ en 1988 et en 1993 avec son Code électoral qui autorise à voter sans présentation de pièce d’identité, sans isoloir. Majhemout Diop, président du PAI, candidat à la présidentielle de 1983, est crédité de zéro voix dans le bureau où il a voté en compagnie de son épouse et de quelques amis militants.
Le Code électoral d’Abdou Diouf permet à des militants de son parti PS de se remplir les poches de bulletins de vote pour voter plusieurs fois toute la journée. Au point qu’au lendemain des élections, la blague que des Sénégalais se lancent à Dakar est : « Tu as voté combien de fois ? »
Abdou Diouf a eu ces mots, rapportés par le journal ‘’Sud-Hebdo’’, ancêtre de ‘’Sud Quotidien’’ : « Ce que veut l’opposition, c’est un Code électoral sur mesure qui lui permet de gagner haut la main les élections ».
Ce que voulait l’opposition, c’était un Code électoral républicain, assurant des élections régulières, transparentes. Ce Code électoral obtenu au bout d’années de luttes a régi la présidentielle de 2000 qui a envoyé Abdou Diouf à la retraite.
Son tombeur Wade est le premier président du Sénégal démocratiquement élu. Mais après les deux mandats que lui confère la Constitution, il a voulu s’octroyer un troisième mandat. Pour cela, il loue les services de deux mercenaires juristes (un Américain, un Français) qui viennent à Dakar, à un coût exorbitant sur nos maigres ressources : voyage en première classe, hôtel de luxe, rémunération. Leur mission est de décréter que la Constitution permet à Wade de se présenter une troisième fois. Ce qu’ils font. Comme ce sont des Occidentaux, leur parole doit être d’or auprès des populations. Toujours ce complexe de l’extérieur ! Les cinq membres du Conseil constitutionnel de l’époque les approuvent moyennant des cadeaux luxuriants, selon la rumeur, ‘’Radio Cancan’’, comme disait Senghor.
Les manifestations contre la troisième candidature de Wade sont ponctuées par des morts (mais bien en-deçà du bilan de Macky Sall).
Wade va à la présidentielle pour la troisième fois. Les Sénégalais déçus par sa gestion désastreuse avec sa promesse de ‘’Sopi’’ et indignés par son forcing de troisième mandat l’envoient rejoindre Abdou Diouf à la retraite en France lors de l’élection de 2012.
Personne n’a entendu Abdou Diouf et Wade sur les exactions commises par Macky Sall, et que, eux, n’avaient jamais commises. Ils viennent maintenant essayer de sauver le soldat Macky Sall, le second président du Sénégal élu démocratiquement. Hitler aussi avait été élu démocratiquement.
Ce faisant, ils n’ont fait que s’aligner sur la position récente et scandaleuse de leurs partis PS et PDS qui sont aussi à conjuguer au passé. Des partis politiques avec leurs démembrements AFP, Rewmi, APR, qui ne représentent plus rien dans le pays. Des have been.