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Du Conseil Constitutionnel Au Dialogue…constitutionnel

Le président de la République, Macky Sall, avait pris acte de la décision du Conseil constitutionnel annulant le report du scrutin du 25 février 2024. Dans leur décision, les sept « sages » lui demandaient d’organiser l’élection présidentielle « dans les meilleurs délais ». Sans donc refuser de s’exécuter, Macky Sall a choisi de prendre son temps avant de fixer une date pour le scrutin. En effet, il a fait savoir qu’il entendait d’abord organiser un dialogue au cours duquel il allait consulter l’ensemble des acteurs concernés avant d’arrêter une date à soumettre au Conseil constitutionnel. C’est dans cette dynamique qu’il a présidé, avant hier, l’ouverture de son Dialogue national qui s’inscrit dans le cadre des mécanismes juridictionnels normaux de la démocratie et de l’Etat de droit tels que consacrés par la Constitution. Sénégalaise.

Plusieurs candidats spoliés ou recalés à la présidentielle, des membres de la société civile, des représentants milieux professionnels, des leaders de partis politiques, des religieux, des représentants de syndicats, des chefs de village etc. ont pris part à l’ouverture de ce dialogue. Le Président a ainsi réussi à rassembler un ensemble diversifié, bien qu’incomplet, de voix représentatives de toutes les couches de notre société leur offrant une occasion sans précédent d’engager entre elles un débat politique ouvert, constructif et inclusif. Malheureusement, ce dialogue dit national a frustré de nombreux citoyens. Car l’absence de plusieurs acteurs politiques majeurs de l’opposition et de 17 (sur 19) candidats officiellement retenus par le Conseil constitutionnel pour participer à la présidentielle a remis en question la représentativité du dialogue et, par extension, sa capacité à consolider les acquis démocratiques et constitutionnels. Car, pour de nombreux observateurs, le président Macky Sall essaye à travers son dialogue qualifié de national de resserrer ses partisans et alliés autour de sa personne pour se donner un semblant de légitimité pour rester au pouvoir jusqu’au 15 décembre prochain. Ce même si les « dialogueurs » ont proposé la date du 2 juin 2024 comme meilleur délai pour la tenue du scrutin.

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Certes l’enjeu pour le président Macky Sall, c’était de réunir, d’essayer de dessiner une porte de sortie de crise politique et institutionnelle. Et surtout reprendre partiellement le processus électoral pour permettre à tous les candidats « spoliés », en particulier Karim Wade du Pds « injustement » écarté pour une prétendue binationalité d’être dans les starting-blocks pour la présidentielle. Ce qui ne sera pas forcément chose facile compte tenu de l’opposition de la société civile et de 16 des 19 candidats validés par le Conseil constitutionnel à toute reprise du processus électoral. Or, seule une telle reprise du processus pourrait permettre de réintégrer dans la compétition Karim Wade et Ousmane Sonko.

Tant pis !

Et tant pis si les « validés » du Conseil constitutionnel et autres « va-t-en-mars » c’est-à-dire partisans de l’organisation du scrutin en mars n’arrivent pas à comprendre l’importance d’une commission voire d’assises « Dialogue Vérité et Réconciliation » dans un pays en profonde crise politique. Or, la fixation d’une date pour un scrutin présidentiel doit être flexible, adaptable et sensible aux priorités politiques et économiques ainsi qu’aux évènements religieux comme les Magal, Gamou, Ziarra, Tabaski, Korité, Pâques, Popenguine etc. Des événementiels intervenant à des dates à prendre en compte dans les discussions, ateliers et consultations afin de s’entendre sur une période libre de toute célébration religieuse. Justement, c’est là où se trouve la pertinence d’un Dialogue contrairement à la Justice dont les réalités socio-économiques ne peuvent nullement perturber le calendrier. La preuve, les procureurs profitent généralement de fêtes comme la Tabaski, pour ordonner des arrestations de fugitifs recherchés par les forces de sécurité. Car, généralement, ces gens ne rateraient pour rien au monde l’occasion de passer ces fêtes, surtout, la Tabaski, en famille ! Pour dire que le temps du juridique n’est pas celui du politique. C’est pour cela qu’il y a des moments dans l’existence d’une nation en crise, les mécanismes de Dialogue-Vérité Réconciliation se substituent à la Justice classique, non pas pour amnistier des crimes « graves » mais pour sauver les pays du chaos. Parce qu’un Dialogue- Vérité-Réconciliation réussi contribue à prévenir la résurgence des conflits politiques. Au Sénégal la crise n’a certes pas atteint une gravité telle qu’il faille mettre en place une justice transitionnelle ou un mécanisme de Dialogue-Vérité-Réconciliation. Il est juste question de tenir un dialogue pour baliser la voie d’un Sénégal plus résilient, pacifique, prospère vers une élection présidentielle sans lendemain de violences. Donc, tout un chacun est invité à percevoir ce Dialogue-Réconciliation comme une alternative à la justice pénale ou électorale dont les décisions font toujours l’objet de mille et une contestations.

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