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Tout Le Monde Est Constitutionnaliste

Être dans l’air du temps n’est pas une posture mais une imposture. C’est un temps mort et un angle mort. Le temps ne s’arrête ni ne suspend son vol. Il faut être volatile pour ne pas le comprendre. Le pays vole bas. Le débat n’est même plus survolé par ceux qui parlent le plus fort. Pas question de dénigrer systématiquement son pays et sa classe politique sans classe mais le verdict implacable est qu’on n’y respecte plus les standards. Comment un ancien chef de la diplomatie peut-il faire de la presse étrangère un bouc-émissaire ? Celle-ci a beau exagéré ou colporté, il est étrange qu’une personnalité de l’envergure de Cheikh Tidiane Gadio veuille jeter en pâture une catégorie. Aurait-il oublié qu’il n’est plus à la chancellerie. Comment un professeur en journalisme peut-il se méprendre à ce point ? Les mauvaises nouvelles voyagent toujours plus vite que les plus bonnes. Il est vrai que cette presse extérieure a été bancale dans le traitement de l’information mais les choux gras lui ont été servis sur un plateau d’argent. Un média local n’a-t-il pas été immédiatement fermé quand on s’est aperçu qu’il s’écartait du bon chemin ? Au même moment, les soi-disant diffuseurs de fake news ont continué sans problème. Deux poids, deux mesures. En vérité, la régression est à chercher dans le report de l’élection et la tentative d’extension du mandat. La traduction est simple. Le Sénégal n’est pas arrivé à bon port. Ce précédent est à la base de la confusion, du coq-à-l’âne et de toutes les histoires sans queue ni tête. Quand ceux qui sont supposés être vifs dans l’analyse ne le sont plus, ils tirent tous vers le bas.

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Usurpation

Tout le monde s’improvise par exemple constitutionnaliste sans en avoir la moindre compétence. Incontestablement incompétents, les experts auto-proclamés bricolent articles et alinéas. Dans l’usurpation, il y a d’abord de l’a- liénation puis un sort peu enviable de pantins articulés. Ils sortent tout de leur contexte croyant faire mouche alors qu’ils sont la mouche du coche. Peu de respect pour les autres, donc pas de respect du tout pour soi-même. Toujours les mêmes. Tels des acteurs de théâtre ou des activistes qui sautent de plateau télévisé en plateau pour croquer la pomme de discorde. Les spécialistes sont les premiers à s’aplatir publiquement en se comportant comme des influenceurs dont le métier est le trafic d’influence. La cacophonie ambiante chatouille les tympans propres mais ne les crève pas. L’écran aussi n’est plus crevé. Le plus grand crève-cœur est ce spectacle affligeant offert par les vrais savants qui se présentent chacun avec sa propre religion. Tout dépend des lunettes ou le bord où ils sont. Intouchable dans son domaine, Ismaïla Madior Fall dépasse aujourd’hui les funambules dans leur art de marcher sur un fil. Il marque les esprits sur son terrain mais n’a pas encore marqué de son empreinte le costume de ministre des Affaires étrangères qui paraît ample pour lui. Il est loin d’être flamboyant et doit faire la preuve qu’il est aussi bon en realpolitik qu’en géopolitique. Il n’est pas encore une voix forte sur la scène internationale. On tombe dans les travers de la personnalisation mais c’est pour dire que le climat interne agit sur l’image du pays au dehors du pays. Sans observance des règles et de la décence communes, tout est déréglé comme le dérèglement climatique. Le manque d’éthique est une pollution et un poison mortel. Il en est de même pour l’intuition et le style quand ils se font rares.

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La lumière manque dans le débat public

La société souffre de pénurie d’incarnation et de perles rares. Toujours la même poignée de personnes pour parler des problématiques nationales. Sans mettre tout le monde dans le même sac, il est évident que les mêmes visages, les mêmes thuriféraires sont à chaque fois conviés aux pourparlers souvent pour soliloquer. Ils se parlent à eux-mêmes. Autocentrés, ils arrivent avec une sorte de miroir pour se regarder et se convaincre qu’ils n’ont pas de rides. Les rides du visage se voient. Celles du cœur ou des neurones ne peuvent être vues. Le microcosme n’est pas génial. Il n’a plus d’idées. Il passe son temps à raser les murs et fuir la charge sociale écrasante. Les mêmes gens plus soucieuses de la caméra que du qu’en-dira-t-on sont toujours là mais ne savent plus ce qui se passe. La multitude cosmopolite n’a jamais droit à la parole alors que les plus belles idées se trouvent dans la rue. Un ancien ministre de l’Intérieur, Ousmane Ngom en l’occurrence, a suggéré de maintenir le pilote aux 12000 heures de vol. Il file ainsi la métaphore de l’aviation civile. Il aurait pu ajouter que les 19 candidats qualifiés voyagent en première classe. Les disqualifiés qui se nomment pompeusement spoliés sont en classe économique. C’est cela être juste. La lumière manque dans le débat public.







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