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Delirium Politique D’une Societe Aux Abois

Sauvons-nous des tourments mackyavéliques, son but c’est l’usufruit éternel du pouvoir et s’il le faut au prix de notre ruine. Car argue-t-il la perte du pouvoir cause sa ruine et pour lui il vaut mieux plus rien qu’après lui, un autre. Macky le chantre du yaakaar (espoir) à ses débuts, en 2012, en est arrivé, au terme de 12 ans de règne, qu’il souhaite proroger urbi et orbi, à se transformer en janissaire du désespoir. Il a été porté par un peuple pris dans la confusion entre la colère contre un vieux roublard et le désir d’espérance, fondé par le sceau de sa foi. Une foi gravée dans la psyché d’une nation agape des croyances magico-religieuses de par son déterminisme sociologique. Une société où les seules compétences et le courage ne suffisent pas, il faut en sus de ces qualités que les expédients de libations consacrées on ne sait à quel esprit mi ange mi démon y concourent, sinon aucune ambition, aucune volonté, pas même un dessein fortuit ne saurait prospérer. S’y ajoute l’ajournement quasi totémique des personnalités de moralité chaste et à la rectitude éprouvée, aussi bien dans la haute société que dans le lumpen, au profit des braillards pimpant et clinquant qui rutilent de brillances factices, au-delà desquelles se découvre leur nudité crasse, en premier chef Macky Sall et l’essentiel de toute la caste (politiciens, religieux et affairistes). Machiavel se faisait de nous rappeler : «Presque tous les Hommes, frappés par l’attrait d’un faux bien ou d’une vaine gloire, se laissent séduire, volontairement ou par ignorance, à l’éclat trompeur de ceux qui méritent le mépris plutôt que la louange.»

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Avec le mordant destructeur de celui (Macky) dont il était attendu qu’il recousit les liens, qu’il rendît fluide la collusion triangulaire que constituent l’État, la société et la nation, n’eût point d’embarras à tout séparer, puis à les opposer avant de les conduire fatalement à leur ruine. Et c’est précisément à l’heure fatidique d’un départ annoncé qu’il entend se rebiffer et jouer aux prolongations, sans coup férir.

Il a des magistrats blanchis sous le harnais de la pratique et de la production du Droit. Cette matière pour laquelle Mitterrand disait disposer de deux habiles conseillers. L’un, Roland Dumas, quand il s’agit, par une manœuvre de torsure, d’en tirer un bénéfice privatif à l’exclusion des collectivités et l’autre, Robert Badinter, quand il faille, pour un dividende politicien, préserver les intérêts vitaux de la communauté. Et donc c’est fort de la précellence de ses magistrats avec qui il entretient une relation de subordination, étant leur supérieur hiérarchique (président du Conseil supérieur de la magistrature) qu’il entend préempter d’un agenda prévisionnel dont lui et ses comparses en sont à la fois les concepteurs et les exécutants. A l’exclusion de nous autres. Peu importe, le calendrier rue-publicain et les principes démocratiques régulateurs du jeu politique, il a décidé de s’éterniser au palais, il faudra soit compter avec, soit engager hic et nunc le branle-bas de combat, car des élections il ne compte pas en organiser. Voilà toute la finalité de la manœuvre, tout le reste n’est qu’un moyen de meubler le temps pour un corps politique totalement largué, perdant pied à mesure que les lignes de fracture s’épaississent entre prétendants et familles politiques.

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Au demeurant, Il faut cependant penser, voire panser les fondations de l’agir politique, défiguré par des expériences de négation des valeurs qui le définissent (Isonomia, Isocratia, Isêgoria), à partir des ruines. L’une des réflexions les plus achevées sur le vivre-ensemble (la finalité du politique), la philosophie politique s’est renouvelée à partir d’expérience de désolation (totalitarisme, impérialisme, esclavage, colonisation…). Lire Hannah Arendt et Claude Lefort, entre autres… ou alors relire «La raison dans l’histoire» où Hegel montre que la réalisation de l’Esprit absolu (incarné selon lui par l’Etat) va d’un pantragisme à un panlogisme… Derrière tout ce chaos choquant, l’homme ordinaire ne voit pas que l’Esprit utilise les contradictions, les antagonismes etc. pour se frayer un chemin et parvenir à sa réalisation… Il y a bien une logique derrière tous ces décombres… En plus, la marche dans le désert ne vaut que par la promesse de la terre promise… Enfin, si nous voulons faire peuple et bâtir les fondations solides d’une société et d’un État, il nous faut engager une discussion franche sans faux-fuyant entre Sénégalais, sans aucune autre forme de considération outre que l’appartenance à cette nation. Nul n’est au-dessus et personne en deçà, discutons des contours du contrat social sénégalais et donnons-lui le contenu qui correspond à l’idée de la justice sociale, de l’égalité et du mérite que nous lui portons.

Refusons de céder aux sirènes de la destruction du Macky, tout comme il convient d’être prudent avec les fétichistes d’un juridisme de guingois qui réduisent la solution à la seule tenue d’élections pour lesquelles ils espèrent le sacre de leur idole, dont on est assuré de prendre date pour son rendez-vous avec la folie, consubstantiellement attachée à la nature du régime politique gouvernant. Pour ce faire, le régime de transition s’impose de fait et en appelle de nous quant à notre conscience par rapport à l’Histoire. C’est un moment propice pour questionner notre parcours sans complaisance, ni dureté cruelle, ni faiblesse coupable. De la lucidité. Pas plus ni moins.

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Aguibou DIALLO







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