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Pour Les 100 Jours De Diomaye Faye

Dans son premier discours à la nation, le 26 mars, le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye déclarait notamment ceci :

 « En m’élisant président de la République, le peuple sénégalais a fait le choix de la rupture pour donner corps à l’immense espoir suscité par notre projet et pour donner corps à ses aspirations ».

Et d’indiquer ses priorités : combattre la corruption, refonder les institutions, œuvrer à l’intégration africaine, répondre aux attentes des jeunes et des femmes et alléger le cout de la vie, tout en prioritisant la réconciliation nationale.

Priorité des priorités : la mise en place du gouvernement qui aura en charge la mise en œuvre du premier programme prioritaire du président de la République.

Le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye ne pourra évidemment pas répondre en 100 jours à toutes les attentes. Les cinq années de son mandat n’y suffiront d’ailleurs pas.

Il pourrait cependant prendre des initiatives fortes en rapport avec ses convictions concernant chacun des domaines prioritaires de son programme de gouvernement. 

Un gouvernement de type nouveau

Concernant son premier gouvernement dont il a annoncé la mise en place imminente, souhaitons qu’il soit réduit à l’image de celui du président Mamadou Dia (14 membres), paritaire et de jeunes (25-40 ans) ? Quoi qu’il faille, au moins pour certains ministères techniques, privilégier l’expertise et l’expérience.

Ce serait là l’indication d’une volonté de gouverner avec les forces vives du pays et de gérer de manière sobre. On fera attention à l’intitulé des ministères pour en refléter les contenus programmatiques ou les orientations stratégiques.

Que n’érige-t-il pas par exemple un « ministère de l’Afrique et des Affaires étrangères » à la place du traditionnel « ministère des Affaires étrangères » ?  Manière de manière de marquer la rupture politique que le régime du Pastef introduit et son engagement déterminé en faveur du panafricanisme 

Refonder les institutions.

Le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye a annoncé la refondation des institutions au nombre de ses priorités.

Il s’agit là effectivement d’un chantier prioritaire et important puisqu’il a pour objet à la fois de normaliser le fonctionnement des institutions de la République, de les refonder effectivement et en même temps de promouvoir les principes républicains et démocratiques renforçant les libertés individuelles tout en fondant le vivre-ensemble et la réconciliation nationale.

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Le candidat Bassirou Diomaye Diakhar Faye a signé avec l’organisation citoyenne Sursaut National le Pacte National de Bonne Gouvernance basé sur les conclusions des Assises Nationales et les recommandations de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI).

Il lui ne reste plus qu’à les mettre en œuvre pour assurer à la fois la séparation et l’équilibre des pouvoirs judiciaire, législatif et exécutif, la déconcentration des pouvoirs du Président de la République et la fin de l’hyper présidentialisme, l’indépendance de l’administration publique de la politique, la promotion du service public et de l’intérêt général, l’égalité entre tous les citoyens et l’équité entre les hommes et les femmes.

Lutter efficacement contre la corruption

Le développement effréné de la corruption à tous les niveaux de l’administration publique du fait notamment des premiers responsables de l’Etat et des entreprises publiques, est l’une des principales raisons de la révolte des Sénégalais contre l’ancien régime et de leur adhésion au Pastef.

Rien ne devrait plus entraver la lutte contre corruption maintenant que « le coude » de l’ancien président ne pèse plus sur les nombreux dossiers d’enquête établis par les corps de contrôle au cours de ces dernières années.

Le nouveau régime sera jugé par le peuple sur la manière dont la lutte sera menée : on devra sonner la fin de l’impunité et combattre la corruption active et passive, les détournements de deniers publics et l’enrichissement illicite.

On n’épargnera personne. On devra à ce propos vider définitivement le contentieux entre l’Etat et M. Karim Wade dont l’amende de 138 milliards de francs CFA par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) est encore en suspens.

Quid de la réconciliation nationale ?

La vérité est le préalable à toute réconciliation comme on le sait.

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Il s’agit en l’occurrence de documenter toutes les violences qui ont eu lieu dans ce pays au cours des trois dernières années : les destructions de biens publics et privés, les morts, les disparitions de personnes, les interventions létales des forces de défense et de sécurité, l’usage de nervis armés contre des manifestants, les tortures dans les lieux de détention et au dehors, les arrestations et les détentions arbitraires de milliers de personnes etc.

Il faudra nommer les responsables de ces actes. Il faudra recueillir les témoignages de victimes et les aveux des bourreaux. C’est alors seulement que le processus de réconciliation pourra s’enclencher, que les bourreaux et les victimes pourront se parler pour demander réparation ou accorder le pardon.

C’est à travers tout ce processus que la Nation toute entière pourra se sentir reconciliée avec elle-même. On pourra alors ériger un monument à la mémoire de victimes de cette période sombre de notre histoire pour en perpétuer le souvenir.

Quid de l’allégement du coût de la vie ?

L’augmentation vertigineuse du coût du loyer à Dakar et la hausse régulière des prix des denrées alimentaires partout à travers le pays ont une cause : le laisser faire libéral de ces vingt dernières années qui a réduit drastiquement l’intervention de l’Etat dans le secteur immobilier et pour l’importation et la distribution des produits alimentaires de première nécessité laissé libre cours aux opérateurs privés.

En attendant que ses politiques visant la souveraineté alimentaire et l’industrialisation aboutissent, le Président de la République doit dès à présent introduire la main de l’Etat dans les secteurs de l’immobilier et de la distribution des produits alimentaires de première nécessité.

Pourquoi ne pas ordonner dès à présent la fusion de l’OHLM et la SICAP en une seule entreprise dédiée à la fourniture de logements à prix réduits à Dakar et dans toutes les capitales régionales ?  On dotera la nouvelle entreprise d’un capital financier et foncier conséquent et on lui assignera des objectifs de performance précis.

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Pour ce qui est de la distribution des produits alimentaires et de première nécessité, pourquoi ne pas revenir au dispositif des années 1970 à 1990, avec une société de distribution alimentaire (SONADIS) qui importe et distribue une certaine quantité de produits pour réguler les prix sur le marché ?

On renforcera dans le même temps l’action du Contrôle économique sur le terrain.

Et de l’emploi des jeunes ?

Il est vrai que la création d’emplois est tributaire du développement économique.

Il est tout aussi vrai cependant que l’Etat peut prendre l’initiative de la création d’emplois quand l’économie n’est pas en capacité de le faire.

C’est ainsi qu’en pleine dépression économique, en 1933, alors que l’Amérique était en proie à un chômage de masse et que la faim sévissait même, le président Franklin D. Roosevelt a initié le New Deal qui a créé à travers une série d’agences de travaux d’intérêt public, en quelques années plus de 20 millions d’emplois.

De la même manière le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye pourrait lancer une initiative nationale (DEFAR SA REEV ?) qui pourrait créer des centaines de milliers d’emplois à travers différentes agences (Service National de Proximité, Agence pour l’Environnement, AGETIP restructurée), par exemple dans les secteurs de l’entretien des infrastructures et des routes, de l’environnement, de la protection de la nature (dont la Grande Muraille Verte) et pour éradiquer l’insalubrité, l’encombrement et l’occupation anarchique des rues et espaces publiques à travers tout le territoire national.

Cette initiative pourrait être financée par les économies réalisées par la réduction du train de vie de l’Etat que la refondation des institutions permettra.

In fine, le président Bassirou Diomaye Diakhaye Faye devra rompre avec la doxa politique et économique et prendre dès les premiers jours de son régime des initiatives audacieuses pour lancer le programme d’activités prioritaires qui déterminera l’orientation et le succès de son quinquennat.







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