J’ai lu avec étonnement l’article de l’écrivaine Faouzia Zouari dans Jeune Afrique qui se dit «révulsée par l’image. Celle du nouveau Président Sénégalais s’avançant à la tribune avec ses deux épouses » lors de son investiture.
Ce qui est étonnant c’est que madame Faouzia Zouari semble être plus « RÉVULSÉE » par la vue d’un chef d’État avec ses deux épouses que par la polygamie, elle-même. «Du jamais vu, une telle scène dans l’espace politique contemporain», affirme-t-elle. Ignore t’elle que les musulmans sont polygames ? Ou alors, pour elle c’est plutôt du «cachez-moi cette 2e épouse que je ne saurai voir.» Pour une intellectuelle réputée être une défenseuse des droits des femmes, c’est là une position fort curieuse. Car, Mme Zouari semble préconiser qu’en dehors de la première, que les autres épouses doivent rester dans les placards, sans reconnaissance maritale et des droits qu’elle confère. Qu’elles souffrent en silence, elles et leurs enfants, comme ce fut le cas d’Anne Pingeot et sa fille Mazarine Pingeot qui, furent respectivement la seconde épouse et la fille d’un des grands présidents de la France contemporaine (1981 – 1995), feu le président, François MITTERAND (1916-1996).
Pendant 35 ans, mère et fille PINGEOT vécurent dans l’ombre, sans reconnaissance officielle, se contentant de ce que monsieur le président pouvait leur offrir en temps et en privilèges. Si madame Pingeot s’est murée dans le silence durant toute sa vie de « Seconde » (1961-1996), sa fille Mazarine née en décembre 1974 usera de l’écriture pour sortir de cette Omerta. Selon les Laurent Valdiguié qui mena une Enquête et produisit un rapport intitulé « Anne PINGEOT, la clandestine », un des membres de la famille Mitterrand lui a confié que : « Chez nous, tout le monde savait, mais personne n’en parlait jamais » (https://www.lejdd.fr/Polit ique/anne-pingeot-lamaman-de-mazarine-etl-amoureuse-deMitterrand-252897- 3107366).
Dans son livre « Bouche cousue » paru en 2005 (Édition Julliard), Mazarine y raconte les frustrations, les souffrances, les pleurs de sa mère, mais aussi sa propre quête existentielle et de reconstruction identitaire. Notons que son père ne la reconnaitra qu’à l’âge de 10 ans, soit, un 25 janvier 1984. Aussi, conformément à son testament, elle et sa mère, aurons quand même le droit d’assister aux funérailles du président Mitterand aux côtés de la première épouse de celui-ci, madame Danielle Mittérand et de ses demi-frères, Jean Christophe, et Gilbert Mittérand, respectivement leur ainée de 3 et de 6 ans. Est-ce le sort que madame Zouari veut qu’on réserve à la 2e épouse du président sénégalais, c’est-à-dire vivre dans l’ombre, dans la souffrance et sans aucun droit ?
Madame F.F., monsieur Bassirou Diomaye FAYE en a décidé autrement, en prenant totalement ses responsabilités. Vu qu’il a deux épouses, s’il s’était présenté avec une seule, n’est pas là qu’il aurait fait preuve d’opacité ? Il a choisi la transparence. Du même coup, il se conforme aux recommandations de sa religion, l’Islam qui limite le nombre d’épouses à quatre au maximum, mettant fin aux harems antéislamiques (10 à 300 épouses et plus). En effet, à la Sourate An-Nisa, verset 3 sur « Les femmes », Dieu a dit aux hommes : «Il est permis d’épouser deux, trois ou quatre, parmi les femmes qui vous plaisent. Mais, si vous craignez de n’être justes avec celles-ci, alors une seule, …». C’est la raison pour laquelle, le président du Sénégal a donné le droit à chacune de ses deux épouses d’être présente à ses cotés en ce jour historique de son investiture. En fait, il a même innové. On ne peut que l’en féliciter. Et, les secondes, troisièmes et quatrièmes épouses devraient désormais « sortir des placards » et occupaient leur place de pleine épouse. Car, chacune d’elle est une première dame de la Nation. Comme vous le dit si bien, Mme Zouari, le président de la république du Sénégal a fait ce qu’«aucun président arabe ou africain n’avait osé …» Il a osé aussi ce qu’aucun monarque français n’avait osé faire. On sait que parmi ceux-ci, à coté de la Reine, avaient plusieurs compagnes dénommées les « favorites ». Certaines ont vécu sous le même toit que leurs coépouses et ont eu des enfants légitimés. Le cas de Louis XIV (1638-1715) dit le « Roi Soleil » est un exemple hautement significatif dans cette pratique polygamique française.
Certes, je ne suis pas pour la polygamie, mais, je respecte la liberté de choix des femmes qui optent pour la polygamie. Madame Zouari devait en faire de même. Car, ce qu’elle affirme à savoir que «la polygamie n’est jamais un choix pour les femmes, mais une contrainte ;» est faux. La polygamie n’est pas toujours une contrainte. Beaucoup de femmes dont des européennes et des nord-américaines que j’ai personnellement connues ont eu à opter pour la polygamie. C’est d’ailleurs le cas, de la seconde épouse du président du Sénégal, madame Absa FAYE. Elle n’a pas été mariée contre son gré. C’est une femme majeure, moderne et hautement éduquée. C’est donc en toute connaissance de cause qu’elle a opté pour un mariage polygamique. Et, croyez-moi, c’est un mariage d’amour entre lui et le président FAYE ( https://actuguinee.org/ mme-absa-faye-etdiomaye-faye-voici-lhistoire-dun-professeur-etde-son-etudiante/ ), tout comme c’était le cas entre madame Anne Pingeot et le président de la France, François Mitterand. Leur différence, c’est que la première est officielle et dans la lumière alors que la seconde, fut dans l’ombre durant trente et cinq (35) années.
D’ailleurs, Mme Zouari at-elle pensé aux femmes qui partagent toute leurs vies, leur époux avec une multitude de maitresses de celui-ci ? N’est-ce pas là une forme de polygamie désordonnée ? Mesurez-vous leur degré de souffrances voire leur désarroi ? Cette situation, n’engendre elle pas autant, si non plus de « souffrance, d’injustice et de tensions familiales » que la polygamie officielle ? Pensons aux souffrances de Mme Danielle Mittérand face à la maitresse officielle de son mari de président ? Son cas est celui de plusieurs femmes dont certaines en Europe, finissent par se suicider.
Dans son article, madame Faouzi s’est montrée irrespectueuse à bien des égards. En plus du président du Sénégal, des femmes en mariage polygamique dont elle parle en termes d’être « exhibées », elle va jusqu’à condamner le Sénégal et son peuple, qui dit-elle : « … affiche un symbole aussi rétrograde et officialise, au sommet de l’État, une pratique inégalitaire par essence » Qu’appelle-t-elle d’ailleurs «tradition moderniste et démocratique» ? Est-ce marcher aveuglément dans les bottes de la Culture et la « Démocratie » françaises ? Il est vrai que les sénégalais-e-s sont beaucoup moins aliéné-e-s culturellement que les tunisien-e-s. En outre, par retenue et par respect de l’Autre, les Sénégalais-e-s tout comme les autres Africain-e-s ne se permettraient pas de dire ce qui les «révulsent» dans le gouvernement français. Alors, madame F.F., un peu de respect, SVP !
Fort malheureusement, bien qu’Africaine, madame Faouzi Zouari analyse la polygamie à l’aune d’une vision occidentale qui fait fi des réalités sociales des peuples, de leur foi, nie leur souveraineté culturelle et leur liberté de choix ; s’érigeant ainsi comme toujours en donneuse de leçons. Mais, cela ne passe plus à notre époque. À moins que sa devise ne soit, « parler de moi en bien ou parler de moi en mal, mais parler de moi », la franco-tunisienne, Faouzi Zouari devrait faire preuve de plus de retenue et de rigueur, mieux se documenter, tester la pertinence de ses points de vue avant de livrer aux yeux du monde les résultats de ses analyses dans des médias aussi prestigieux que Jeune Afrique.