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La Rupture Attendra

Il faut écouter le sage Confucius parler de la parole donnée comme aucun autre ne l’a fait auparavant. «Examine bien si ce que tu promets est juste et possible. Car la promesse est une dette». De plus, cette dette est morale. Moralité, quand un conseil est avisé, il défie le temps et ne prend pas de ride. À l’opposé, un contre- modèle comme Machiavel, maître dans l’art de l’apologie du malin pour le mal déride dans sa capacité à faire mouche. «La fin justifie les moyens» est une de ses leçons qui font fureur auprès de disciples de plus en plus nombreux chez les politiciens. En mal de concept, les politiques ont élevé la formule au rang de précepte. Certes, il faut se garder de tomber dans cette facilité consistant à leur faire de mauvais procès. Ceux qui s’engagent et décident d’être sous les feux des projecteurs méritent le respect. Cependant, il faudra bien qu’on nous applique la réciprocité en matière de considération. Les professionnels de la politique continuent de briguer les suffrages de concitoyens qui, à leurs yeux, sont nés de la dernière pluie. Il y a du mépris dans l’air. Le pire des sentiments humains. Pour parvenir à leurs fins et à tout prix, ils font pleuvoir des tombereaux de slogans qui sont autant de vannes que de vanités. Leurs boutades tombent en panne aussitôt après la conquête du pouvoir. Le Sopi avait un pouvoir magique. Il a fait son temps. Qu’est-ce qu’on en a fait ? Une histoire désopilante et puis c’est tout. Déçus du socialisme, les Sénégalais avaient associé les libéraux à la gestion publique. On ne peut pas dire qu’ils ont changé grand-chose. D’autres libéraux dont le libéralisme a été frelaté sont également passés entre les gouttes dans une sorte de parricide. Le sobre et le vertueux n’étaient pas si propres que ça. Ce ne fut qu’un canular. Pris la main dans le sac, le libéralisme sénégalais prompt à célébrer le veau d’or ne fera pas 50 ans au sommet. Aujourd’hui, c’est le Projet pastéfien qui a hypnotisé l’électeur. Personne n’en maîtrise encore le contenu ni les contours.

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Être bienveillant ne coûte rien

Pas de procès d’intention. On jugera sur pièces. C’est à l’arrivée et non au départ qu’on saura si le projet est un progrès ou s’il ne rime qu’avec regret et rejet. Il faut préférer les paradigmes aux dogmes. Les appels à candidature sont inclassables. Ils donnent l’impression d’un appel au secours dans une situation de déficit de compétences internes. Quand les clés de la République vous sont confiées, il n’y a rien d’autre à faire que de gouverner et prendre des décisions sur la base d’une vision. On pourvoit aux postes comme le consacre la Constitution. Ils sont distribués à des hommes et à des femmes qui inspirent confiance et qu’on connaît. Les candidatures ouvertes supposent le lancement d’interminables procédures alors qu’on n’a jamais le temps quand tout est urgent. Comme effet d’annonce, ça fait joli mais les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous. Les strapontins sont susceptibles de tomber incognito aux mains d’adversaires qui ne tirent pas dans le même sens que vous. Le saut dans l’inconnu, c’est un risque incalculé. L’inconnu fait toujours peur. Avec tant de responsabilités sur les épaules, la première chose dont il faut se méfier est de vouloir faire plaisir à tout le monde ou de ne pas reconnaître qu’on s’est trompé dans les propositions. Autre changement de méthode proposé qu’il faut aussi prendre avec des pincettes, c’est ce dossier des lanceurs d’alerte qui pourrait déboucher sur des fausses aler- tes. On tire la sonnette d’alarme parce que les corbeaux ne garantissent pas le beau et le bien. Avec les dénonciations anonymes et peut-être calomnieuses, c’est du retour en force des listes noires, du totalitarisme auquel il faut s’attendre. Le Président Diomaye qui dégage un parfum de sainteté n’a pas de velléités totalitaires. Toutes les réussites ne sont pas suspectes. La transparence absolue n’est pas une religion et tout dans la vie ne peut pas être transparent. Il faut que chacun reste à sa place. Il y a déjà suffisamment d’administrations dédiées pour combattre le manque d’éthique. La vraie rupture doit être de rompre avec les mauvais comportements. Rompre avec les habitudes qui ne mènent à rien. Cesser aussi de jouer avec les mots. La grande problématique du Sénégal est que le pays est en rupture d’équilibre depuis fort longtemps. Il faut mieux l’assister en assistant ses nouvelles autorités. Ça ne coûte rien d’être bienveillant.

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