J’espère qu’il s’agit d’un simple deepfake comme c’est désormais leur alibi préféré (oh la bassesse!), car un ministre de l’éducation ne peut se permettre de dire pareilles énormités. Prétendre que la baisse du taux de réussite au bac est due à une loterie de notes à laquelle s’adonneraient des enseignants, ce n’est pas seulement faux et absurde, c’est plutôt scandaleux. On ne sait pas d’où est-ce qu’il tire une telle conclusion, mais il devrait être traduit en justice par les syndicats d’enseignants. C’est quand même extraordinaire ce qui se passe dans ce pays : un ministre qui parle avec autant de légèreté sur une question aussi cruciale !
Le propos de l’humoriste français Pierre Dac « Il est plus facile de trouver un portefeuille sans ministre qu’un ministre sans portefeuille » trouve toute sa portée dans notre pays. Un ministre ne peut pas parler comme un activiste, sa parole fait écho et école. Les ministres doivent faire des émules dans leurs capacités discursives et argumentatives. Les raccourcis intellectuels, chez un ministre, c’est une calamité morale et politique. Comment un homme censé présider aux destinées de l’école sénégalaise peut-il faire une inférence aussi grave à partir de ce qu’UN enseignant lui aurait dit. La fantaisie est vraiment le premier ministre du démon.
J’aurais été ministre de l’éducation, je ferais un procès à ce président de jury afin de déclencher une enquête d’envergure pour cerner les fautifs d’un telle hérésie professionnelle. Quand on est ministre on ne peut pas se « sourcer » auprès des radoteurs et de l’opinion vulgaire : on doit motiver ses déclarations par une connaissance sérieuse des données et des enjeux du moment. Une telle déclaration discrédite non seulement le bac, mais également tout le système éducatif. Les candidats au baccalauréat pourraient d’ailleurs être déstabilisés par de tels propos. Si c’est ce genre de langage qu’on tient en conseil des ministres, notre pays court un risque.
Alassane K. KITANE