Ah, le populisme, cette noble cause qui fait monter au front pour défendre le « vrai peuple » contre les infâmes malaxeurs d’idées et surtout de faits. Ces journalistes, en particulier, ne sont que des parasites qui conspirent dans l’ombre des institutions démocratiques pour manipuler le brave citoyen moyen. Laissez-moi vous raconter l’épopée moderne des populistes, ces héros du quotidien.
Les élus populistes, armés de leur vérité divine, sont en croisade contre la presse. Pourquoi compter sur elle quand on peut avoir des slogans simples et percutants ? « Nous contre eux » est bien plus facile à comprendre que n’importe quelle dissertation ennuyeuse sur la démocratie.
Les élus populistes sont les preux protecteurs de la pureté populaire. Ils n’apprécient que peu ceux qui sont mandatés pour se comporter comme si rien n’allait de soi, ceux qui refusent les évidences, les « vérités servies comme un plat de couscous, ceux qui débusquent ce que les pouvoirs n’aimeraient pas que le grand public sache. La liberté de la presse ? Commode cache-sexe pour ne pas montrer la nudité d’une corporation vermoulue par la corruption. Suffit donc la parole de l’Oracle distributeur de certificats de bonne vertu. Pas besoin de sources ou de vérification, la vérité populiste s’auto-suffit, se propageant comme un feu de brousse dans les esprits déjà chauffés à blanc par des années de discours enflammés.
Mais ne soyons pas dupes. Derrière leur amour apparent pour le peuple, les populistes ont trouvé une méthode infaillible pour saper la démocratie. Ils créent une dichotomie simpliste : d’un côté, le « vrai peuple » qu’ils incarnent ; de l’autre, une presse désignée comme ennemi public. Ce jeu dangereux de division sert non seulement à discréditer toute contradiction, mais aussi à fragiliser les fondements mêmes de la démocratie. Hier, en attaquant les journalistes sans distinction, Ousmane Sonko cherche par anticipation à museler toute forme de critique et à installer sa propre vision du monde, où la complexité et le débat n’ont pas leur place. Soit. Mais un leader se mesure à sa capacité à améliorer la vie de ses concitoyens, et non à sa propension à avoir comme « PROJET » d’écraser des adversaires imaginaires…