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Nos Raps

Le car rapide, ah ce que j’ai adoré ce moyen de transport décadent et obsolète, menacé depuis plus de vingt ans de disparition mais qui résiste toujours mais continuant de trimbaler ses passagers infortunés de la banlieue vers Colobane, Médina et à la lisière du centre-ville. Mais aussi dans le sens inverse !

Ces guimbardes qui transportent des hommes et des souvenirs, beaucoup de souvenirs, résistent tant bien que mal aux Tatas, aux taxis, aux clandos, à Dem Dikk et maintenant au Brt et au Ter. Face à cette concurrence féroce, la parade de ce duo de choc, le chauffeur et l’apprenti-receveur, le saucissonnage du trajet entre Dakar et la banlieue. Ce duo, des larrons en foire, ne voue aucun respect aux gens qu’il transporte.

Sièges déchirés et délabrés, sans confort, ce terme est inconnu de l’équipage de ce véhicule qu’on oublie depuis belle lurette de chaperonner, d’entretenir. Dans ces cercueils roulants, pas étonnant qu’il y ait plus de passagers debout qu’assis. Le conducteur qui a les yeux sur la route n’a pourtant d’oreilles que pour son apprenti-receveur qui le mène à la baguette. Parce qu’il est le véritable maitre à bord. Indifférent aux récriminations des passagers auxquels il répond souvent par des réparties salaces et souvent désobligeantes.

Voyager à bord de ces guimbardes procure une photocopie du degré d’insolence des apprentis-receveurs et, par ricochet, de notre société. Ne vous avisez jamais de prendre un car-rapide si vous n’avez qu’une seule pièce dans les poches. Non seulement les prix sont très fluctuants mais vous avez plus de chance de ne pas arriver à destination. Le plus cocasse dans un car de transport, c’est quand l’apprenti a affaire à un passager aussi roublard que lui ou qui ne se laisse pas marcher sur les pieds.

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Habitué à se coltiner des passagers qui maugréent mais cèdent toujours, le voilà penaud devant plus coriace que lui. A la grande satisfaction des autres passagers, gloussant de bonheur de voir un Superman les venger par procuration. Malheureusement, une fois n’est pas coutume, ces Supermen se font rares ! Les miens désapprouvent mon entêtement à vouloir prendre ces rafiots qui roulent toujours malgré leur âge, mais mon plaisir est total quand je descends sain et sauf de ces cars de transport en commun. Qui font partie des souvenirs enfouis au plus profond de nous. Pendant longtemps les cars-rapides ont meublé les rues des quartiers de Dakar et de la banlieue, desservant des coins et recoins qu’ils étaient seuls à fréquenter. Prendre un car rapide me procure une dose de vigueur et d’ardeur. Aujourd’hui que le choix dans le transport est vaste et moderne, un musée des transports serait le bienvenu. Nul doute que le car-rapide ou « rap’s » y aurait une place de choix !







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