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L’avancee De L’urbanisation Et Ses Consequences Sur La Souverainete Alimentaire

Ma première contribution intitulée pour une souveraineté alimentaire réussie relevait les défaillances institutionnelles et organisationnelles en plus des dispositions clefs qu’il fallait prendre pour certains éléments de production notamment les facteurs de productions (semences, engrais .etc.)

Dans cette deuxième contribution, on s’intéresse au support de production qui est le sol. D’entrée de jeu, il faut savoir que les terres arables disponibles au Sénégal sont évaluées à trois millions cinq cents mille hectares (3 500 000 ha) dont deux millions cinq cents mille (2 500 000 ha) mis en culture, essentiellement consacrés à des cultures d’hivernage, ce qui resterait à peu près un million d’hectares dont une partie est consacrée au maraichage. La FAO estime que 70 000 ha sont cultivés en permanence, superficie dans laquelle on doit insérer les activités horticoles.

Nous démarrons notre réflexion sur la bande des Niayes, zone favorable aux cultures horticoles et à l’élevage et dont la superficie est estimée à 540 000 ha. La région de Dakar située en partie dans cette zone, qui occupe 55 000 hectares, est prise comme échantillon.

Aujourd’hui, la menace porte sur ce stock, mais avant d’aborder l’analyse, je constate que le phénomène affecte toutes les villes et les agglomérations sur l’ensemble du pays, pour dire que les campagnes se dégarnissent en plus de leurs terres récupérées au profit des villes, dont les conséquences sont visibles et se résument à :

– Moins de main d’œuvre pour les exploitations agricoles en témoigne le nombre d’enfants et de femmes qui exécutent les travaux dans les exploitations

– Des terres destinées à l’agriculture, exploitées ou en exploitation, affectées à l’habitation, ce qui explique en partie les conséquences que l’on observe avec les inondations et les pertes de production.

Pour circonscrire notre champ d’étude, nous considérons que la région de Dakar part du Plateau jusqu’ à l’entrée de Bayakh. Pour ceux qui ont grandi à Dakar et sa banlieue, les exploitations maraichères démarraient derrière le rond-point de Petersen presque sans discontinuité, seulement entrecoupé par certains quartiers qui s’arrêtaient à hauteur de Colobane et Wakhinane pour continuer sur la grande Niaye de Pikine, Thiaroye réputé pour sa spécialisation sur la culture de choux pommé, poursuivant cette lancée jusqu’à Gorom et Bayakh. Si dans le temps, Dakar nourrissait Dakar, aujourd’hui c’est la zone de Notto et Mboro qui nourrit Dakar en légumes et mangues.

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Que reste-t-il de cette végétation avec les champs arboricoles, maraichères, la faune et la flore et si on faisait une évaluation sommaire de cette superficie perdue ?

Partant d’une évaluation sommaire de cette superficie de 550km2 soit 55000ha, on peut considérer qu’au moins 80 % de ces superficies sont perdues par l’exploitation agricole soit 440 000ha et en faisant la clé de répartition, 25% pour le maraichage et 75% pour la culture fruitière, on se retrouve avec 330 000 ha pour la fruitière et 110 000ha pour le maraichage.

LES CONSEQUENCES SOCIALES ET ECONOMIQUES

La perte de main d’œuvre En considérant un ( 1) manœuvre par ha d’arbres fruitiers et deux( 2) par ha de maraichage, cela nous donnerait 330 000 pour le fruitier et 220 000 pour le maraichage, soit un total de 550 000 ouvriers par an qu’ on aurait pu utiliser avec un salaire moyen arrondi à 50 000 FCFA par mois , par référence au salaire minimum agricole ( SMAG) , cela donnerait une somme de vingt-sept milliards cinq cents millions de FCFA ( 27 500 000 FCFA) à distribuer annuellement.

Le manque à gagner annuel dû à la perte de production annuelle

Pour le fruitier, on se situerait à 165 000 000 000FCFA et le maraichage 220 000 000 000 FCFA de revenus générés, pour une estimation à 500 000FCFA par ha de fruitiers et un million (1 000 000 FCFA) pour deux spéculations choisies : la tomate cerise et les choux pour le maraichage. Ce qui fait un total cumulé de trois cents quatre-vingt-cinq milliards de francs CFA (385 000 000 FCFA) de manque à gagner. Je précise que l’analyse est minimaliste dans la mesure où nous avons tablé sur un revenu que peut gagner un producteur moyen.

Les autres acteurs économiques connexes

Il s’agit des transporteurs, des ouvriers manutentionnaires, des bana banas au niveau des marchés, jusqu’ à la maman revendeuse de légumes avec sa table au niveau du quartier. Sans une évaluation, on peut percevoir ces gains latents qu’auraient pu percevoir ces agents économiques, et qui viendraient s’ajouter à ce qui est dit plus haut.

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L’économie verte

La récolte des noix d’acajou, les revenus tirés de la pharmacopée avec les herbes, feuilles récoltées dans ces forêts vendues dans les marchés, le bois mort pour les besoins de cuisine et le bois d’œuvre (rôniers) pour la construction des habitats constituent des revenus non négligeables perdus également.

LES ORIGINES DE CETTE SITUATION

L’acte 3 de la décentralisation est indéniablement le premier facteur à incriminer dans la mesure où les maires ont focalisé leurs activités essentiellement sur deux axes, les taxes et le foncier, ce qui a généré cette boulimie et spéculation foncière. La mentalité développée sur la terre, c’est qu’elle n’est plus considérée comme un facteur de production mais un produit de commerce.

L’autre élément moins visible, c’est que la population délaisse de plus en plus les activités de production au profit d’autres activités comme le commerce certainement moins pénible, présentant moins de risque et plus rémunérateur. Ce constat m’amène à soulever l’équilibre des filières . Par essence, les filières sont déséquilibrées à cause du manque de solidarité des acteurs. Dans la chaine, c’est généralement celui qui produit qui prend l’essentiel des risques et qui récolte le moins de revenus. Quel est l’investissement que fait le commerçant comparé à celui du producteur et quel risque prend-t-il pour vouloir écrémer les revenus générés parla filière. Il s’impose donc la nécessité de veiller à l’équilibre des filières pour permettre à ceux qui prennent plus de risque et investissent plus, de gagner plus de revenus. Il y va de l’organisation de ces derniers pour mieux asseoir leur pouvoir de négociation.

LES DISPOSITIONS A PRENDRE

Trois axes d’intervention, sécuriser le reste de terres agricoles, rééquilibrer les filières, redynamiser les structures associatives de développement.

La sécurisation des terres agricoles

Il s ‘agit ici d’identifier, de répertorier et de classer les zones considérées comme agricoles, d’établir les textes qui en font des zones de culture non aliénables pour d’autres destinations, sans oublier les dispositions complémentaires permettant aux exploitants d’acquérir des titres qui servira, à la fois à sécuriser leurs investissements et aussi à servir de garantie pour renforcer leur capacité de production.

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Equilibrer les filières

Ce sera essentiellement du ressort des producteurs qui doivent s’organiser pour s’imposer en interlocuteur unique face aux commerçants, banquiers et autres interlocuteurs, y compris l’Etat.

Redynamiser les structures associatives de développement

Ce sont les coopératives , organisations professionnelles qui sont visées , occasion pour attirer l’ attention sur le fait qu’ il est important d’ évaluer l’ existant avant de mettre de nouvelles structures L’ expérience a montré que tous ceux qui se sont écartés de cette démarche ont vu les nouvelles structures péricliter à la fin des projets et ou des régimes qui les ont mis en place.

L’autre principe qui guide la mise en place de ces nouvelles structures serait après l’évaluation d’écouter et d’impliquer les acteurs tant dans la conception que dans la mise en œuvre, ne pas avoir d’idées dans la discussion avant qu’ils ne donnent les leurs et prendre ces idées émises comme base de travail. Le monde rural a son mode de fonctionnement. Je résume cette démarche en disant ;

Ne jamais les devancer dans la recherche des idées, les écouter et les impliquer pleinement en les mettant au-devant pour ne pas les perdre en cours d’exécution.

CONCLUSIONS

L’étude de cet échantillon montre très clairement qu’il faut prendre des mesures urgentes pour stopper ce phénomène en protégeant les terres à vocation agricole car c’est seulement leur mise en exploitation qui permettrait de sécuriser la souveraineté alimentaire, s’assurer de la qualité des produits consommés, veiller à notre santé, résorber le chômage, permettre une large distribution des revenus à l’ensemble des acteurs économiques.

En résumé il faut retenir que c’est le développement du secteur rural qui résoudra nos problèmes actuels.

Thierno Birahim FALL,

Ingénieur agronome de classe exceptionnelle, diplôme supérieur en gestion de l’entreprise, retraité

Email : thiernofall@yahoo.fr







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