Demain un péril ! Celui qui devait être une source et un refuge n’est pas investi. Les Législatives anticipées du 17 novembre 2024 en perdent leur sens. Aucun respect pour le Respect. Lui sans lequel aucun ordre ne sera. Celui nécessaire pour construire ou reconstruire un Sénégal de tous, juste et prospère. Et jamais des prétextes ne manquent à ses pourfendeurs qui, pour se faire confiance, se complaisent dans leurs prétentions d’être tout sauf normal, dans leur orgueil béat. Ni vérité des faits ni vérité des jugements ne pavent leurs routes qu’éclaire leur intolérance. Plus rien, plus personne n’est respecté. Encore moins soi-même. Le mal est là qui fracture davantage un pays. La solution ne sortira pas des urnes.
Le 17 novembre, les électeurs ne voteront ni pour leur candidat idéal ni pour le candidat de l’idéal du Sénégal. Celui par qui tout redeviendra possible. Des femmes et des hommes rendus à leur humanité, réconciliés avec eux-mêmes et avec leurs semblables, un pays réconcilié avec ses enfants devenus soucieux de leur dignité et de celle des autres. Tous célébrant quotidiennement dans leurs faits et dans leurs actes la responsabilité érigée en mode de vie. En effet, sans le respect, quelle formule de vie pour réaliser le bien commun pour chacun et pour tous ? Parce que décrypter correctement les problèmes de transformation et de mutation du temps présent et ne plus se laisser manipuler c’est exercer son rôle de citoyen, c’est user de son libre arbitre, de son propre entendement. C’est se respecter soi-même.
Le respect de soi est-il possible sans cette exigence, cette conscience qui est une mise à distance par rapport aux discours, par rapport aux événements ? Le respect de soi n’induit-il pas le respect de l’autre, reconnu comme différent de soi-même ? «Nous sommes l’un pour l’autre des pèlerins qui, le long des chemins divers, peinons vers le même rendez-vous», écrit Antoine de Saint-Exupéry dans Lettre à un otage. D’ailleurs beaucoup ne sont-ils pas aujourd’hui des otages d’un jeu politicien où le respect est le grand absent ? Beaucoup sont troublés, s’alarment et alarment sans que leurs clameurs soient entendues. Ça menace ruines et l’on continue d’applaudir des impudences, des escalades et autres assauts contre des raffinements, contre des convenances qui règlent des relations humaines, contre des fondamentaux d’un vivre ensemble dans le respect des différences. Qui pour réconforter les populations ?
La politique ne saurait créer des hommes consolés et consolants
«La politique ne saurait créer des hommes consolés et consolants, capables d’apaiser les cœurs dans les tourments de la vie» (voir Amadou Hampathé Bâ, Aspects de la civilisation africaine). Les préoccupations des populations, leurs angoisses, leurs souffrances… germent donc sans cesse. Elles sont en fécondation continue. Et l’ascension des politiciens qui alimentent ce mal-vivre jamais achevée. Des politiciens dont la vérité d’hier n’est point celle d’aujourd’hui ni celle de demain. Avec eux, respect des convictions, respect des engagements, respect des promesses, respect des lois et règlements, respect du bien commun, respect du savoir et du savoir être… sont leurres et lueurs de gens qui ont oublié qui ils ont été, la légèreté dont ils font montre par des comportements, des calculs qui perdent de vue les principes qu’ils proclament. Leurres et lueurs de gens qui ne rechignent plus. Et qui se hasarde à le dire déclenche l’orage contre lui et ploie sous des invectives de la meute, ceux-là qui se veulent des chiens de garde de leurs idoles.
«Tant que l’homme garde au cœur l’intolérance, il est lui-même sa propre prison quelle que soit son étiquette», écrit A. Hampathé Bâ. D’après lui : «L’homme est davantage asservi ou libéré par son état intime que par un système extérieur à lui-même.» Derrière ces vérités, quelle attitude attendre des uns et des autres avec ces Législatives anticipées ? Nul doute qu’ils ne feront pas dans la mesure. Ces politiciens vont parcourir le pays, «des bouches souriant sous d’autres visages, des corps qui laisseront dans leurs sillages des traces du néant qui demain se révélera». En effet, faute de respect, tant de désirs, tant d’espérances, tant de regrets, tant de malaises… sans rémission. Or, «si le respect de l’homme est fondé dans le cœur des hommes, les hommes finiront bien par trouver le système social, politique ou économique qui consacrera ce respect», écrit A. de Saint-Exupéry. Pour lui, «quelle que soit l’urgence de l’action, il nous est interdit d’oublier, faute de quoi cette action demeurera stérile, la vocation qui doit la commander. Nous voulons fonder le respect de l’homme.»
Seigneur, pour le respect, nous prions qu’il soit restauré et préservé. Pour que l’humain soit rendu au respect, nous votons.