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De Ndeem À Mbacke Kadior, Hommage À Serigne Babacar Mbow

Vendredi 18 octobre, à la galerie Maam Samba, du nom de son grand-père, fils du fondateur du village de Ndeem, petit hameau du département de Bambey, que Serigne Babacar Mbow a fait connaître à travers le monde, se déroulera une cérémonie d’hommage à celui qui restera pour ses amis d’enfance « Chacun » ; sinon Shakun, comme le créateur imaginatif qu’a toujours été Babacar Matouty Mbow  signa quelques petits et grands papiers d’une originalité remarquable dans le journal Le Politicien, où nous passions voir « grand Less » à son grand plaisir. – C’était aux débuts des années 1980, nous faisions la navette entre Gorée et Mermoz, chez Yaye Ngoné, sa mère où nous avions trouvé refuge …

Un peu plus tard, ou en même temps, quelques œuvres littéraires suivront que Shakun ne publia pas, ne publiera jamais ; son évolution spirituelle, pour le dire ainsi, les ayant enterrées. Ce, littéralement, du moins pour le manuscrit de roman « Le poète du désert », que les quelques personnes l’ayant lu voyaient comme un grande œuvre littéraire.

Nous formions une petite bande de rêveurs, Lamine Ndour, guitariste de talent, Alioune Sow, un inoubliable peintre, binôme alors de Zoulou Mbaye ; petite bande dont Shakun était le meneur, grand frère et mentor. Un peu guide spirituel déjà, même si des idéaux plus laïcs, voire profanes, comme l’art, étaient nos moteurs.

Mais Shakun, dans sa manière de vivre, ascétique, désintéressée et généreuse, couvait déjà –  c’est peut-être seulement le recul et ce qu’il a fait de sa vie, qui, aujourd’hui, rendent cela si évident à mes yeux – le Cheikh, Serigne Babacar Mbow, dont l’œuvre aux plans spirituel, social, économique, n’a pas fini de faire le tour du monde.

Je vais avoir 24 ans, quand je le rencontre, il a un passé de jeune Dakarois de la Médina, grand footballeur ayant, après l’inévitable foot de rue, intégré le grand club du Jaraaf de Dakar, il a un vécu d’étudiant engagé et turbulent en France, et, commencé déjà à Dakar, de militant d’une gauche sénégalaise de l’immédiate après-indépendance, dynamique mais polymorphe ; Babacar ayant choisi de militer à And-Jëf, chez les Maoïstes. De cette époque, de ces époques devrions-nous dire, d’autres que moi, qui les ont vécues avec lui, témoignerons ce 18 octobre. Nous l’espérons et les y invitons, Boubacar Boris Diop et moi, qu’un concours de circonstances incluant notre relation à lui et une proximité avec des événements impliquant sa famille, presque donc le hasard, a désigné pour porter une partie de la communication sur un projet de Café Littéraire que, de son vivant, Serigne Babacar avait inspiré à ses enfants, en charge de la gestion de la galerie Maam Samba de Ngor. – Dans celle-ci, sont exposées les innombrables réalisations de l’ONG des associations du village de Ndeem que Serigne Babacar a fondée et présidée, entre autres remarquables œuvres de développement humain, social et économique, dans une démarche écologique, inclusive et solidaire.

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Se tiendra à nos côtés à cette occasion du 18 octobre, Assane Mboup, directeur de la très connue et dynamique Télé-école, témoin, lui, de Ndeem à Mbacké Kadior, du cheminement, spirituel baay-fall de Serigne Babacar, doctrine indissociable du travail, en tant que son viatique. Ensemble, ils ont sillonné l’Europe, propageant, selon les propres mots d’Assane, non pas seulement la doctrine du développement éco solidaire impulsée à Ndeem, mais aussi l’approche spirituelle la soutenant.

La diversité des productions agricoles, artisanales, manufacturières et les nombreuses innovations dont celles-ci sont accompagnées, ont ouvert des voies vers divers accomplissements, notamment la pénétration du marché international du commerce équitable, à des populations, surtout féminines, jusqu’alors en marge d’un système figé dans des pratiques agricoles et socioéconomiques régressives.

Lors d’une visite à Ndeem, nous fûmes impressionnés par l’élaboration d’un charbon, alternatif au bois, à base d’argile et de coques d’arachides, une fabrique de meubles en bambou, des teintureries à tendance bio, la culture de coton, et d’autres types d’activités innovatrices touchant à l’élevage, à l’aviculture, etc.

Beaucoup, parmi les personnes auxquelles je pensais tantôt comme pouvant mieux témoigner du parcours de Shakun que nous-mêmes, ont visité le Ndeem de Serigne Babacar et en sont revenus impressionnées par la somme considérable de ses réalisations et de son implication physique personnelle dans tous  les travaux. Parmi elles, Mao Wane, lui aussi militant de cette gauche aujourd’hui rangée. Connu pour avoir continué son action militante avec le daara de Malika, il m’a un jour dit avec émotion :  » Chacun a réalisé notre utopie ».

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Nous souhaitons le voir, vendredi 18 octobre à la galerie Maam Samba, ainsi que nous souhaiterions y recevoir d’autres compagnons de route de « Chacun » sur le terrain politique et ailleurs dans son riche  parcours, je pense à Amadou Tidiane Wone, Mamadou Diop Decroix, Papa Touty Sow, particulièrement à Majid Ndiaye, lui et Serigne Babacar ont entretenu une amitié presque fusionnelle – Et d’autres et d’autres et d’autres encore …

Serigne Babacar, devenu Cheikh Baye Fall, réalisa à Ndeem un travail si remarquable au cours de trois décennies, qui conduisit le Khalife général des Baye Fall, Serigne Cheikh Dieumb Fall, à lui confier, sur instruction (ndigël) du Khalife des Mourides, alors, Serigne Bara Mbacké, des travaux destinés à  doter Mbacké Kadior d’infrastructures éducatives, agricoles et résidentielles de grande envergure. C’était il y a une quinzaine d’années.

Dans la ferveur, il déménagea tout de suite de Ndeem vers le berceau du Mouridisme, lieu de la Grande  Rencontre entre Bamba et Cheikh Ibra Fall, avec armes et bagages, sa famille et nombre de ses talibés. Là, il ne tarda pas à  donner de claires indications que cette confiance placée en lui par les plus hautes autorités mourides était amplement méritée.

Discipline, rigueur et travail soutenus ont fait très vite sortir de terre toutes les infrastructure du cahier des charges

Le  vendredi 1er mars 2024, Dieu qui l’avait donné au monde, à sa famille, à ses amis, à Ndeem et au Mouridisme, le leur a repris. Aujourd’hui, Serigne Babacar Mbow repose dans ces cimetières de Ngiguis Bamba, à Mbacké Kadior, les cimetières des habitants de Thillé, abandonnés pendant des années à la dégradation, et dont il avait participé à la réhabilitation, en offrant des matériaux de construction, et en participant de ses propres mains aux travaux ;  de sa propre initiative, mais, dans la pure tradition mouride, après en avoir sollicité et obtenu le ndigël.

Les chantiers qui lui avaient été confiés sont aujourd’hui quasiment achevés. Ce qu’il en reste est ce qu’on appelle les finitions, carrelage et peinture, matériaux que Serigne Babacar avait déjà acquis et stocké dans un container. Et aucune crainte ne subsiste que ses enfants, avec en tête Cheikhouna Mbow, son fils aîné, héritier de la charge – comme le veut la tradition chez les Baye Fall -, achèveront, pour le peu qu’il en reste, les travaux entamés par leur père et surtout guide spirituel, qui leur a laissé de solides valeurs. Sokhna Aïssa, sa compagne de toujours, et mère de ses enfants, qui a suivi, soutenu et accompagné Serigne Babacar dans son parcours initiatique jusqu’à son aboutissement en tant que Cheikh, y veillera par ses bénédictions.

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Durant quatre décennies son engagement spirituel s’est, on l’a vu, accompli en même temps que des réalisations sociales au bénéfices de communautés et d’individualités en ayant tiré un accomplissement perceptible dans les marques de reconnaissance que, de son vivant déjà, Serigne Babacar recevait de partout. Quand sa disparition fut annoncée,

les nombreux hommages venus de tous les coins du pays, d’Afrique, d’Europe et d’ailleurs, de personnes de toutes catégories professionnelle, sociale ou religieuse, ont constitué un hymne à son engagement dans l’accomplissement de l’humain au double plan matériel et spirituel par le travail, la méditation et le partage.

Or, l’intellectuel et déjà écrivain prolifique qu’était Shakun écrivant sous nos yeux avec une rapidité déconcertante, nouvelles et fantaisies de toutes sortes- avait mis ces dispositions créatrices au service de son engagement dans la spiritualité. De sa plume, il a écrits dix ouvrages, tous dans la ligne soufie d’interprétation et d’exaltation de la parole divine, mise au service de l’humain. Dix ouvrages aux titres éloquents, dont voici quelques-uns : « La noblesse spirituelle de l’âme : Les Gens de l’Amour » -2012  « L’aura de la femme dans le verbe divin » – 2019 ; « L’Amour divin dans le verbe du prophète » – 2022 ; « Cheikh Ibrahima Fall : La Lumière de la Sainte Piété » -2023 ; tous parus à Harmattan- Sénégal. Serigne Babacar a aussi laissé deux ouvrages posthumes dont l’un est en cours de publication par les Editions Albouraq à Paris.

Le 18 octobre, en présence de sa famille, des ses disciples et de ses amis de tous horizons, venus de partout, à l’occasion du lancement du Café Littéraire Maam Samba, un hommage lui sera rendu, avec des témoignages qui nous en apprendront plus sur la trajectoire de vie proprement exceptionnelle de Serigne Babacar Mbow.







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