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Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

Empreintes

L’exercice du pouvoir est temps de vérité. Au détour d’une forte concentration d’efforts, les experts commis, dans une relative discrétion, pour donner corps, âme et silhouette au référentiel des politiques publiques ont remis à date échue leur copie au Premier ministre Ousmane Sonko qui, à son tout, l’a aussitôt transmise au Président de la République Bassirou Diomaye Faye. 

S’en est suivi le séminaire gouvernemental pour fixer le cadre, circonscrire le périmètre, s’entendre sur la pertinence, la cohérence et l’amorce du processus de présentation au cours d’une cérémonie solennelle en présence de toute la classe dirigeante. Cruciale étape : le Projet cesse d’être l’apanage du Pastef. 

Désormais, il constitue un « bien » des Sénégalais qui peuvent, en se l’appropriant, lui imprimer un caractère collectif. Il devient ainsi la référence et se substitue au Plan Sénégal Emergent (PSE) tombé en désuétude en même temps que le régime qui le soutenait.

Au vainqueur la parole et l‘initiative. Sans doute tient-il compte du contexte de mutation des marchés sous l’effet de plusieurs facteurs : décloisonnement des capitaux, leur intégration et leur interdépendance accrues et la suppression des entraves pour rendre libre la circulation desdits capitaux. 

De ce fait, le référentiel Sénégal 2050 se décline en axes qui s’articulent, à l’image du somptueux baobab, en bonne gouvernance et engagement, en aménagement optimal et développement durable, en capital humain de qualité et garantie d’équité sociale pour enfin déboucher sur une économie compétitive. Tout un programme !

Il s’étale sur un quart de siècle et nécessite pour les cinq premières années 18 500 milliards de francs CFA d’investissements suivant une clé de répartition qui englobe le privé, le public et les institutionnels dans des proportions inversées. Ce qui est une nouveauté.

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Par ailleurs, il ressort des interventions et des analyses croisées des actifs que liquidités et solvabilité coexistent dans une relative transparence. En revanche, les professionnels des marchés restent toujours confrontés au réel problème d’allocations des ressources et surtout d’arbitrage géographique. 

La présence du cabinet Performance se justifie-t-elle par la quête de puissance des nouvelles autorités du Sénégal ou le besoin de positionnement clair et sans équivoque afin de donner à Sénégal 2050 une empreinte indélébile ?

Tout est question de bonne direction s’appuyant sur des indicateurs économiques et le jugement des experts. Ces derniers ont davantage mis l’accent sur les hydrocarbures comme mamelles des ressources avec une utilisation efficace pour apprécier l’allure des progrès attendus.

La nature même des modalités d’injection de capitaux entraîne des anticipations pour se forger une opinion fiable sur le sens des conjonctures à venir et des tendances lourdes.

Il en est ainsi de l’économie circulaire, vite évoquée alors qu’elle demeure une filière inexplorée avec un potentiel de croissance insoupçonnée. L’hypertrophie de Dakar crée déjà un besoin d’évasion salutaire pour nombre de Sénégalais qui étouffent dans une capitale à hauts risques de pollution.

Le choix du mythique arbre, en l’occurrence le baobab, comme emblème et métaphore rejoint l’option antérieure d’un symbole revêtant l’authenticité de tous les actes officiels de la puissance publique. Une telle proximité de situations révèle la longue trajectoire de planification du développement dans notre pays. 

Dès les années soixante-dix, le régime du premier président Senghor vantait le Sénégal en l’an 2000 avec une modernité diffusée à une vaste échelle. La dégradation du prix des matières premières, conséquence de la détérioration des termes de l’échange, a fini par ruiner les ambitions du président-poète pour le Sénégal. 

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Son successeur Abdou Diouf, qui avait pour lui la durée, tablait sur un Sénégal «transformé en 2025 » avec des hypothèses et des simulations montrant un basculement massif des populations vers le littoral de la façade atlantique. L’inflation mondiale liée à la hausse des prix du pétrole entrainait une chute du pouvoir d’achat et la destruction du fragile tissu industriel. 

Chômage massif de la classe laborieuse. Retentissante déperdition scolaire. Appelés à la rescousse, le FMI et la Banque mondiale, préconisaient de ruineux ajustements structurels avec un démantèlement massif des subventions des prix, le gel des investissements dans l’éducation qu’ils considéraient comme une « dépense », donc une charge inutile. 

Le plus cocasse, ces mêmes institutions n’avaient pas hésité à « pomper » les maigres ressources humaines des pays anormalement endettés pour accroitre l’efficience de leurs interventions. Elles perdaient de ce seul fait toute crédibilité. 

En 2000, le président Wade arrive au pouvoir sans vision claire. Il surfe sur toutes les vagues ondoyantes. Il se fie à son incomparable flair. Mais iconoclaste et libéral bon teint, il refuse de suivre la tradition républicaine de ses devanciers. Imprévisible, le pape du Sopi (son slogan de ralliement) affectionne les points d’attention repérés : sports, culture, université, politique, agriculture, infrastructures, évènements grandioses. La trace ou le sillon ne l’intéressent pas outre mesure. 

Wade était un « président spécial », disait de lui, séduit et ébaubi,  James Wolfensohn, alors président de la Banque mondiale. En lui succédant en 2012, Macky Sall s’organise pour combler la béance. Il s’appuie sur son programme de Yonou Yokkute qu’il transforme en PSE au cours d’une expédition médiévale à Paris pour doter le pays d’un référentiel séquencé jusqu’en 2035.

Cette brève incursion dans des initiatives antérieures, a valeur de rappel et surtout d’alerte afin d’éviter le travail en silo ou les démarches solitaires. Il urge de faire des compatriotes des alliés dans le but évident de mobiliser les intelligences collectives en les conjuguant dans l’action. De façon inclusive et non exclusive. 

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Car les mots seuls ne soignent pas les maux de ce pays adepte des palabres. Les mécanismes pour amortir les chocs transcendent les clivages partisans ou les querelles d’école en privilégiant les efforts d’unité à la base des succès d’estime. Cette ouverture donne le goût de l’engagement à ré-enchanter. Au fond, que fait-on de grand sans ambition ? 

De nouveaux visages, souvent jeunes, arrivent aux responsabilités. Sous l’effet des contraintes, ils doivent s’appuyer sur des figures de sagesse, rompues aux arcanes du pouvoir et aux subtilités des négociations complexes. Après tout, la vocation du gouvernement est d’améliorer l’existence des Sénégalais. 

A travers des cycles politiques qui se sont succédé, ils ont été témoins de plusieurs projections pilotées par des plénipotentiaires mandatés pour l’alignement d’opportunités et l’éclosion de talents. Bien évidemment, la jeunesse s’impose comme un sujet majeur des nouvelles autorités. Elle croît assez vite et constitue la frange de la population la plus exposée et la moins avantagée en raison du chômage massif qui la frappe.

Comment dompter les ardeurs et refréner les impatiences ? Parce que tout est urgence justement, l’approche par priorité absolue confère aux options une crédibilité si les cibles s’y reconnaissent.

Le Sénégal 2050 brasse large et projette de rééquilibrer le pays à partir d’une équité territoriale qui met l’accent sur l’impulsion et une participation accrue des citoyens. Auront-ils voix au chapitre pour être écoutés et entendus ?  

Par Mamadou Ndiaye 







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