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Manœuvres De Division : Paix Et Stabilité

Manœuvres De Division : Paix Et Stabilité

L’insouciance devient progressivement une marque distinctive dans le champ politique sénégalais. Le peuple  pourrait ainsi être pris en otage dans des batailles qui ne sont pas les siennes. 

 

Les adversaires du nouveau régime dont certains, consciemment ou inconsciemment, sont le bras armé de réels ennemis du pays, n’ont pas besoin de missiles ou de drones pour nous jeter dans la tourmente mais ils ont une terrible arme de destruction massive. Cette arme, c’est  un simple couteau tranchant qu’ils aiguisent 24h/24 pour couper le lien, le cordon ombilical qui lie le Président de la République et son Premier ministre. Les forteresses se prennent de l’intérieur. Le calcul est simple. Transformer trois obstacles potentiels  en montagnes insurmontables pour le nouveau pouvoir et ensuite le contourner pour reprendre les rennes du pays à partir des prochaines élections municipales dans treize (13) mois. Ces trois obstacles sont :

 

1) la menace sécuritaire. 

Le Sénégal est dans un véritable arc de crise. La guerre est à ses frontières tout comme sont présents, dans d’autres pays proches, de sérieux  facteurs d’instabilité politique. 

 

2) la  terrible ardoise de la  dette publique. 

Le nouveau régime n’a pas contracté la dette mais il doit la  rembourser à raison de plus de 10 milliards CFA par jour selon certains analystes  dans quelques mois si les choses restent en l’état. 

 

3) les divisions internes dans le camp du pouvoir en place. 

Ces adversaires du régime partiront d’éventuelles divergences d’approche (réelles ou fabriquées) pour susciter, alimenter et entretenir des divisions internes dans les rangs du pouvoir. Rappelons que les divergences de vues sont tout à fait naturelles et bénéfiques dans un environnement normal où ne règnent pas l’hypocrisie et la dissimulation. 

 

De ces trois facteurs, le plus sérieux à terme et qui représente la corde principale qu’ils vont sans cesse tirer est assurément l’arme de la division. C’est donc sur celle-ci qu’il faut se concentrer. Elle peut par moment être  assez pernicieuse, insidieuse, difficile à cerner. En effet, « tout ce qui brille n’est pas or ».  Certains sont délibérément et de façon planifiée sur des positions et des pratiques antinationales  dans leurs luttes pour des objectifs strictement personnels. D’autres, de bonne foi, peuvent être trompés et embarqués dans des combats anti-peuple sans s’en rendre compte dans le moment présent. Il convient donc de sérier soigneusement tout ce qui se meut dans le tumulte pour faire la part des choses. Les proclamations et autres profanations ne sont guère un critère pour juger. Seule la pratique est le critère de la vérité. Ils jetteront donc toutes leurs forces politiques, idéologiques, matérielles,  financières et relationnelles dans la bataille de la division.  

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Quelqu’un qui fait activement campagne pour l’unité m’a rapporté le propos d’une de ses  connaissances : « lu tax ngay wax ni sa gaayi dañoo wara wëy di ànd ? » pourquoi tu prônes l’unité  de tes amis ? Tu dois les laisser se battre ndax ci ngay mën a ame dara ». 

 

Celui-là anticipe la redistribution des cartes en cas de séparation au sommet de l’État sans compter qu’il est clairement sur une logique de partage de privilèges dont il faut s’emparer et non de tâches à accomplir au service du peuple. Combien sont-ils qui réfléchissent de cette manière ? Pourtant ils savent tous que la rupture du lien entre les deux principales autorités du pays est une très mauvaise chose pour le Sénégal mais ils s’acharnent à y arriver. C’est pourquoi il faut clarifier les termes du débat. Le Président de la République et son Premier ministre sont, politiquement parlant, des frères siamois. Le couteau qui coupera le cordon ombilical n’épargnera aucun des deux. Le Premier ministre est au front, sur tous les fronts. C’est ce qui est attendu de lui en tant que Premier ministre portant au surplus le projet. À ce titre, il est forcément la cible prioritaire à abattre dans le moment présent mais la cible principale et ultime n’est autre que le Président de la République lui-même dès lors qu’il est le siège de tous les attributs de l’État dans la constitution actuelle. Donc attaquer le Président en pensant qu’on renforce le Premier ministre est d’une grande naïveté politique tout comme s’acharner sur le Premier ministre en considérant qu’on renforce ainsi le Président de la République est d’une grande cécité politique. Des deux côtés, ce sont des postures qui portent atteinte fondamentalement à la stabilité et à la paix civile du pays. 

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C’est pourquoi, me semble-t-il, aucun Sénégalais conscient des dangers et des menaces qui pèsent sur le pays ne peut souhaiter la coupure du lien au sommet de l’État. Ce n’est pas une histoire de personnes qu’on aime ou qu’on déteste  mais l’histoire d’un pays qui veut rester stable, équilibré et en paix pour bénéficier des conditions qui lui permettent de donner des emplois décents à sa jeunesse pour la prémunir contre les hécatombes de l’océan. C’est à cela que le gouvernement du Sénégal travaille d’arrache-pied. 

 

Pour finir évoquons la reddition des comptes en acteur politique et non en juge.  

 

Parler d’unité et de cohésion de notre peuple n’a rien à voir avec l’idée de mettre fin à la reddition des comptes. Que tous ceux qui doivent rendre des comptes rendent compte ici et maintenant. C’est cela qui consacre la fin de l’impunité. De la sorte, les gestionnaires d’aujourd’hui y regarderont à deux fois avant de faire comme certains de leurs prédécesseurs. Au Sénégal on n’empêchera pas que les prévenus soient jugés dans  les grand places et les naanukaayu ataya mais jamais ils ne seront jugés par les grand places et les  naanukaayu ataya. Ils seront jugés par des tribunaux et par des juges reconnus, avec la présomption d’innocence tandis que les coupables subiront les rigueurs de la loi. Du moins c’est le principe. 

 

Concluons.

 

C’est dans ce contexte d’une grande complexité que le Sénégal est en train de manœuvrer pour tirer son épingle du jeu. On n’est pas en guerre mais on a un endettement qui dépasse celui de certains pays en guerre. Sans compter la monnaie commune qu’est le CFA et que nous partageons avec des pays en guerre. On voit bien ici les menaces que cette instabilité fait planer sur nos politiques économiques et financières. Mais notre peuple a fait ses preuves en mars 2024 après des années de tension. Il a attendu sereinement de retrouver la main dans le jeu politique pour assumer ses responsabilités en se dotant de nouvelles autorités dans la paix et la tranquillité avant de retourner vaquer à ses activités dès le lendemain du scrutin. Ce peuple est aujourd’hui prêt à administrer la preuve de sa grandeur et de sa maturité dans les tâches de construction nationale si on lui en donne l’occasion. Il me semble que c’est ce à quoi s’attellent le Président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko. Le rapport de force réel sur le terrain est en leur faveur et cela autorise tous les espoirs. 

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Garder le cap !

En avant toute ! 

Mamadou Diop Decroix

 


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