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Autour D’un Homme En Flammes

Autour D’un Homme En Flammes

Choc. Stupeur. Cette jeune et belle dame qui vient d’accoucher après avoir brûlé à mort son mari parce qu’il lui a annoncé lui avoir trouvé une co-épouse, voulant parler d’une voiture qu’il lui offre, n’est autre que la fille de mon cousin. Elle, visage poupin, yeux de biche, douce à l’image, s’appelle Aida. Comme à l’opéra! Lui, Babacar Mbacke, est devenu un des jeunes marabouts à la mode. Chaque Noel, sous le nom Moukabaroo, il mobilise la jeunesse dakaroise au stade Demba Diop pour des chants religieux fort courus. Son père est le grand frère à ma mère. 

De lui, comme tous ceux qui sont passés au Cesti, je garde le souvenir de ces années 1970, où il y officiait comme technicien de l’imprimerie école. À ce titre, il produisait chaque mois au moins un journal école dont les étudiants étaient très fiers. Tous l’appelaient simplement Mbacke. Il était aimé de tous. Pour sa simplicité ! Puis soudain on le vit sous les apparats maraboutiques. Son outing !

Tous en étaient bluffés. Personne ne s’imaginait qu’un jour il ferait, par sa fille, l’objet de la chronique dite des chiens écrasés. Les vrais journalistes savent que c’est là, dans ces faits divers parfois d’une cruelle banalité, que se réfugie l’information majeure.

Qui eût pu penser que les tourments qui fracassent, balafrent et violentent jusqu’au sang les familles sénégalaises iraient jusqu’à détruire celle d’une fille qui semblait vivre paisiblement à côté d’un homme qu’elle a aimé jusqu’à vouloir le brûler. Afin, semble-t-il, de ne le garder que pour elle seule.

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Quelle mouche, quelle folie, quelle bêtise, quelle sauvagerie ! 

Pourquoi, why, Pourquoi? Qu’est-ce qui déclenché un acte aussi inhumain chez une personne si douce? Qu’est ce qui tourne cette eau froide en feu furieux ? Pourquoi l’être humain n’est-il qu’un animal sauvage en puissance ? Questions philosophiques certes. Sans réponses immédiates.

Les conséquences, elles, sont trop évidentes, pour ne pas être ignorées. La première est portée à vie par celle qui est devenue une tueuse. Aida est désormais seule. Et les mots d’étonnement de celles et ceux qui témoignent de sa gentillesse ne suffisent pas à la tirer d’affaire. Sa vie aussi, comme celle de son mari, est définitivement brisée.

Autour d’elle planera toujours l’ombre de la mort. Violente. Même pour ce fragile être qu’elle vient de mettre au monde. Mère d’un enfant qui sait avant la lettre qu’il vivra sous l’ombre d’une autre victime virtuelle de la violence physique di prégnante au sein de notre société.

Qui ose nier que le Sénégal mérite plus que tout une conversation nationale pour exorciser les maux mortels qui le travaillent au point de le mener si rien n’est fait vers une plus grande tragédie collective ?

En nier les symptômes, syndromes de demain, n’est plus une alternative et les censeurs doivent devenir humbles. Parlons en. En toute franchise. À cœur ouvert.

Senegalais, il est minuit !

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