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Articuler Nos Habitudes De Consommation à L’exigence D’un Sénégal Vert

Articuler Nos Habitudes De Consommation à L’exigence D’un Sénégal Vert

#Enjeux2019Au Sénégal, l’urbanisation anarchique et accélérée participe à la dégradation continue du milieu naturel, et cela depuis plusieurs décennies. Le boom démographique que connaissent les grandes villes a fini de défigurer l’image idyllique qu’avaient autrefois des villes comme Dakar et Saint-Louis.

– Nous avons des règles, il suffit de les respecter –

Pourtant, si l’environnement prend un sacré coup avec l’accroissement des villes et les effets du réchauffement climatique, jamais la préoccupation écologique n’a été une résultante du manque de législations appropriées dans notre pays. Au contraire, notre pays dispose d’un arsenal conséquent à ce sujet. Code de l’environnement, institutions dédiées au secteur environnemental, on pourrait y ajouter, des projets de loi et arrêtés du gouvernement pour étoffer le contenu législatif censé garantir un environnement sain aux Sénégalais. Mais l’impossibilité de faire respecter la législation est aujourd’hui une triste évidence, et cela malgré le débat mondial sur l’urgence climatique et toutes les conventions internationales en la matière auxquelles notre pays a souscrit.

L’exemple le plus imposant reste la loi sur l’interdiction des sachets plastiques. Entrée en vigueur en janvier 2016, elle reste difficilement applicable. Pour rappel, dans l’exposé des motifs, le législateur explique que la loi propose la normalisation et la standardisation de la production et de l’importation des sachets plastiques, pour ne permettre la mise sur le marché que des sachets de qualité supérieure, résistants et réutilisables.

Si l’Etat a du mal à faire respecter les règles qu’il s’est fixé en matière de conscience écologique, que faire ? Une alternative pourrait être le transfert aux autorités locales d’une grande part des attributions ayant un impact sur l’état de l’environnement, afin d’accroitre l’influence de la conscience sociale. En plus de leur proximité avec les populations à la base, les villes peuvent aller plus vite que les Etats en matière d’innovation sur certaines questions de développement.

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Et cet état de fait trouve une cohérence avec toutes les dispositions législatives et règlementaires ainsi qu’avec l’esprit de la décentralisation dont notre pays fait office d’avant-gardiste en Afrique.

– La conscience écologique orpheline dans le débat public –

Le fonctionnement actuel de nos sociétés modernes, fondé sur la croissance du PIB sans réelle considération des manques de cet indicateur, est responsable au premier chef des problèmes environnementaux et des crises sociales qui en découlent. La portée de la sensibilité écologique reste limitée, et la dégradation de l’environnement semble toujours perçue comme le prix à payer pour le développement économique et le progrès technologique. Il convient de jeter un coup d’œil sur les projets d’infrastructures qui ne tiennent souvent guère compte de la facture écologique avec ses externalités négatives en termes de santé publique, d’harmonie sociale et de bien-vivre.

Cette absence de prise en compte de l’urgence climatique n’est guère uniquement relevée auprès de l’Etat, mais chez l’ensemble des acteurs politiques. Pourtant des sujets cruciaux ne manquent pas : « nécessité à trouver une alternative à la centrale à charbon de Bargny » ; « solutions durables pour la préservation du littoral face à l’avancée de la mer » ; « impacts des ports de Sendou et Ndayanne sur le littoral » etc.

Mais l’écologie est l’angle mort de la politique sénégalaise. Dans le débat public, peu d’acteurs soulignent cet aspect et militent pour la prise en charge des questions environnementales. Les rares combats sur les questions environnementales sont généralement portés par des associations et ONG. Ni l’existence d’un parti politique écologique, ni la prise en charge de la thématique par les partis traditionnels ne semblent constituer de solution adéquate. Même le filtre du discours programmatique des candidats à la présidentielle de février 2019, n’opère pas devant les questions environnementales, tant elles sont reléguées au second plan au profit de questions économiques.

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Dès lors, il s’avère nécessaire d’imaginer de nouvelles formes d’action et de représentation politique correspondant aux profondes mutations en cours de l’économie et de la société.

– Disséminer la conscience écologique dans les masses populaires –

Sortir la conscience écologique de son milieu intimiste et élitiste est une nécessité dans la conscientisation des masses populaires. Pour cela, il est crucial d’encourager les initiatives associatives de tout bord qui font essaimer la conscience écologique en juxtaposant des utopies individuelles en aventures collectives. Pour ce combat, nous attendons des initiatives et des prises de position lors des débats de cette prochaine campagne électorale.

#Enjeux2019

Alexandre Gubert Lette est journaliste spécialisé en Open data. Entrepreneur social, Il est le fondateur du tiers-lieu « Teranga Lab : La fabrique citoyenne et écologique », basé dans le département de Rufisque.







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