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Pour Une Économie Sociale Et Solidaire

Pour Une Économie Sociale Et Solidaire

#Enjeux2019L’économie sociale et solidaire est généralement définie comme l’ensemble des activités économiques à finalité sociale. Elle est une niche d’emploi et de cohésion sociale qui émerge à contre-courant de l’économie de type capitalistique. En effet, elle se distingue d’une focalisation de la rente économique peu importe les moyens et l’éthique relationnelle. De nombreux désastres comme la corruption, l’exclusion de nombreuses couches sensibles, les différences notoires des salaires et, entre autres, l’accaparement des dividendes par une minorité, ne sont que des effets logiques de l’économie mercantiliste.

L’écologie en subit un coup tellement dur que désormais d’année en année la conférence mondiale sur les changements climatiques se réunit sans être à même d’amener les décideurs à joindre l’acte à la parole. Autant dire que l’agenda écologique se heurte aux intérêts des multinationales qui se trouvent privilégiées par les Etats prédateurs. Le chômage connait une proportion grandissime tandis que le sous-emploi plonge de nombreuses couches sociales dans la précarité.

A cela s’ajoutent les modes de constructions énergivores et les modes de consommation voraces influencés par l’offre des supermarchés privilégiant des produits issus des organismes génétiquement modifiés (OGM). Même les instruments de mesure des progrès économiques (PIB, PNB, etc) ne reflètent pas la qualité des dépenses mais plutôt le volume des dépenses comme si nous sommes restés dans l’ère de reconstruction post seconde guerre mondiale.

Et, pourtant, l’économie n’est pas réductible à ce mode capitalistique. A l’origine, l’activité économique s’incarne dans ce que Karl Polanyi  a appelé son « encastrement [1]» dans le social. Au regard de cette logique originelle, l’activité économique vise l’épanouissement des acteurs sociaux ainsi que la cohésion des sociétés. Cette contribution vise à montrer en quoi l’Economie sociale et solidaire, niche génératrice d’emplois populaires, réconcilie l’économie avec sa vocation originelle.

– Une autre manière de créer et de partager les richesses –

L’Economie Sociale et Solidaire propose des modèles d’entreprises se caractérisant par leur convivialité avec la nature, le management de type démocratique, la solidarité comme règle de vie en commun, la répartition des dividendes à la hauteur de l’apport en valeur travail et plaçant, ainsi, l’Homme au centre du processus de création et de jouissance des richesses. Les démarches, principes et finalités de l’Economie Sociale et Solidaire trouvent de profondes racines dans les sociétés africaines quoique le concept a davantage émergé sous la houlette des mouvements sociaux mutualistes dans les pays occidentaux.

L’Economie Sociale et Solidaire (ESS) est un modèle qui repose sur, entre autres, l’associativité, la coopérativité, l’humanité et la mutualité, supports qui caractérisent amplement nos sociétés traditionnelles. En effet, dans la charte de Mandé, il est apparu l’idée d’un modèle de société communautaire bâtie sur la gestion participative, la solidarité, le respect des droits humains, le patriotisme, l’altruisme, le travail et, entre autres, la liberté. Ces valeurs sociétales, instituées depuis 1236[2] au pays Mandé, reste aujourd’hui celles que poursuit l’ESS.

Il en va de même au Fouta Toro où la constitution de l’Almamy Ceerno Sileymani Baal  inspire la liberté dans la vie de communauté, promeut l’intérêt général, exhorte la protection des couches sensibles et institue la gestion démocratique[3]. En cela, la révolution torobé de 1776 a jeté les premiers jalons de l’ESS au Sénégal. En outre, l’idéologie du travail communautaire est un mode de vie dans nos sociétés où le travail est perçu comme moyen de socialisation, d’accomplissement de l’individu et d’acquisition de la personnalité. Dans les champs se développe une organisation solidaire singulière à travers ce qu’il conviendrait d’appeler la Tontine du travail.

Par cette forme d’organisation coopérative, les paysans se témoignent solidarité mutuelle en se regroupant, à tour de bras, pour travailler champs après champs. Ce travail rotatif ou « sociétés de travail » cher aux travailleurs sénégalais, galvanise le tissu social et garantit l’efficacité et la productivité. On peut aussi relever la sécurité sociale à travers les garderies d’enfants tenues par les grands-mères près des champs, la prise en charge collective de cérémonies funéraires, de mariage, de baptême, etc. L’identité individuelle se construit par l’entremise de la régulation de groupe.

L’après indépendance a vu se développer en milieu rural des mouvements coopératifs pour rompre avec la dépendance des agriculteurs, éleveurs, pécheurs, forestiers, etc. par rapport aux intermédiaires classiques qui s’appropriaient le gros de la rente commerciale. La lancinante crise agricole a inexorablement contraint des ruraux à l’exode vers les villes et, les a amenés à développer des formes collectives d’entreprendre. Les liens d’origine comme l’ethnie, la famille, la confrérie, etc. sont le moyen le plus employé pour créer collectivement des niches d’opportunités qui ont abouti à ce que l’on appelle aujourd’hui l’économie populaire ou informelle. Cette forme d’économie s’est imposée au fil des années pour devenir le lieu d’impulsion de l’économie nationale grâce au développement de plusieurs entreprises sociales dans tous les secteurs.

Par ailleurs, dans nos sociétés, la valeur de la richesse accumulée tient de la noblesse de ses moyens d’acquisition qui doivent être respectueux de la dignité humaine. Autrement dit, la richesse dans l’entreprise s’acquiert dans des conditions socialement dignes, exemptes de toute exploitation de l’homme par l’homme, garantissant un climat de confiance et l’épanouissement de tous. D’où la formule « derem ak ngerem[4] »  de Serigne Cheikh Anta Mbacké qui illustre le rapport très étroit entre l’organisation de la société sénégalaise et les principes l’économie sociale et solidaire.

– L’ESS, pour reconnecter l’économie au social –

L’ESS est une économie du peuple qui se réalise à l’échelle locale par l’entremise de toutes les couches sociales. Elle est donc ancrée dans les territoires et comble de déficit d’accessibilité géographique qui fait défaut dans l’économie capitalistique caractérisée par sa segmentation et la concentration des pauvres dans des quartiers et régions périphériques, donc éloignés des opportunités[5]. L’économie sociale et solidaire ré-encastre l’économie dans le social en battant en brèche l’idée selon laquelle l’initiative privée, l’entreprenariat ainsi que la production de richesse, restent l’apanage des individualités ou des classes aisées.

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Elle est porteuse d’une croissance inclusive en ce sens qu’elle fraie le chemin à l’éclosion économique des couches sensibles et se trouve représentative de tous les secteurs d’activités économiques. L’ESS regroupe habituellement les entreprises collectives et les entreprises sociales qui sont des formes d’entreprises très connues des sociétés africaines en général.

– L’entreprise collective : une économie coopérative et associative –

Louis Favreau définit l’entreprise collective par quatre composantes : i) l’équilibre entre des finalités sociales et des finalités économiques, ii) des acteurs qui s’associent pour entreprendre autrement, (iii) des structures et des règles orientées vers la participation démocratique, iv) des activités collectives à caractère entrepreneurial[6].

Les entreprises collectives constituent une part importante de l’économie sociale et solidaire et favorisent la participation inclusive. Elles jouent un rôle primordial dans la réduction de la pauvreté et des exclusions sociales par ses procédés démocratiques, transparents et participatifs. Elle est la réponse qui semble se dessiner pour l’Afrique face aux besoins de développement de bassins d’emplois massifs et de qualité. De tels emplois devraient permettre de contenir le doublement du nombre d’actifs qui se dessine durant les 20 prochaines années.

Compte tenu de la fibre solidaire qui s’est véritablement manifestée au sein des entreprises collectives, il s’agit maintenant d’analyser comment le potentiel d’emplois de ce secteur pourrait mobiliser le grand nombre d’actifs et devenir des emplois décents et attrayants.

Deux secteurs sont considérés principalement : les coopératives ou autres associations à finalités sociales, ensuite, les finances solidaires.

– Les coopératives

L’histoire du mouvement coopératif sénégalais remonte au début de l’indépendance. Le président Mamadou Dia en est l’inspirateur à partir de l’expérience des pays de l’Europe de l’Est. Le projet de société qui l’accompagne est socialisant et patriotique. Le mode coopératif est demeuré la forme d’organisation la plus opérationnelle tant dans les filières habituelles arachidières où elle a connu ses balbutiements que dans les filières horticoles, fruitières, artisanales, etc. Dans le domaine de l’habitat, elle est positivement perçue comme une réponse moderne à un besoin collectif. Il en est pareil des coopératives funéraires qu‘on retrouve nombreuses dans les villes en particulier chez les citadins ou migrants souhaitant être enterrés dans leur milieu d’origine.

Les coopératives ont montré un champ ouvert et dynamique de l’entreprenariat populaire qui propulse durablement des groupes sociaux sur le marché, créent des richesses redistribuées, bâtissent des institutions qui s’éprouvent et se développent, font de la solidarité le moteur du pouvoir citoyen d’agir. Désormais, tous les secteurs de la vie économique sont investis par le mouvement coopératif. C’est pour couronner ce renouveau coopératif qu’en 2010/2011 l’Acte uniforme des sociétés coopératives est adopté par l’OHADA[7] consacrant ainsi une loi supranationale à l’échelle africaine.

Le secteur agriculture est à coup sûr le terreau fertile du mouvement coopératif. Ceci est le fruit de l’histoire. Mais ferons-nous l’économie de l’historique de mouvement coopératif pour partir directement d’exemples de coopératives. L’exemple du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR) est éloquent d’illustration. Il est un regroupement  de vingt-huit membres (26 membres affiliés et 2 membres associés) actifs dans au moins une des filières agricoles suivantes : agriculture (riz, arachide, coton, etc.), horticulture (horticulture ornementale, maraîchage, tomate, oignon, banane, etc.), pêche, élevage (poulet, bétail, apiculture) et foresterie[8]. Il a engagé le combat pour la reconnaissance de l’exploitation agricole familiale comme base de l’agriculture et du développement rural.

Par ailleurs, le sous-secteur sylvicole voit ses immenses défis portés en grande partie par l’Union Nationale des Coopératives des Exploitants Forestiers du Sénégal (UNCEFS). Cette dernière porte le plaidoyer des exploitants nationaux contre la voracité des gros exploitants, la déforestation, le trafic non réglementé de bois surtout dans les zones frontalières. L’horticulture compte principalement la Coopérative Fédérative des Acteurs de l’Horticulture au Sénégal (CFAHS). Depuis 2010, elle fédère 76 unions coopératives horticoles du Sénégal. Le plaidoyer de la CFAHS a substantiellement influencé l’adoption, par l’Etat du Sénégal, d’une politique protectionniste dans certaines filières agricoles faisant qu’on importe que lorsque la production locale est épuisée. Le sous-secteur horticole s’est alors hissé à la grande échelle créant une nouvelle vague d’emplois dans la production, la transformation et la distribution des produits horticoles.

Le Réseau des Organisations Paysannes et Pastorales du Sénégal (RESOPP) avec 37 unités coopératives dont 9 coopératives mères et une mutuelle d’Epargne et de Crédit est une union de coopératives rurales créée en 2002. Il est un instrument d’appui technique pour ses institutions membres en vue promouvoir des innovations technologiques en faveur du développement de l’Agriculture. Le RESOPP a joué un rôle important dans la mise en place de la Confédération des Sociétés Coopératives et Mutualistes du Sénégal (CSCM). Cette confédération est membre de l’Alliance Internationale de la Coopérative.

A côté de l’agriculture, l’habitat reste le secteur le plus investi par les coopératives qui sont le plus souvent le recours de la classe moyenne pour accéder aux logements. L’Association nationale des coopératives d’habitat et, entre autres, l’Union Régionale des Coopératives de Construction et d’Habitat de Thiès (URCCHT) font figures d’instruments efficaces d’appui pour la création d’immobilier social.

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Les regroupements associatifs et coopératifs sont très représentatifs dans le sous-secteur de la pêche en tant que cadres de maintien des rapports communautaires et de solidarité. Depuis 2016 neuf groupements d’envergure se sont mis en synergie autour du conseil interprofessionnel de la pêche artisanale au Sénégal (CONIPAS). La filière élevage n’est pas en reste avec ses coopératives et Groupements d’Intérêt Economique (GIE) existants et créant des cadres d’échanges d’expériences entre acteurs venus d’horizons divers.

Les groupements féminins et les associations religieuses (daayira) entrent aussi en ligne de compte. Ils sont des cadres sociaux de création et de redistribution des richesses. Les daayira sont l’espace d’expression des coopératives funéraires.

– Les finances solidaires –

Les finances solidaires sont des institutions qui rendent accessibles les services financiers aux populations défavorisées. Elles sont des fibres financières guidées par l’éthique et la solidarité envers les nécessiteux et envers les générations futures. Au Sénégal, l’entreprise dénommée Finsocial s’investit dans le financement de l’entreprenariat social et solidaire avec un fonctionnement démocratique. Les Sociétés coopératives de cautionnement mutuel (S C M) sont adoptées. Mieux, la fédération des associations de développement communautaire (FADEC) s’est muée en mutuelle et devient MEC-Fadec. Sen’Finance est un instrument de microfinance qui vient en aide aux personnes vulnérables non prises en charges par les grands investissements.

Notons également le waqf qui est un instrument de finance islamique opératoire reposant sur deux principes fondamentaux que sont : l’autonomie financière et l’inaliénabilité des biens. Il constitue un dispositif de relance économique en tant que moyen d’incitation à l’investissement, au financement du secteur social et à la création d’emplois.

Par ailleurs en termes de microcrédits et micro-financements des femmes, il faut noter l’importance des tontines qui regroupent souvent des réseaux de femmes à l’image des pèlerines-commerçantes, les femmes d’affaires, les femmes de ménage même à revenus précaires, etc. Elles sont doublement pertinentes en ce sens qu’elles sont, d’une part, démocratiques, horizontales et ouvertes à toutes les couches et, d’autre part, elles sont de réels canaux de redistribution de l’économie populaire eu égard au rôle de pilier familial que les femmes assument fortement.

L’entreprenariat collectif est donc une réalité forte qui mobilise de façon horizontale l’épargne locale selon le principe connu et mis au point par Norbert Elias « de la contrainte sociale à l’autocontrainte »[9]. « S’associer pour entreprendre » épouse de nombreuses formes et traduit la vitalité de l’économie du peuple. Au-delà des coopératives et mutuelles, c’est toute l’associativité tournée vers l’économique qu’il convient de considérer au sein d’une économie plurielle. 

– Créer des richesses utiles socialement et protectrices des biens communs –

Les entreprises sociales (ES) sont généralement les petites et moyennes entreprises qui se sont distinguées par la double exigence de la viabilité économique et de la poursuite des finalités sociales et/ou environnementales. Elles investissent plusieurs secteurs d’activités au premier rang desquels l’agro-industrie, l’éco-tourisme, l’éco-construction, la gestion des déchets, les services innovants, le suivi scolaire, etc. Au regard du profil établi par LEGS Africa et le LARTES-IFAN (2018) pour une entreprise sociale au Sénégal, il est apparu que 11,5 à 12,2 % des PME sénégalaises correspondraient au profil d’une entreprise sociale. A cet égard, le sous-secteur de l’entreprenariat social mobiliserait une part non négligeable des unités de productions que compte le pays avec plus de 1/10 des entreprises au Sénégal et des PME en particulier.

A la lumière des données fournies par le Recensement Général des Entreprises, le nombre d’entreprises sociales s’élèverait, à bien des égards, à 45 000 unités. A l’aune de ces données, on s’aperçoit que les entreprises sociales réalisent globalement un chiffre d’affaires de 382,5 milliards de francs, Cfa soit environ 4,5% du PIB sénégalais (LEGS Africa et LARTES-IFAN, 2018). Si on prenait en considération les formes traditionnelles d’entreprises sociales, leur mise de fonds dans l’économie nationale pourrait fortement rehausser.

Les entreprises sociales se spécifient par leur gouvernance participative, leur lucrativité limitée et leurs desseins sociaux et/ou environnementaux. Elles sont un bassin massif d’emplois. Les jeunes et les femmes sont les couches sociales qui se livrent le plus aux activités afférentes à l’entreprenariat social. Les entreprises sociales regroupent une large gamme d’activités économiques à finalité sociale : les entreprises de l’économie circulaire c’est-à-dire les entreprises de recyclage d’ordures et autres, les Start–up qui sont des entreprises d’innovation, les entreprises sociales de types Waqf, les institutions de formation, de suivi scolaire et d’assistance sanitaire, les entreprises transformatrices de produits locaux, les services de proximité, les entreprises de décoration, d’art et d’artisanat, le tourisme social, solidaire et écologique, les technologies numériques, la consommation responsable, le commerce équitable et la promotion de l’accès aux biens communs.

Selon l’étude 2018 relative aux entreprises sociales au Sénégal par LEGS Africa et le LARTES, 37% des chefs d’entreprises sociales sont des femmes contre 18,9% dans les PME en général[10]. Cela est prometteur et doit, par conséquent, inciter l’autorité publique et le secteur privé, soucieux du développement humain durable, à davantage compter l’entreprenariat social dans leurs priorités. Car les investissements consacrés aux femmes impactent fortement le mieux-être des populations du fait qu’il est avéré que les femmes sont de réelles porteuses de la redistribution des richesses. Lorsqu’elles exercent l’autorité dans l’utilisation des ressources, une portion importante du budget est consacrée à l’éducation, la santé et à l’alimentation des groupes vulnérables. L’intérêt que suscitent les entreprises sociales auprès des jeunes, souvent avec un niveau d’étude élevé, explique l’émergence de plus en plus de projets innovants portés par les startups dans divers secteurs.

Les finalités sociétales peuvent donc être le principal mobile de l’entreprenariat privé porté par des individualités, conscientes des enjeux de leur époque et engagés à entreprendre, à créer des richesses tout en promouvant l’intérêt général. L’éthique en entreprenariat n’est pas que collective, elle peut être individuelle et s’inscrire dans un projet de société équitable. Considérer les entreprises collectives et les entreprises sociales sous l’enveloppe fédératrice de l’économie sociale et solidaire participe d’une vision intégratrice qui fait société.

A LIRE  INVENTAIRE DE LA CRITIQUE NATIONALE

  • Ériger l’économie sociale et solidaire au rang de priorité nationale –

En somme, l’économie sociale solidaire est une forme d’économie qui s’abreuve des ressources locales pour créer des niches d’opportunités qui poussent les classes moyennes et pauvres à se réaliser et à s’épanouir par le travail et la reconnaissance sociale. Elle défait l’idée d’une économie réductible à la seule recherche du profit et place l’humain au cœur de la création et la jouissance des richesses. L’ESS replonge l’activité économique dans ses finalités originelles qui ne mènent qu’au mieux-être de l’humain. Au Sénégal, elle semble avoir un écho favorable auprès de l’autorité publique qui l’inscrit désormais dans l’agenda des politiques publiques avec notamment un ministère qui lui est dédié.

Il apparaît indispensable de lever quelques écueils car les entreprises sociales buttent néanmoins sur des obstacles liés entre autres aux fiscalités surélevées pour une entreprise dont la finalité est sociale, les complications liées aux procédures administratives et la faiblesse de l’accompagnement sous la forme de fonds dédiés et d’incubateurs d’entreprises pour booster leurs capacités techniques,  de gestion  et de croissance soutenue.

Plus globalement, il s’agit de consacrer l’économie sociale et solidaire comme l’économie du devenir humain et de l’ériger au rang de priorité nationale par la qualité de croissance induite et des nombreux emplois qu’elle recèle dans les services de proximité, l’artisanat, l’industrie de transformation, les innovations écologiques, numériques, sociales et agricoles dans le sens large du terme.

#Enjeux2019

Pr Abdou Salam Fall est Sociologue. Riche d’une expérience de plus de 30 ans en études de développement, il dirige depuis 12 ans la formation doctorale “Sciences Sociales appliquées au Développement”. Il a publié de nombreux articles et une dizaine de livres au sein des maisons d’éditions internationales dont “Bricoler pour survivre” à Paris, Karthala; « L’Afrique qui se refait », Presses de l’Université du Québec, 393 p., « Cités Horticoles en Sursis » CRDI, Ottawa, avec Dr Safiétou Touré Fall, « Urbain-Rural : L’hybridation en marche » avec Dr Cheikh Guèye à l’Edition ENDA, entre autres.

Références documentaires

Elias N. (1993), Engagement et distanciation. Contributions à la sociologie de la connaissance, traduit de l’allemand par Michèle Hulin, avant-propos de Roger Chartier, Paris, Fayard.

Fall A.S. et Guèye C. (2003). Derem ak ngerem Le franc, la grâce et la reconnaissance, Les ressorts d’une économie sociale et solidaire en Afrique de l’Ouest. Chaire de recherche du Canada en développement des collectivités (CRDC), Série Recherche no. 26, Université du Québec en Outaouais (UQ)

Fall A.S. (2012). L’économie sociale et les cadres internationaux de développement, Chaire de recherche du Canada en développement des collectivités (CRDC), Série R 42.

Favreau L., (2008), Entreprises collectives.  Les enjeux sociopolitiques et territoriaux de  la coopération et de l’économie sociale, Presses de l’Université du Québec, 332 p.

Favreau L.  Fall A.S., (2007), L’Afrique qui se refait.  Initiatives socioéconomiques des communautés et développement en Afrique noire, Presses de l’Université du Québec, 393 p.

Polanyi K., (1983), La grande transformation : aux origines politiques et économiques de notre temps, Paris, Gallimard, 419 p.

LEGS-Africa et LARTES-IFAN., (2018), Les entreprises sociales au Sénégal, étude économique et juridique. Rapport 88 p.

Sall. M.Y., (2014), Ceerno Sileymani Baal, Fondateur de l’Almaamiyat (1776-1890). Presse universitaire de Dakar,72 p.

[1] Polanyi K., 1983, La grande transformation : aux origines politiques et économiques de notre temps, Paris, Gallimard, 419 p.

[2] http://modibokeita.free.fr/ «  La charte du nouveau Manden » traduite en français par le professeur Youssouf Tata Cissé

[3] Sall. M.Y « Ceerno Sileymani Baal, Fondateur de l’Almaamiyat (1776-1890). Presses universitaires de Dakar, Octobre 2014.

[4] Derem ak ngerem a été forgé en langue wolof pour désigner les attributs d’une grande personnalité de la confrérie musulmane mouride (Serigne Cheikh Anta Mbacké) qui a été l’un des premiers disciples ayant connu une réussite exceptionnelle dans les affaires. Sa richesse et sa générosité étaient légendaires dans la perception de ses contemporains. On dit qu’il possédait des sacs de billets et de pièces d’or stockés et aimait les distribuer avec faste. Derem vient sans doute de la monnaie arabe le dirham mais il est localement employé couramment pour dire le franc et ngerem veut dire reconnaissance en wolof. Nous avons traduit par le franc, la grâce et la reconnaissance. (voir Fall A.S. et Guèye C., 2003).

[5] Fall Abdou Salam., 2012, « L’économie sociale et les cadres internationaux de développement » Chaire de recherche du Canada en développement des collectivités (CRDC). P. 6

[6] Favreau L., 2008, « Entreprises collectives. Enjeux sociopolitiques et territoriaux de la coopération et de l’économie sociale. Presse universitaire du Québec. 332 p.

[7] Organisation des Droits des Affaires en Afrique (OHADA) dont le siège est à Yaoundé au Cameroun.

[8] https://www.au-senegal.com/cncr-conseil-national-de-concertation-et-de-c…

  • [9] Elias N. (1993), Engagement et distanciation. Contributions à la sociologie de la connaissance, traduit de l’allemand par Michèle Hulin, avant-propos de Roger  Chartier, Paris, Fayard.

[10] « Les entreprises sociales au Sénégal, étude économique et juridique » Rapport Réalisée en 2018 par LEGS-Africa en partenariat avec le Laboratoire de Recherche sur les Transformations Economiques et Sociales Lartes-IFAN







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