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Pouvons-nous Faire Confiance À Une Diaspora Sans Conscience Historique ?

Pouvons-nous Faire Confiance À Une Diaspora Sans Conscience Historique ?

L’autre jour, pendant que l’Elysée d’Emmanuel Macron se confectionnait une diaspora africaine à son image, quelques centaines de migrants – pour l’essentiel des Nègres – subissaient, au Panthéon, la brutalité des forces de police (tabassages en règle, gaz lacrymogènes, violences corporelles en tous genres).

Au sujet de ces deux scenes en apparence antithétiques (mais en réalite deux noeuds d’une même trame), nous avons publié sur cette page un billet sec, sans concession

Le billet mettait le doigt sur la sorte de néo-machiavellisme qui caractérise la politique macronienne en Afrique, alors que du Cap à Alger, parmi les nouvelles générations, le mot d’ordre est la « décolonisation »… Il dénonçait le double langage par lequel on veut faire croire que le passé a été soldé alors que les termes du différend n’ont fait l’objet d’aucun regard introspectif.

Le billet en question a fait l’objet de tres nombreux commentaires (y compris dans certains milieux officiels) et a été très largement diffusé et traduit en d’autres langues, ce pourquoi nous vous remercions.

Il a aussi donné lieu à quelques critiques – pour la plupart hors-sujet – et des demandes de clarifications qu’il convient, en l’occasion, d’apporter.

Au-dela de la brutalisation des corps nègres (une technique historique de racisation tout a fait typique du régime colonial et du régime de la plantation), l’on mettait radicalement en cause l’instrumentalisation, par le gouvernement de M. Macron, de ce qui dans le discours officiel francais tient lieu de « diaspora africaine ».

En l’espèce, où sont les Africains du Maghreb ?

Une communauté diasporique consciente d’elle-même n’est jamais le produit d’un Etat ou d’un gouvernement. Elle est toujours le produit des luttes menées historiquement par ces peuples dispersés, soit pour leur reconnaissance en tant que membres à part entière de leur pays d’accueil, soit en vue d’infléchir la nature des rapports entre ce pays d’accueil et les pays ou continent d’origine. 

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Ce n’est pas le rôle de l’Etat d’inventer la diaspora. Celle-ci s’invente elle-même par la lutte et se dote elle-même de son projet et de ses institutions.

Elle produit sa propre expertise, se met en scène elle-même a travers des événements qu’elle organise de facon autonome. Elle n’est pas l’appendice informel de la politique étrangère d’une puissance qui, pour nous autres Africains, est une puissance étrangère, c’est-a-dire soucieuse de ses intérêts d’abord, et toujours en quête des moyens les plus cyniques pour nous spolier.

Pour le moment et compris dans ce sens, le terme « diaspora africaine » en France est un signifiant tout à fait vide. 

Il n’y a pas de ‘diaspora’ la où l’on ne sait pas faire corps, la où une meute d’individus atomisés ne songent qu’à leur carrière lorsqu’ils ne passent pas leur temps à courir chacun.e derrière le coche, sans but autre que la jouissance personnelle.

Viendrait-elle à se constituer de manière autonome, une telle diaspora manquera de légitimite aux yeux des Africains si sa fonction premère est de servir de masque à la reproduction de cet interminable scandale qu’est la relation entre la France et l’Afrique.

Elle n’aura de légitimite à nos yeux que si elle joue, dans ce pays qu’elle a choisi, une fonction tribunitienne.

Car, qu’est-ce que c’est que cette « diaspora » qui, dépourvue de conscience historique, se contente de courir après des prébendes, se prêtant dès lors et si facilement à la subornation ? 

Qu’est-ce que c’est que cette « diaspora » que des experts en com ‘manufacturent’ au pied levé, à la manière d’un racolage ?

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Qui répresente-t-elle ?

Qui l’a mandaté ? 

Au nom de qui s’exprime-t-elle ? A qui rend-elle compte ? 

A l’Afrique ou à la France ? 

Ces questions sont loin d’être futiles à l’heure ou le paternalisme colonial tente de se revêtir de faux atours afin de payer au prix faible le coût exorbitant de ses forfaits (le Franc CFA, la Francophonie, les innombrables bases militaires, le soutien à des regimes corrompus, les capitations, l’augmentation discriminatoire des frais des étudiants africains dans les universités, la brutalisation des migrants et, pour couronner le tout, de graves soupçons de complicité dans le génocide des Tutsi au Rwanda).

Beaucoup d’entre nous ont librement choisi de vivre et de travailler en Afrique. 

Convaincus (comme ne cesse de le répéter le president du Ghana) que le destin de l’Afrique est entre nos mains, nous nous efforcons patiemment, à travers des institutions, réseaux et plateformes de tous genres, de construire quelque chose ici, qui réponde en priorite aux intérêts de nos peuples. 

Après tout ce que nous avons déjà donné, ou qui nous a été pris, va-t-on, à partir de maintenant, nous demander au nom du ‘partenariat’ (!) d’embrasser une pseudo-diaspora sans conscience d’elle-même, une « diaspora-selfie » dont la fonction est de servir de « supplétif » aux intérêts francais en Afrique – et donc une diaspora aux antipodes de ce pourquoi ceux qui nous ont précédé se sont battus, à savoir l’autodétermination de notre continent ?

L’heure est venue de poser ces questions et de les débattre en public.







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