Ce pays est vraiment formidable. Formidable ! Nous sommes le pays des spécialistes de la vente des salades politiques et autres fumées de bois. Et notre président le champion « number one » (l’anglais est de retour) toutes catégories. C’est carrément effarant.
Voilà un président-candidat à sa propre succession qui va en campagne en nous tympanisant sur son bilan et autres grands chantiers en cours. Mais il a omis de nous dire que parmi ses futurs projets institutionnels, il y avait un détail : la suppression du poste de Premier ministre. Pour, argue t-il, diligenter les dossiers, réduire les lenteurs d’une administration qu’il découvre paresseuse qui marche au pas de sénateur, voire pire. Accélérer la cadence quoi, comme disait son ex PM qu’il défenestra pour excès de vitesse. Et il inventa le fameux « Fast-tract » qui devait conduire les affaires du pays du dernier mandat à la vitesse d’un missile de croisière.
Les affidés et autres griots et porte plumes et voix, adoubent la géniale idée présidentielle en nettoyant leurs lunettes de fumistes : « c’est bien vrai ça, la primature et sa cour sont d’une inutilité crasse. A la trappe cette vieillerie budgétivore ». Et de nous rappeler les cas anciens de suppression de poste de PM.
La mesure est si brutale que l’ancien occupant, qui a pourtant tout donné à son boss pendant la campagne et même après, en donnant les résultats avant l’élection, en confirmant le soir du scrutin alors qu’on venait juste de commencer le dépouillement : « oui, son champion a remporté l’élection dès le premier tour avec la bagatelle de 58% et des poussières. » ; On découvre le danger que constitue cet homme : il est trop fort en calcul (probabilités ?), et pourrait demain calculer à la virgule près …la chute du patron. A la trappe, je vous dis !
C’est vraiment un début de quinquennat de découvertes et de déconvenues. D’abord que le frangin du président, derrière son air d’un ange d’éléphanteau, est un vrai businessman (l’anglais quand tu me tiens !) qui s’acoquine avec d’autres hommes d’affaires des moins fréquentables. Pétrole, gaz, influence qui « naufragent » tout, dont une bagatelle de 10 milliards de dollars, selon la très respectable BBC. Qui, quoi qu’en pensent maintenant certains, est une référence mondiale en la matière depuis plus d’un siècle. Et hop, fast-tract, on enlève au frangin son gâteau de la CDC, on licencie un ministre conseiller de la communication, vieux compagnon de route, mais qui, nom de Dieu ! ne tourne pas assez sa langue avant … de communiquer, de parler, surtout du frangin. A la trappe fast-tract du pauvre, qu’on ramène à ses chères études, non, livres ! Lui, le littéraire et écrivain à ses moments…perdus, devient conseiller à la Culture…
On va chercher des ennemis partout mais d’abord chez nous, chez ces opposants mauvais perdants, traitres à la patrie dont ils vendent la réputation à l’étranger, via leurs bras armés, la presse. Et la meilleure d’entre elle : la BBC. Sonko, leur punching-ball (arrêtez-moi cet anglicisme de malheur, géniteur de la BBC), dont ils n’ont pas digéré les presque 18% ; l’ancien PM, Abdoul Mbaye, « aigri » par sa défenestration de la Primature, devenu un opposant enragé ; avec l’autre bout de la chaîne : cet économiste enquiquineur qui le bombarde chaque semaine d’une question écrite. Voilà trouvée la triplette haineuse qui a vendu les secrets des bourses (sens et figuré, oui, oui !) nationales à une vielle Dame (Reine ?) des médias occidentaux.
Et on réveilla le procureur, dont on avait oublié qu’il pouvait être gouailleur, taquin et grand persiffleur envers la presse et les «spécialistes en tout » des studios et autres salles de rédaction : Allez, sortez des salles de rédaction, allez faire vos confidences aux spécialistes des crimes, surtout, du plus puant d’entre eux : le crime économique ! Paratonnerre et enfumage, tentatives désespérées de faire oublier les 10 milliards et ce que goorgoorlou appelle « mes 400 milles. Teuf ! Teuf ! Comme un pétard mouillé, la farce procédurale fit flop. Ben, fallait s’y attendre non ? Avec une si ridicule mise à feu, le dispositif allait faire un doux pschitt ! Où en est l’affaire ? Faudrait peut-être engager des limiers de la … DIC pour éclaircir ce lourd mystère.
Avant ce désagréable épisode du frangin et des 10 milliards de dollars de la BBC, un vent de paix doux, avait entouré de son halo exquis sur notre espace vital : le dialogue national ! Un gigantesque « attrape gogo » destiné à baliser le quinquennat de paix et d’amour retrouvés après l’intermède électorale. Mais voilà, cette journaliste d’un très grand média, foutu tout cela …dans les eaux boueuses et dégueulasses d’un pétrole encore sous les eaux. Je vous le dis moi, notre président joue vraiment à « pas de chance » : il ne pourra pas dormir les cinq prochaines années d’un dernier (??) mandat.
Il faut que ces opposants « haineux », cette presse de « caniveaux » (faut les récurer) étrangère se mêlent des affaires de sa gouvernance. Rien donc ne lui sera épargné. Tenez, ces chefs d’écoles supérieures privées qui lui rappellent qu’une dette doit être payée, sinon ils vont jeter dans la rue « ses » étudiants, qui vont à leur tour arpenter les rues et affronter sa police ! Et les tuiles n’arrivant pas seules (quand ça dégringole, c’est la bérézina généralisée), voila que les BTP sortent les engins lourds : plus de 600 milliards que l’Etat leur doit. Tout s’arrête. Comme le pays. Les grands chantiers deviennent de grandes décharges de grands engins et autres cimetières de rêves présidentiels. Avec le plus emblématiquement honni : le TER. A terre le TER ! Avec lui, des dégâts sur son passage, comme à Rufisque…
Et ce n’est pas fini. Je vous l’ai dit plus haut non ? Que quand ça merde, c’est en cascades. Fast-track, avec plein de trucs dont on ventait l’utilité, qui foutent le camp. Les DER, Les PUMA, les bourses familiales (encore des bourses), et autres CMU. Tout s’arrête. Et l’hivernage, d’abord tardif (heureusement du reste) refuse de fermer ses vannes et nous re-inonde nos villes – bassins de rétention d’eaux usées de nos déjections et de pluies ; nous casse les ponts « tapalé » et autres « routes-pansements ».
Et il dit quoi notre président après un aller-retour éclair à une énième conférence économique sur l’Afrique ? Il faut « auditer » les ouvrages, il faut « venir en aide aux sinistrés, il faut (non ça c’est son ministre de l’Enseignement supérieur, l’ami intime de Sonko) orienter tous les nouveaux bacheliers dans le supérieur publique. Le SAES se réveille et dit : c’est possible mais à condition… et liste un kilomètre de conditions.
Et même les faits divers s’invitent dans la première année du quinquennat du président : un commissaire de police qui s’attaque à un pharmacien qui refusait de vendre un médicament sans ordonnance ; un autre flic, genre Rambo-rasta est supposé être l’auteur de la mort d’un boulanger qui ne vendrait pas que du pain et qui aimait rouler en mob… Et puis la foudre qui foudroie une dizaine de vies en trois, quatre pluies. Et on se demande : nos villes sont-elles protégées ? Et surtout cette question ontologique : Mais qu’avons-nous donc fait au bon Dieu pour qu’il nous punisse ainsi ?
Voilà mon tour d’horizon du premier semestre d’un quinquennat qui sera de tout, sauf de repos. Et surtout qu’on ne nous emmerde pas avec des débats vaseux, oiseux et parfaitement hors actualité, comme les supposées « guerres de succession » à notre président qui vient seulement de boucler le premier semestre d’un quinquennat.
Oui y en a ras-le-bol (ou marre) des pare-feu et autres enfumages pour nous faire oublier notre enfer quotidien ! On refuse d’oublier les milliards engloutis, ni les lamentations des responsables de ces gabegies !
Bon j’arrête là les sarcasmes anti-présidentiels parce que « l’offense au chef de l’Etat » est si vite brandi. Et je n’ai aucune envie d’aller rejoindre dans « son 5 étoiles » mon confrère Adama Gaye. J’en profite pour te dire courage confrère, tiens bon, ils ne l’emporteront pas au Paradis et le mensonge ne triomphera jamais de la vérité et de la Justice. Oui, ça prendra le temps que ça prendra, mais il y aura une fin à cette politique de « matey », cette justice injuste et partiale. Chacun aura son tour à la citadelle de la répression. Comme chez le coiffeur.