L’heure est grave ! Grave parce que, malgré l’Etat d’urgence décrété par le président de la République, malgré les mesures qui l’accompagnent, la situation s’aggrave de jour en jour.
Du cas 0 déclaré le 2 mars à ce samedi 9 mai, autrement dit en seulement 67 jours, nous sommes à 1 634 cas positifs dont 643 guéris, 975 sous traitement et 17 décès. Là où la situation devient de plus en plus inquiétante est que nous avons enregistré trois décès en seulement 24 dernières heures.
De cas importés, nous sommes aujourd’hui otages de la transmission communautaire. L’ap pa rition des cas communautaires fait de nous tous des porteurs. Oui ! Je dis bien, nous sommes tous des porteurs. Nous sommes en train de propager le virus au sein de la communauté, d’une personne à l’autre. Et cette phase risque d’être fatale à notre pays si nous ne prenons garde.
En effet, l’apparition d’un cas communautaire rallonge de 14 autres jours à la guerre engagée contre le Covid-19. Les cas communautaires ont multiplié les épicentres de la pandémie dans les différentes zones affectées.
Toutes les régions du Sénégal ont leurs cas, à l’exception de Matam, Kaffrine et Kédougou. Après Dakar et Touba, c’est au tour de Pikine, Rufisque, Goudiry, Mbacké, Thiès, Tivaouane, Médina Gounass, Ziguinchor, Kaolack, Sédhiou de s’inscrire sur cette liste de la transmission communautaire. Sans oublier les villages de Manko nomba et de Fétégnébé, respectivement dans les régions de Sédhiou et de Tambacounda, qui sont tristement devenus célèbres.
A mon avis, face à cette situation caractérisée par une courbe ascendante en si peu de temps, il est temps de changer d’approche après deux mois de lutte contre le Covid-19.
L’heure n’est plus à la sensibilisation, mais plutôt à l’action. La communication de crise doit mettre l’accent sur l’application des décisions prises par les autorités administratives et sanitaires pour endiguer la pandémie. Les Sénégalais doivent comprendre que, de gré ou de force, ils resteront chez eux, car tout le monde est porteur. En résumé, personne n’est à l’abri.
A cet effet, nous lançons un appel au président de la République afin que non seulement les sanctions soient corsées, mais également que de nouvelles mesures soient prises, surtout celles liées à la communication de crise. Et ce, en adéquation avec l’évolution de la pandémie. Pour illustration, je prendrai en exemple les médias en cette période de crise avec une pléthore d’émissions qui exigent la présence physique des invités. Est-ce nécessaire ? Je ne pense pas.
A mon avis, les chaînes de télévision, à l’instar du gouvernement, doivent travailler par vidéo-conférence, à l’exception de certains reportages. En journalisme, on nous apprend que la force d’un journaliste réside en sa capacité de s’adapter à son environnement. Chers confrères et consœurs, l’heure nous impose une nouvelle démarche face au coronavirus. A l’exception de la ou du présentateur, libérer les plateaux, le temps de terminer la guerre contre le Covid-19. Permettez aux journalistes et à leurs invités d’intervenir à partir de leur salon ou de leur milieu de travail, à l’exemple de ce que font les chaînes occidentales !
Par ailleurs, nous pensons également qu’il serait bénéfique de mettre à contribution les Forces de l’ordre dans la communication de masse. Que les forces de sécurité fassent le tour des quartiers ou villages avec des haut-parleurs pour demander aux populations de rester chez elles ! Nous sommes en guerre et tout le monde doit le comprendre ainsi.
Que les autorités administratives réduisent leurs délégations lors de leurs déplacements ; à défaut respectez la distanciation. Il est regrettable de constater à travers les médias que nombreuses sont nos autorités qui ne respectent pas les mesures barrières. Du ministre du Dévelop pement communautaire, de l’équité sociale et territoriale Mansour Faye à celui de la Santé et de l’action sociale Abdoulaye Diouf Sarr sans oublier leurs homologues de la Culture et de la communication Abdoulaye Diop, de l’Enseignement supérieur Oumar Hann, du Commerce Aminata Assom Diatta et celui de l’Urbanisme, du Logement et de l’hygiène publique Abdou Karim Fofana lors de leurs déplacements respectifs.
A mon humble avis, vous n’avez pas besoin de cette foule pour vous accompagner en cette période de pandémie. De grâce, évitez les décors humains durant vos interviews ! Mesdames et Messieurs, n’oublions pas que dans cette guerre contre l’invisible, nul n’est à l’abri ! Après la Chine, la Corée du Sud, l’Iran, l’Europe, les EtatsUnis, aujourd’hui, c’est l’Asie du Sud-Est et l’Amérique Latine qui sont en train de faire un décompte macabre. Et pourtant, l’Afrique et l’Amérique Latine avaient presque le même rythme d’évolution. Vigilance chers frères et sœurs, car la pandémie ne fait pas de différence !
Qu’Allah protège l’Afrique !