Enfin un premier jalon au niveau international ! A travers un communiqué publié le mercredi 8 juillet 2020, un des géants du transport maritime, à savoir le groupe Cma Cgm, a décidé de «suspendre jusqu’à nouvel ordre, toutes les exportations de bois de Gambie en raison de suspicions quant à la présence clandestine de ce bois protégé dans des conteneurs en provenance de Gambie».
En effet, le groupe accuse la Gambie de servir à un vaste trafic d’une espèce de bois protégée internationalement qui fait l’objet de surexploitation.
Pour ceux qui ne connaissent pas les variétés de bois de la Casamance, il s’agit du Pterocarpus Erinaceus, connu sous différentes appellations comme bois de vene, palissandre du Sénégal, kino de Gambie ou santal rouge d’Afrique.
Cet arbre, au-delà de son bois apprécié pour les meubles, ses feuilles aussi sont très prisées par les animaux. L’espèce Pterocarpus Erinaceus est inscrite à l’annexe 2 de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, ou Convention de Washington.
Aujourd’hui, ce bois à tendance à disparaître à cause de la coupe sauvage. Le palissandre du Sénégal est exterminé en Gambie. Il est en voie de disparition dans la région naturelle de Casamance si des mesures urgentes ne sont pas prises.
D’après une enquête sur les méfaits contre l’environnement de l’Ong Environmental Investigation Agency publié en juin, «la Gambie est montrée du doigt comme ayant servi au cours de la dernière décennie au trafic de près d’1,6 million d’arbres de ce bois, provenant du Sénégal voisin et destinés essentiellement à la Chine».
Toujours selon cette enquête exploitée par le site d’informations www.lorientlejour.com/, «bien que l’espèce ait été déclarée quasiment en état d’extinction en Gambie en 2012, le pays (en) a été l’un des principaux exportateurs au cours des dix dernières années, disait l’Ong. La plus grande partie du bois exporté de la Gambie vers l’Asie est issue du trafic en provenance du Sénégal, pays voisin, en violation d’une multitude de lois sénégalaises».
Plus grave encore, ces coupeurs, au-delà du bois de vene, terrassent maintenant des arbres fruitiers tels que les «ditakh, les tabas, les nérés, les manpatins», etc. Ce qui constitue aujourd’hui une vraie menace non seulement sur la flore et la faune de la belle Casamance, mais également sur l’économie des villageois qui commercialisent ces fruits.
Pour information, il faut préciser que la Gambie, pour des besoins de milliers de ménages, en lieu et place du charbon ou du gaz butane, utilise le bois mort. Après avoir épuisé ses espaces verts à l’exception de quelques forêts classées, les opérateurs de bois se sont résolument tournés vers les forêts de la Casamance naturelle pour alimenter le marché.
Si au début des années 90, ce trafic se faisait par des charrettes tirées par des ânes et des bœufs pour le marché local, force est de reconnaître qu’aujourd’hui ce sont des camions qui traversent la frontière pour transporter la marchandise destinée au marché chinois.
Malgré les décisions prises par les autorités de nos Etats respectifs, la coupe du bois en Casamance pour alimenter les scieries de la Gambie a pris un nouvel envol.
A cet effet, nous lançons un appel aux deux chefs d’Etat afin que des solutions idoines soient trouvées à ce fléau qui a fini d’installer les jalons d’une désertification de la verte Casamance.
Talibouya AIDARA
Communicant/Journaliste
Responsable Apr Commune de Kataba1
aidara.or.t@gmail.com