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Gaz Du Senegal : Quel Arbitrage Entre Le Cash Des Exportations Et Les Besoins Domestiques ?

Les rideaux viennent d’être tirés sur le Forum des pays exportateurs de gaz (Gecf) à Alger, avec l’admission du Sénégal et de la Mauritanie comme membres de cette organisation. Fondée en 2001 et regroupant 12 pays, le Gecf revendique 70% des réserves prouvées de gaz et plus de la moitié des exportations mondiales de Gaz naturel liquéfié (Gnl), à l’aune de la transition énergétique.

Selon les données de l’Agence internationale de l’énergie (Aie), d’ici 2050, la demande de gaz naturel devrait croitre de manière soutenue, de l’ordre de +34 %, faisant considérablement augmenter sa part dans le mix énergétique mondial, cela même dans le contexte de volatilité sur les marchés du gaz depuis le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne. Ce trend haussier du gaz place nombre de pays africains, parmi lesquels le Sénégal, devant le dilemme d’un arbitrage. Un choix est à opérer entre, d’une part, des exportations rémunératrices sur les prochaines décennies ; et, d’autre part, le nécessaire réarmement industriel en relevant les défis en termes de réduction des facteurs de production comme l’accès équitable à une énergie bon marché (électrification rurale, baisse du coût des importations de fuel, gaz-to-power). Dit de manière plus triviale : doit-on utiliser notre gaz pour le vendre à l’étranger et profiter ainsi d’un marché haussier en engrangeant de substantielles devises, rééquilibrant au passage notre commerce extérieur, structurellement déficitaire ? Ou alors, doit-on utiliser notre gaz pour accélérer l’accès à une énergie bon marché pour tous les Sénégalais.es, partout sur le territoire national, en atteignant par exemple un taux d’électrification de 100% des villes et villages ?

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Cet arbitrage est hautement stratégique dans le sens où se dessine ainsi une amorce de l’industrialisation qui manque tant à l’économie duale du Sénégal – un secteur primaire très peu compétitif et productif, mais qui emploie près de 70% de la main d’œuvre ; un secteur tertiaire boursoufflé, dominé par les services et l’informel (97% de l’économie selon l’Ansd) ; un secteur secondaire encore embryonnaire, alors qu’il demeure le gisement légitime de l’emploi massif. Cet arbitrage se fera également sur l’opportunité d’investissement dans les infrastructures de transport du gaz, véritable nœud gordien du secteur gazier. En effet, le besoin en infrastructures gazières pour l’Afrique est estimé à 250 milliards US ; rien que le coût des gazoducs, ces énormes pipelines transportant le gaz, est de 90 milliards US, sachant que la mobilisation de financements pour des projets fossiles reste ardue. Pour le Sénégal, dans le cadre du projet Grand Tortue Ahmeyim (Gta), partagé à moitié avec le voisin mauritanien, il est prévu une production de 2,5 millions de tonnes de mètre cube de Gnl dans la première phase. Celle-ci serait entièrement dédiée à l’exportation. En revanche, le projet de la Centrale à Gaz du Cap des Biches de 350 millions de USD justement ambitionne de baisser le coût de l’électricité en convertissant les centrales de la Senelec au gaz. On attend de voir les prochains pions avancés pour décrypter où le curseur sera placé.







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