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Les Chiens De Garde

J’emprunte le titre de cette contribution à Paul Nizan un philosophe français des années 30 qui, ulcéré par les positions dogmatiques des philosophes de son époque, leur servit un pamphlet acerbe intitulé : « les chiens de garde » pour dénoncer leur attitude exclusiviste ou sectaire pour tout ce qui était contraire à leurs lignes de pensée.

J’emprunte son titre pour m’indigner fortement et avec la dernière énergie contre les dérives verbales et les violences physiques de plus en plus inacceptables qu’il nous est donné d’observer au sein de la société sénégalaise. Mais que nous arrive-t-il à Nous sénégalais pour que nous perdions notre sens élevé de l’urbanité, de la fraternité, de la Téranga, du yaar, du teguine et du respect mutuel pour nous complaire de plus en plus dans les fanges putrides de la vindicte, des injures, des philippiques et autres joyeusetés entre nous ? Il faut vraiment s’alarmer de la tournure des relations sociales dans notre pays à l’aune des nouvelles formes d’expressions et des postures qui rebuteraient même certains animaux nécrophiles.

Oui ! Il y’a vraiment lieu de s’inquiéter des dérives et autres attitudes d’exclusion et de confrontation qui émaillent de plus en plus de tous les cercles de notre vie sociale. Quand la magistrature perd son calme et s’étripe dans des pancraces épistolaires dignes des derniers forbans et rue dans les brancards au grand dam des justiciables, il y’a problème.

Quand l’armée, réputée Grande Muette, sort de sa réserve et canonne des militaires pour les expulser sans ménagement de leurs logements créant une césure béante entre des frères d’armes dont on pouvait faire vraiment l’économie avec un tant soit peu de retenue. Il y’a péril. Avoir des Droits ne donne pas TOUS les droits et sur cette affaire l’armée a manqué de sérénité et a failli. On ne tire pas sur des frères d’armes surtout en temps de Paix.

Et quand les journaux et autre médias sont inondés de propos salaces, violents, insultants, dégradants et humiliants, proférés par des personnes dites « responsables » c’est que la déliquescence guette notre pays dans ses fondements les plus solides. Alarme… Pourtant des signaux nous avaient alerté sur cette dégénérescence rampante de notre société. Il y’a eu tout d’abord les insanités débitées par certains compatriotes expatriés comme Ousmane Tounkara et Assane Diouf et relayées par le net sur les tenants du pouvoir et sur certaines autorités religieuses et coutumières du pays. On a fait le dos rond si on ne s’en est pas rassasié comme pas possible en occultant le côté dégradant des actes posés.

Ensuite il y’a eu la dérive extraordinaire de la sœur peulhe. Penda Ba pour ne pas la nommer qui, dans un accès de schizophrénie passagère avait débité des insanités d’une puanteur extrême sur les wolofs. La secousse avait été très forte et beaucoup de réactions épidermiques ont mis à mal la cohésion nationale par des positions partisanes et plus ou moins belliqueuses entre nous et dans Nous.

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Sur ce point précis j’avais écrit un article intitulé « Affaire Penda Ba : nous sommes tous wolofs » qui avait été publié par les journaux de la place notamment Le quotidien du 21/9/2017. Et je disais à l’adresse de cette jeune compatriote qu’elle se trompe de colère et écrivais textuellement : « Que Penda ait insulté les wolofs, elle s’est insultée elle-même. Car qu’on le veuille ou non « nous sommes tous des wolofs » au Sénégal … Voyagez un peu dans la sou- région et à travers le monde . Dès que vous dites SENEGALAIS, la première phrase qu’on vous lancera pour ceux qui ont un peu connu le Sénégal c’est « Nanga def ? ou Gorgui».

On ne dira jamais « mbadone, ou abegnadi, ou kassoumaye, ou Naffiyo, ou Ibédi ou awoudiam » N’est- ce pas ? Et cela rend fier pourtant le toucouleur, le sérère, le mandingue, le diola , le soninké qui se voit reconnaître comme Sénégalais et donc Wolof. Qu’est- ce à dire ? Si ce n’est que le Sénégal malgré toute sa diversité ethnique avérée et assumée, est wolof. Parce que le wolof langue vernaculaire nationale a ceci de particulier qu’elle a fini d’envahir pacifiquement et d’occuper toutes les sphères de la communication dans notre pays. Il y’a trente-quarante ans, on se gargarisait d’être les plus « français d’Afrique » parce que Senghor avec sa francophilie chevillée au corps avait développé en nous le phrasé châtié que nous enviait tous nos voisins d’Afrique et même d’ailleurs. Aujourd’hui, il est patent de constater que le Wolof a fini de bousculer le français dans notre parler au point qu’il devient de plus en plus rare d’entendre parler français dans la rue au Sénégal . Wolof rek… ». Et j’ajoutais : « Il n’y a aucune honte à accepter d’être taxé de Wolof si on est Sénégalais car c’est la marque « distinctive » du Sénégal .» Fin de citation.

Une banalisation de l’injure et des insanités au Sénégal

Malheureusement il semble que la leçon n’a pas été retenue car on assiste de plus en plus à une banalisation de l’injure et des insanités à tout bout de champ dans la sphère des relations sociales de notre pays. On a eu Cissé Lo et son glossaire de bordées puantes qui n’a toujours pas fini de révulser les gens simples. Et qui donne à croire qu’on ne peut même plus avoir des relations civilisées entre Nous dans nos échanges, nos discussions, nos contradictions. Rien que des injures, des gros mots, des dénigrements, des scories et même des violences physiques avec agressions et autres. Si c’est cela la politique, Pauvre de Nous alors. Et dans cet exercice nauséabond de lanceurs d’excréments excelle une certaine catégorie de citoyens qu’on peut taxer de « chiens de garde » qui se plaisent à aboyer sur tout, de tout et contre tout. TERRIBLE !!!

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L’injure c’est comme un boomerang, elle retourne toujours au lanceur. Dès lors, pourquoi certains se croient obligés de se muer en Chiens de garde pour défendre la cause de leur préféré ? Sur ce chapitre, il faut déplorer et condamner avec la dernière énergie l’appel au meurtre ethnique lancé récemment par l’honorable député de Ranérou. Une dérive inacceptable d’autant plus condamnable que l’auteur malgré tout le tollé soulevé par ses propos, «reste droit dans ses bottes» pour parler comme l’autre des Oryx, n’exprime aucun regret et dit assumer ses dires. « C’est un scandale » se serait écrié avec force feu Georges Marchais ancien SG du PC français. La coupe est pleine. Vraiment.. Toute cette débauche d’énergie xénophobe a été rendue possible après les salves « nationalistes » lancées par un chroniqueur de la place titillant la supposée double nationalité d’un magistrat. Non seulement l’allusion est perfide mais elle est surtout révélatrice des velléités dormantes des adeptes de l’exclusion sénégalaise qui n’attendraient que l’étincelle pour mettre le pays à feu et à sang. Dieu nous en garde.

Mais que les apprentis pyromanes sachent qu’ils seront toujours les premiers à être dévorés par les flammes des incendies qu’ils auront contribué à allumer. Dans la même chronique qu’on voudrait didactique et alarmiste, l’auteur se pose la question de la double loyauté. En réponse, il pourrait lui être retorqué que la double loyauté fait partie de l’humaine personne. Car on l’oublie souvent mais à la naissance nous avons un papa et une Maman à qui nous devons obéissance et respect. N’est ce pas une forme de double loyauté ? Mieux encore, pour Nous les musulmans, Dieu lui-même dans Toute Sa Magnificence et par Amour pour son Prophète Mouhamed (Allayhi salam) n’a-t-il pas autorisé qu’Il soit toujours cité après lui, l’omniscient, dans toutes les formes d’allégeance et dans toutes les prières à Lui, adressées. C’est pourquoi on dit toujours par DIEU et par son Prophète Sallalahou Aleyhi wa salam.

Pour dire simplement que la double loyauté existe bel et bien et n’entame en rien l’engagement d’une personne pour une cause. Dans la vie des hommes, la nationalité d’origine n’est pas déterminante, c’est la nationalité finale qui est importante. Et sous ce rapport, les exemples « d’étrangers » devenus des nationalistes et des fiertés de leur pays d’accueil sont foison à travers le monde. Pour rester dans l’allusion perfide aux patronymes qu’on voudrait sénégalais de souche, N’est-ce pas qu’un Ndaw est devenu président du Mali ? A côté d’un DIAW autre Homme Fort du pays ? Un Fall n’a-t-il pas été premier ministre de Guinée.

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Un Thiam Ministre ivoirien, un Mbaye Ministre centrafricain, une Yade ministre française ? Et tant d’autres qu’il serait fastidieux de citer ici et sans que personne n’y trouve à redire ? Il aura fallu que ce soit au Sénégal, pays le plus multicolore d’Afrique et dont les fils rayonnent partout dans le monde sous d’autres nationalités, qu’on relève de telles inepties sur la Nationalité qui ne sont que des insultes à l’intelligence des sénégalais. La volonté de détruite un adversaire ne doit pas pousser à aller fouiner jusque dans les tréfonds des caniveaux pour sortir des arguties qui masquent mal une xénophobie rampante.

La gymnastique sémantique n’avait pour but que d’édulcorer l’allusion explicite à la nationalité d’origine du juge pour réveiller les bas instincts des nostalgiques de « l’ivoirité » ou de la radio des mille collines de Kigali. Cela a d’ailleurs commencé à donner des idées mortifères à notre député cité supra qui n’a pas hésité à appeler à sortir les coupe- coupes et autres armes pour trucider tous les anti 3ème mandat. Pour dire simplement que l’Heure est Grave. Très grave dans notre pays. On attendait beaucoup mieux de quelqu’un qui se targue d’être africain dans l’âme jusqu’à faire cas de l’origine guinéenne de son épouse. La première ou la deuxième ? Car il semble que Monsieur soit bigame. Passons. C’est un jeu dangereux, très dangereux qu’il aurait mieux valu ne jamais essayer de jouer car porteur de malheurs rek pour tous. La sensibilité de tout ce qui touche à l’Ethnie, à la Religion et à … la Nationalité est telle qu’il importe de toujours bien mesurer la portée de tout acte tendant à spéculer sur ces domaines assez particuliers au risque d’embraser tout un pays qui n’aspire qu’à la paix et à…l’émergence pour ses fils, tous ses fils. On ne le dira jamais assez, ce pays nous appartient à tous. Ceux qui y sont nés et qui y vivent. Ceux qui y sont venus et y sont restés pour y vivre. Nous sommes tous d’égale dignité d’être des sénégalais. N’en déplaise aux cassandres adeptes de « pureté ethnique» et autres. Dans ce Sénégal à Nous tous, Nous vivrons Tous en frères ou nous mourrons tous en idiots pour paraphraser Luther King. Qu’on se le tienne pour dit. Dieu nous garde, garde le Sénégal et garde l’Afrique.







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