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Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

Panser Et Penser Nos Plaies

Le jeûne du mois de ramadan fait partie, comme tout le monde le sait, des cinq piliers de l’Islam. Et le Sénégal étant un pays à majorité musulmane, cela va de soi donc que les sénégalais en grande partie ne peuvent pas se soustraire à cette règle religieuse. Mais cette année, elle survient dans un contexte marqué par une crise sociale sans précèdent dans le pays.

Au-delà de la souffrance liée à la pandémie de la Covid-19 qui a mis notre économie à terre mais qui n’est pas une spécificité sénégalaise, il y a eu ces violences du mois de mars qui ont émaillé le pays. Les cœurs sont lourds, la nation au bord de la division, de l’implosion avec des débats aux relents identitaires inédits. C’est pourquoi ce mois d’abstinence et de répit dans nos habitudes vient à son heure. Le besoin se faisait sentir.

Désignant en effet le neuvième mois du calendrier musulman, la racine du mot ramadan veut dire en arabe brûler, consumer. Certainement les péchés, les impuretés et les scories qui sont en nous durant cette période. Mais au Sénégal, force est de dire que ces quatre semaines devront brûler beaucoup plus. Elles devront consumer les mauvaises humeurs, les colères des citoyens de tous bords. La question n’est plus de savoir qui a tort ou qui a raison. Ce mois est un appel à la prière, au dialogue intérieur, à la négation constructive.

L’Islam, les autres religions révélées, les traditions bouddhistes et même certains philosophes comme Nietzche qui a beaucoup écrit sur la notion de souffrance, trouvent que l’épreuve est un don. Ainsi le Sénégal et partant les sénégalais doivent, à travers ces violences inouïes, saisir cette occasion offerte pour se remettre en question.

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Faire de ces épreuves, comme le dit Pr Tariq Ramadan, qui sont à la fois physiques, psychologiques et existentielles l’initiation à réformer nos manières de faire, à les questionner. Si on souffre, c’est qu’une porte s’ouvre à l’intérieur et il faut y aller. Il faut entrer. Pour l’auteur de Mon Intime Conviction, la souffrance, c’est la porte d’entrée de la conscience vers le cœur. C’est la porte d’entrée de la conscience vers la foi, la porte d’entrée de la conscience vers l’être. Non pas pour chercher la culpabilité mais l’humanité.

L’espérance de l’émancipation, de l’édification, du dépassement. Même si elle ne signifie pas lâcheté, résignation, incapacité de résister, hypocrisie, la paix, plus que le gaz et le pétrole, est sans conteste notre ressource la plus précieuse, la plus utile mais aussi la plus fragile si on n’y prend garde. Donc tous ceux qui aspirent à diriger ce pays ou qui le servent déjà, doivent veiller à cette valeur qui a fait de cette nation une exception, un havre de bienveillance, une oasis de bonne humeur. Il urge de se départir de tout excès.

L’abstinence pendant le mois de ramadan n’est pas simplement liée à la consommation alimentaire. Au Sénégal on a tendance maintenant à consommer jusqu’à la démesure du parti pris, de la liberté d’expression, de la mauvaise foi, de l’indifférence et même du patriotisme. On fait l’éloge de beaucoup de choses dans ce pays sans prendre le recul nécessaire pour les disséquer.

Alors vivons pleinement ces quelques jours d’une intense spiritualité, loin du brouhaha des réseaux sociaux et des polémiques futiles, pour se purifier sur le plan gastronomique, mais aussi pour panser et penser nos plaies. En silence …

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