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Non, Un Chef D’etat Ne Peut Réduire Son Opposition à Sa Plus Simple Expression ! (biguine Gueye)

Non, Un Chef D’etat Ne Peut Réduire Son Opposition à Sa Plus Simple Expression ! (biguine Gueye)

C’est devenu une lapalissade. Et notre presse semble inconsciemment avoir été embarquée dans l’usage à outrance de ce groupe de mots : « réduire l’opposition à sa plus simple expression ». Bon sang ne sommes nous pas dans un état de droit où les institutions fonctionnent normalement, où les trois pouvoirs respirent comme partout dans les démocraties ? Deux pistes ont tout le temps poussé les uns et les autres à soutenir que Macky Sall est champion dans l’art de neutraliser ses pourfendeurs les plus féroces. 
La première selon une certaine presse surtout, veut faire croire à l’opinion que l’actuel président de la République négocie dans l’ombre et finit très souvent à enrôler à la surprise générale beaucoup de ses plus farouches opposants. Quoi de plus normal s’il reste admis qu’il est élémentaire qu’après la conquête du pouvoir, tout prince se voit tenté de le conserver le plus longtemps possible ? Ratisser large, c’est l’exercice auquel s’est toujours prêté le leader de l’APR et de Benno Bokk Yaakar. Une telle attitude est-elle devenu un crime sous nos cieux ? 
Mieux, lorsque de grands noms naguère en déphasage avec la politique de l’actuel gouvernement revoient leur copie. Après bien entendu avoir été convaincus des prouesses du chef de l’État dans la mise en œuvre des politiques publiques, décident de venir à ses côtés pour contribuer à l’effort de guerre et aux efforts d’émergence, on nous inonde de titres comme « le président réduit l’opposition à sa plus simple expression », cela pose problème. En effet, en politique les mouvements sont un gage absolu d’expression des libertés, des choix!
 L’activité politique ne saurait faire office de dogme, de religion, c’est à la fois et d’abord une passion, avant d’être un sacerdoce qui interpelle les esprits sereins. Que le président ait déclaré qu’il va réduire l’opposition à sa plus simple expression est une chose! Que cette opposition en toute liberté consente à lui venir en appoint pour la construction nationale en est une autre. En conséquence, observons avec sérénité autour de nous et tout deviendra clair sous nos yeux. L’autre revers de cette médaille du « réduire l’opposition à sa plus simple expression » est celle consistant à faire croire à l’opinion que le régime du président Sall bâillonne ou intimide son opposition par le biais de la justice. 
Pour dit-on, soit avoir dans son escarcelle les plus radicaux, soit les faire aller en prison s’ils arrivaient à refuser d’obtempérer. Un tel argument est à la fois léger et infondé. En réalité tous les opposants qui ont eu mailles à partir avec la justice sous l’actuel chef de l’État ont été épinglés pour divers manquements. Nul besoin d’une quelconque piqûre de rappel concernant la jurisprudence Khalifa Sall ou encore Karim Wade. L’affaire la plus récente étant celle dite « Adj Sarr/Ousmane Sonko », une affaire privée où tous les spécialistes honnêtes du droit public affirment que seul un procès pourra édifier l’opinion. 
Encore que de jour en jour, la thèse du complot brandie depuis le début par l’autre camp fond comme beurre au soleil. N’eût été cette histoire de massage qui a abouti sur la table des gendarmes de la section de recherches, le jeune et intéressant opposant Ousmane Sonko ne serait jamais réduit. Si réduction il y a le concernant, il se sera réduit de lui-même et par lui-même. Qu’on arrête enfin de transformer ce terme en panier, il est trop plein, qu’on cesse d’en faire un fond d’argumentaire, un fourre tout. « Réduire son à sa plus simple expression » est aveuglément et sur-usité dans l’actuel Sénégal. 
Et la presse n’est pas exempt de reproche dans la promotion de cette terminologie creuse, insensée et totalement fade. Nous sommes franchement à plusieurs années lumières du parti unique ! Déjà en 1974, le pluralisme politique était une solide réalité chez nous. Que ceux qui s’opposent le fassent et que ceux qui gouvernent s’y mettent. Il existe des sujets beaucoup plus prégnants et de très loin plus urgents que celui-ci au regard de tous les défis qui interpellent le monde, particulièrement l’Afrique et le Sénégal de nos jours ! À ce propos et cela va conclure notre propos, Oscar Wilde avait bien raison d’écrire :  » Nous devrions garder la couleur de la vie, mais ne jamais nous souvenir des détails. Les détails sont toujours vulgaires. » Alors avançons, chers compatriotes !
Mamadou Biguine Gueye

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