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Immersion

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A question simple, réponse d’évidence. L’eau détermine toute vie sur terre. Qu’elle soit abondante ou rare, la ressource suscite appétit et convoitises ou engendre des colères homériques suivant les calamités infligées aux hommes. Ici ou là qualité et quantité d’eau suffisantes, ailleurs déficit chronique d’approvisionnement et assainissement déliquescent.

D’insoutenables scènes s’observent autour des points d’eau : robinets, bornes fontaines, puits, rivières, lacs, marigots, affluents et fleuves se transforment partout en foire d’empoigne avec pour protagonistes des populations qui vivent un quotidien toujours plus aléatoire, plus incertain, en un mot plus chaotique. Une eau saumâtre, médiocre en définitive, constitue le lot de plus de deux milliards d’êtres humains vivant sur une planète pourtant submergée d’eaux de surface et imbibée de ressources hydriques souterraines.

Donc le monde regorge d’eau. Tous les experts s’accordent pour l’affirmer, preuve à l’appui. Ce même monde vit dans l’angoisse partagé entre catastrophes naturelles et dérèglement climatique dont les premiers effets se font nettement sentir à une vaste échelle. Des pluies diluviennes engloutissent des champs et des habitations dans une partie de l’hémisphère. Dans l’autre, la sécheresse le dispute aux hausses de températures, occasionnant le plus souvent d’impressionnants feux de brousses qui ravagent tout sur leur passage.

S’en suit une désolante déforestation. Laquelle prive l’espace considéré de précipitations, ce qui entraîne un appauvrissement des sols impropres à l’agriculture. La question que chacun doit se poser en priorité est : ce monde est-il moins vivable que les époques précédentes ? Les examens attestent que « les guerres du 21ème siècle auront l’eau pour enjeu. »

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Des risques majeurs, tant humains que naturels, jalonnent le futur exposé à des crises d’ampleur. La population mondiale croît assez vite. Tandis que la demande en eau douce augmente pulvérise des records. Plus que jamais en ces circonstances, la pédagogie doit l’emporter sur la démagogie pour inverser le rapport à l’eau. Jusqu’ici l’usage abusif a caractérisé le mode de consommation de la ressource disponible déjà très convoitée.

Au regard des contraintes, l’accès à l’eau s’avère difficile et inégal dans bien des régions du monde. C’est particulièrement vrai en Afrique. D’innombrables cours d’eau arrosent le continent très peu outillé en revanche pour en jouir. Pire, au Tchad, au Mali et au Soudan, de mythiques lacs disparaissent à vue d’œil. Conséquences : éleveurs, pasteurs, agriculteurs, se déplacent vers d’autres aires moins hostiles. La pression sur les terres neuves ne va pas sans heurts. Ceux-ci aboutissent le plus souvent à des conflits préjudiciables à l’harmonie censée régner entre des acteurs ruraux condamnés à vivre ensemble.

Entre les attentes des uns et les exigences des autres, les équilibres précaires, une fois rompus, provoquent des tensions qui désarticulent le tissus social. A ces conflits viennent se greffer des crispations identitaires véhiculées par des citoyens peu regardant sur les vrais socles de société.

Près de 25 ans après Marakech, le Forum mondial de l’eau renoue avec l’Afrique en faisant converger à Dakar plus de quatre mille experts, spécialistes, dirigeants, chefs d’entreprises, conviés à réfléchir sur de nouvelles problématiques liées à l’eau en présence de Chefs d’Etat et de représentants des grandes institutions multilatérales.

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Le thème : « la sécurité de l’eau pour la paix et le développement » renseigne sur le niveau de préoccupation touchant à la raréfaction de la ressource hydrique qui fait face à une forte pression démographique et à des activités industrielles polluantes. La rencontre de Dakar sonne l’alerte et invoque l’hydro-diplomatie comme un levier approprié de gouvernance des bassins mis en valeur à travers des projets structurants d’intégration avec une propension à plus de protection des cours d’eau frontaliers.

En ouvrant le Forum, le président sénégalais Macky Sall a invité la communauté internationale à « prêter attention aux questions liées à l’eau. » Les enjeux sont globaux, dira-t-il, soulignant qu’avec ses 30 millions de Km2 de superficie, l’Afrique constitue la 8ème économie mondiale. D’où son vœu d’un élargissement du G20 au continent africain, une puissance en devenir. Le déclic viendrait-il de cette dynamique qui s’observe à Dakar, se demande Loïc Fauchon, Président du Conseil Mondial de l’eau. Selon lui l’eau rassemble et ne divise pas. Il privilégie des actions concertées pour cerner « l’eau de demain grâce à l’eau d’aujourd’hui. »

Face aux périls et aux paradoxes que charrie l’eau, le patron du CME suggère de « presser le pas et de forcer l’allure » afin de réinventer de nouveaux usages conforment au droit à l’eau « opposable au tiers. » Certes nul n’est propriétaire de l’eau (en amont et en aval) des sources, mais de nouvelles règles plus formelles doivent être établies pour instaurer une paix durable des rives entre des peuples d’eau et empêcher que des prétentions pernicieuses ne vicient l’atmosphère.

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Des organisations d’intégration, à l’image de l’OMVS et de l’OMVG, pour la mise en valeur respective des fleuves Sénégal et Gambie, ont vocation à incarner le traitement bienveillant de la ressource et son utilisation rationnelle de nature à la préserver durablement. De notables progrès sont enregistrés. Mais il reste beaucoup à faire.

Toute personne a droit à l’eau. Voilà une affirmation forte soutenue par les participants qui y voient le principe énoncé d’une gouvernance mondiale de l’eau à travers toutes ses déclinaisons dans les cours et les bassins. Ainsi, donner une force juridique aux cadres d’intégration constitue un net progrès sans jouer toutefois à gribouille.

L’Afrique existe grâce à l’image qu’elle projette dans le monde. A-t-elle les moyens d’apaiser les angoisses et de se relancer ? Les pays, comme les hommes, sont, après tout, façonnés par le regard des autres. Grâce à ses atouts hydriques, l’Afrique pourrait peser sur les débats futurs centrés sur les besoins en eau qui se font jour.

L’or bleu va-t-il supplanter l’or noir dont l’âge d’or se conjugue au passé avec l’essor des énergies vertes ?







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