La saison 2000-2002 a été exceptionnelle pour le Sénégal car marquée par la qualification historique à la Coupe du Monde Corée-Japon et l’épopée de Mali 2002. Ces événements ont polarisé l’attention des médias et de l’opinion publique sénégalaise et consacré, en conséquence, l’essentiel des activités en matière de communication de la Fédération sénégalaise de football.
Parmi les acteurs qui contribuent à la bonne marche du football sénégalais, les journalistes jouent un rôle fondamental. Eux qui servent d’interface ou de relais, entre les pratiquants, le grand public et les autres acteurs. Ce rôle est très exigeant lors des compétitions nationales et prend encore une dimension plus forte lors des grands événements internationaux qui suscitent beaucoup d’engouement et un grand impact médiatique. A ce propos, la Can est l’événement phare sur le continent, et il a fallu porter une attention particulière à la presse sénégalaise et internationale. L’expérience a été enrichissante et capitalisée par la Fédération pour les expéditions suivantes.
La communication pour susciter l’engouement
A Bamako, avec la délégation sénégalaise logée à l’Hôtel Mirabeau, nous avons dû mettre en place un dispositif approprié afin de mieux répondre aux exigences de communication liées aux facteurs suivant :
– Engouement extraordinaire suscité par le Sénégal désigné meilleure équipe africaine de l’année par la Fifa et la Caf.
– Une équipe entièrement constituée de professionnels (19 sur les 22 évoluent en D1 française) et qui allait jouer le match d’ouverture de la Coupe du Monde avec la France. Les Lions intéressaient particulièrement les médias occidentaux, surtout français.
– La proximité de l’événement avec le Sénégal qui a permis le déplacement d’un grand nombre de journalistes sénégalais, plus de 75 selon l’Anps.
Les modes de communication
Il était indispensable, tout en étant ouvert et accessible à la presse, d’éviter que les contacts avec les journalistes ne perturbent l’équipe dans sa préparation et sa concentration durant la compétition. En accord avec le Président El Hadj Malick Sy «Souris» et l’encadrement technique, des dispositions particulières avaient été prises afin que la communication soit bien gérée à Bamako. Cela s’est essentiellement traduit de la manière suivante :
Communiqués de presse : le Sénégal a été le seul pays à publier des communiqués de presse pour informer les journalistes sur les moments pendant lesquels l’équipe sera à leur disposition pour des interviews, à l’entraînement ou à l’hôtel. Six communiqués de presse ont été ainsi publiés correspondant au nombre de matches joués par l’équipe.
Rencontres avec la presse : systématiquement avant chaque match, une rencontre avec la presse nationale et internationale avait lieu le jour précédent les matches à l’hôtel Mirabeau, autour de la piscine. L’entraîneur national, quatre joueurs sélectionnés au moins, le médecin de l’équipe, etc., y participaient. Après le match, la presse avait aussi l’occasion de venir recueillir les impressions des joueurs et de l’encadrement à l’Hôtel Mirabeau.
Organisation d’interviews particulières: pour les journalistes désirant des rencontres avec les joueurs afin de réaliser de grandes interviews ou des papiers magazine, des rencontres étaient programmées. Elles se faisaient avec l’accord préalable du joueur et en tenant compte du programme global de l’équipe afin d’éviter les perturbations. J’assistai souvent les joueurs dans cet exercice quelquefois délicat.
Interviews au stade : après les matches, l’entraîneur national et les joueurs choisis par les responsables de presse de la Caf pour rencontrer les journalistes dans la zone mixte du stade étaient aussi assistés durant cet exercice médiatique.
Brochure de présentation du Sénégal : avec l’appui de Pamodzi, une brochure de 16 pages en quadrichromie a été réalisée avec un tirage de 3000 exemplaires. Distribué à Bamako, il a permis de faire la promotion des «Lions», du football sénégalais et du pays. Le Sénégal a été le seul pays sur les 16 présents au Mali à produire un tel document. Il a d’ailleurs été impossible de satisfaire toutes les demandes.
La censure «positive»
Censure «positive» : Par différents canaux, les journaux sénégalais parvenaient à la délégation. Il a fallu régulièrement les parcourir pour éviter de mettre à la disposition des joueurs ceux qui contenaient des articles pouvant avoir des conséquences psychologiques négatives ou contribuer à empoisonner les relations des joueurs avec les journalistes. Ex : certains articles relatifs à la sortie des joueurs après Sénégal-Egypte ou au débat suscité à Dakar par les déclarations de Mawade Wade. Par ailleurs, au lendemain de la publication à Dakar d’articles relatifs à la sortie des «Lions» après Sénégal-Egypte, j’ai demandé aux joueurs de ne pas s’expliquer sur la question pour éviter tout dérapage et des tensions avec les journalistes. Je me suis adressé à la presse pour dédramatiser la situation et ramener les choses à leurs justes proportions.
L’autre tâche du Chef de presse consistait à chercher quotidiennement sur internet, pour l’encadrement technique de l’équipe, des informations pouvant être utiles sur les adversaires des «Lions» et les articles sur l’équipe du Sénégal. Contacts suivis avec l’Anps : j’étais en permanence en contact avec l’Anps afin que les journalistes sénégalais soient en priorité informés sur le programme et les activités de la délégation sénégalaise. Le président de la Fédération et le ministre des Sports ont été d’ailleurs parmi les invités de l’Anps à la Maison de la presse sénégalaise. Dans l’ensemble, le Sénégal a géré d’une manière satisfaisante, selon les journalistes, ses relations médiatiques à Bamako. Cela n’a été possible qu’à partir de synergies développées au sein de la délégation avec l’encadrement technique, administratif, la sécurité, etc.
Les joueurs ont aussi, en dehors de quelques réticences -surtout le capitaine Aliou Cissé – rencontré régulièrement les journalistes et ainsi contribué à la réussite du dispositif mis en place. A ce propos, une mention spéciale pour Ferdinand Coly, Omar Daff, Sylvain Ndiaye et Amara Traoré qui ont été en permanence disponibles et fait preuve d’un grand professionnalisme dans la relation médiatique.
Le fait d’avoir vécu à Bamako dans un hôtel exclusivement réservé à l’équipe a aussi permis, avec l’appréciable concours du colonel Koné et des agents de la sécurité de bien maîtriser cet aspect essentiel de la compétition moderne qu’est l’ouverture aux médias.