La décision du président de la République d’abroger le décret convoquant le corps électoral le 25 février 2024 est la énième forfaiture de celui qui est considéré comme la clé de voûte des institutions. En réalité, après le wax waxeet sur la réduction de son premier mandat de 7 à 5 ans, les Sénégalais ne devraient plus accorder du crédit au désormais champion des iniques volte–faces politiciennes. Comme son prédécesseur Wade- qui soutenait sans vergogne que les promesses n’engagent que ceux qui y croient- l’actuel locataire du palais présidentiel a encore choisi une mauvaise porte d’entrée dans l’histoire en prétextant un simulacre de crise institutionnelle qui aurait frappé le Conseil constitutionnel. Pourtant, cette même institution, au nom de la Charte fondamentale, qui lui avait permis de trouver une porte dérobée pour qu’il revienne sur sa parole donnée « j’ai pris l’engagement de réduire mon mandat ». Hélas, il faut s’attendre au pire quand joue avec un faux-amoureux qui n’hésite à donner à ses prétendants un « baiser de Juda ».
Mais qui est le premier fossoyeur de République ?
L’actuel locataire du palais de la république se distingue par sa boulimie du pouvoir. Notre client affectionne l’arbitraire. Pour rappel, c’est celui qui, en sa qualité de ministre de l’intérieur, s’était permis de façon cavalière, de voter en présentant une carte d’électeur désuète. Du reste, il a été élu comme maire de commune. Il n’est pas donc à son premier coup d’essai. Il croit foncièrement à ce qu’écrit Rousseau dans Du contrat social : « le plus fort ne restera jamais fort tant qu’il ne transforme sans force en droit et l’obéissance en devoir ». Mais je dois ajouter que nul n’est tenu d’obéir à une loi arbitraire. L’heure de la désobéissance a sonné parce que le contrat social a été rompu par celui qui devait en être le premier garant qui, en se drapant des habits de Prudhomme dans sa conquête des suffrages des Sénégalais en 2012, a abusé d’honnêtes citoyens imbus de valeurs démocratiques et républicaines.
Chers députés, je vous invite solennellement à placer au-dessus de tout l’intérêt du peuple pour lequel et par lequel vous avez été élus !
Chers compatriotes, chers citoyens d’ici et de la diaspora, il faut arrêter les fossoyeurs de la République.
En effet, arrêter les fossoyeurs, c’est sauver la République. Sauver la République, c’est la préserver contre ceux qui ont capturé l’État en développant des stratégies funestes de prédation et de patrimonialisation des ressources et de personnalisation du pouvoir.
Il n’existe pas de destin forclos chers compatriotes.
Restons debout pour arrêter le « roi nu » et sauver la République !
Dr. El Hadji Malick Sy Camara est sociologue, FLSH